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John Steinbeck, accompagné du photographe Capa, a parcouru la Russie, de Moscou en Géorgie par Stalingrad. Il a observé la vie quotidienne, en dehors de considération politique ou idéologique. Il a visité des fermes, des usines. Il s'est entretenu avec des fonctionnaires du régime et avec des hommes du peuple. Il a été reçu dans l'intimité des paysans ukrainiens. Il a rapporté ce récit d'une grande simplicité, tragique par la peinture des ruines de cauchemar que la guerre et la fureur allemande ont accumulées, émouvant par l'espoir de temps meilleurs qui anime tous les Russes. Non exempt d'humour, d'une grande sincérité et d'une observation exacte, ce livre permet de faire un beau voyage et apporte quelque lumière sur un monde obstinément fermé.
En 1947, John Steinbeck et Robert Capa ont fait un voyage en Russie à la rencontre de la population, pour un reportage dénué de critiques ou d’opinions politiques. Dans cette grande Russie d’après-guerre, gardée mystérieuse derrière son rideau de fer, ils vont témoigner au jour le jour de ce qu’ils y ont vu, vécu et ressenti. Ils y resteront 40 jours.
Au-delà de cette plume juste, vive, puissante et superbe de Steinbeck, ce que j’ai adoré c’est la place qu’il fait au lecteur auprès de lui. On est du voyage. Et j’ai aimé être avec eux pas à pas avec les 13 valises d’appareils photo de Capa qu’il fallait embarquer dans le couloir des cabines des vieux C-47.
Steinbeck nous fait vivre tous les aléas rencontrés pour leur permettre de voyager en Russie. Ils se sont déclarés écrivains et non journalistes auquel cas ils auraient été relégués dans un bureau de Moscou à recopier des articles de journaux. Ils réussirent à se faire parrainer par la Maison des écrivains ce qui leur a permis de se déplacer dans le pays avec un chaperon traducteur.
On est alors dans un pays meurtri par la guerre, en reconstruction certes mais avec les cicatrices des multiples bombardements et combats.
Il fallut attendre longtemps avant que Capa puisse avoir les autorisations de photographier. L’appareil photo était porteur de soupçons et d’inquiétude à la différence d’un stylo et un carnet de notes. Ce voyage a terriblement frustré Robert Capa souvent anxieux et chafouin, car il s’est souvent vu interdit de faire son travail de photographe et, je l’avoue, plus que Capa, c’est bien Steinbeck qui a rapporté toutes les images avec sa fabuleuse écriture. Néanmoins Robert Capa a produit 4000 photos dont seulement une centaine furent censurées par les services soviétiques lors de leur départ. L’ouvrage réédité dans son intégralité par Gallimard en 2022 sous forme de beau livre, offre 69 photos en noir et blanc. Elles sont parlantes en montrant simplement les villes, les paysages et les gens dans leur quotidien.
Leur première destination fut l’Ukraine et Kiev rasée par les bombes. Pourtant les gens, pieds nus à moissonner les blés dans les campagnes sont plutôt joyeux et très accueillants. On voit la population reconstruire murs et maisons. Ils séjourneront dans une ferme collective où une fête sera donnée en leur honneur bien que comme dans tout le pays la crainte de l’Amérique est palpable.
De retour à Moscou, puis Stalingrad où Capa n’a pas eu droit de photographier la fameuse usine des tracteurs où étaient construits les chars alors que les obus pleuvaient sur la ville, (lire ‘Vie et Destin’ de Vassili Grossman), ni même les activités industrielles et encore moins les prisonniers allemands chargés de reconstruire la ville. Seules des photos du marché et des gens dans la rue lui furent autorisées.
« Les prisonniers de guerre allemands étaient nombreux à Stalingrad et, comme à Kiev, la population ne les regardait pas. Ils portaient toujours leurs uniformes allemands, devenus des sortes de haillons. Ils marchaient péniblement le long des rues, en colonnes, pour aller au travail et en revenir, gardés d’ordinaire par un soldat. »
Ils rencontrèrent des habitants et sortirent avec les pêcheurs qui attrapent les gros esturgeons de la Volga.
Moscou puis la Géorgie où ils témoigneront de façon enthousiaste d’une région magnifique et des gens chaleureux et épicuriens. Ils visitèrent beaucoup de choses dont les vignes et les champs de ce fabuleux thé réputé dans le monde entier et bien sur la maison où est né Staline.
De retour à Moscou, ils font des rencontres dont celle de M. et Mme Louis Aragon invités pour les festivités du 800eme anniversaire de la ville de Moscou. La capitale est en effervescence. Les édifices décorés et enluminés. Les spectacles d’ouvriers au stade Dynamo montrent surtout des gymnastes et évènements sportifs. Ils iront à de nombreuses réceptions et presque chaque soir avant leur départ ils se sont rendus au Bolchoï assister aux ballets. Ils iront à Klin, visiter la maison de Tchaïkovski.
Les multiples conversations qui parcourent ce livre animent le texte de manière vivifiante.
L’écho de la guerre serre le cœur… Particulièrement le passage écrit et photographié en Ukraine meurtrie
par le barbarisme nazi…
« Eh bien, voilà. Ce livre raconte ce que nous étions allés chercher. Nous avons trouvé (…) que les Russes sont des individus, et, comme les autres individus, ils sont formidables. Ceux que nous avons rencontrés détestaient la guerre, ils désiraient ce que tout le monde désire : bien vivre, plus de confort, la sécurité et la paix.
Nous savons que ce journal ne plaira ni à la gauche ecclésiastique ni à la droite populaire. Celle-là dira qu’il est antirusse, celle-ci qu’il est prorusse. (...) Nous n’avons pas de conclusion à tirer, sinon que les Russes sont un peuple comme tous les autres peuples du monde. Il y a surement quelques brebis galeuses parmi eux, mais la majorité est composée de très braves gens. »
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