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Dans le hameau médiéval de Guzmán (en Castille, 80 habitants), l'on se réunit depuis des siècles dans la « Chambre à récits », une pièce étroite, creusée dans le calcaire, où se partagent les histoires et le vin du pays. Si Michael Paterniti débarque un jour dans ce village, avec sa petite famille, c'est parce qu'on y pro- duit un fromage de légende : le Páramo de Guzmán, qui est paraît-il le meilleur et le plus cher au monde.
Il va y rencontrer le maître-artisan en personne, un génie volubile et magnétique, un homme au coeur brisé qui se nomme Ambrosio. Ce que Paterniti découvre à Guzmán ne ressemble en rien à la fable idyllique, au petit conte pour amateurs de slow food qu'il s'était imaginé.
Ragots, jalousies, passions terrifiantes, le village révèle peu à peu tous ses secrets (hormis celui de son fromage) et l'auteur se retrouve embarqué dans les intrigues, impliqué même. Et puisqu'il est bientôt question de préparatifs d'un assassinat.
La chambre à récits, c'est avant tout une leçon d'apprentissage : on y parle du démon de l'industrialisation, de respect, de traditions, d'amour, mais aussi de trahison. On nous parle de faux héros, de points de vue divergeant et d'histoire qui donne la chaire de poule.
Michael Paterniti nous conte un bout de sa vie, une quête qui le ronge depuis sa jeunesse, une histoire de fromage prometteur et au dessus de ses moyens. Au final, c'est sur près de 30 ans que le récit se dévoile et révèle quelque chose de beaucoup plus vaste que du simple lait caillé espagnol hors de prix.
Tout d'abord, le lieu : le village perdu de Guzmàn. Michael Paterniti parle de ce dernier comme d'un pingouin en voix d'extinction, dans un monde si rapide et bruyant que le silence est un luxe. Ici, les gens on le temps. le temps de faire leur propre vin, de réaliser des recettes de six heures, d'écouter les animaux et le blé, les vignes et le ciel. Ils rejettent l'éclairage publique, les magasins et le jambon sous cellophane. le temps et les opinions y sont figés, dû au respect de codes ancestraux.
Puis la rencontre : Ambrosio, personnage massif et haut en couleur, véritable conteur. Il prône sa philosophie de vie à qui veut l'entendre : bien manger, et bien cagar (chier), voilà la vraie recette pour être heureux !
Son histoire, narrait soir après soir dans cette chambre à récits autour d'un porrón bien rempli, divinise ce grand gaillard sympathique. Une amitié se crée entre leurs deux familles… puis avec tout le village !
Le sortilège du conteur s'ancre dans l'imagination de Michael Paterniti et recouvre de feuille d'or chaque faits rapportés. Et c'est bien là, je pense, la plus intéressante des leçons à tirer de ce livre : les multiples histoires du Cid (tantôt preux, tantôt malfrat), l'histoire du roi qui a eu le malheur d'être relaté par son ennemi etc.
« […] les histoires inexactes que nous avions entendues, d'innocentes erreurs qui contribuaient tout de même à transformer des gens comme les autres, mais pris dans des événements incontrôlables, en quasi-divinités, afin de nous présenter, nous, comme des justes, dans le large flux du temps et du sens. » nous souligne Michael Paterniti, une fois son esprit d'investigateur de nouveau en selle.
C'est un excellent livre du genre, qui nous plonge dans une Castille au fort tempérament ! Je le recommande chaleureusement !
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