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Journal intime (Caro diario, 1993) est le film qui caractérise le mieux le cinéma de Nanni Moretti : fiction autobiographique, fable burlesque, comédie moraliste, film musical ; le cinéaste s'y met en scène sous les traits d'un personnage sillonnant sur sa vespa la capitale désertée et les îles éoliennes vestiges de la modernité, le temps d'un voyage estival au coeur de la cinéphilie et de la société italienne.
Film à sketches ou à épisodes, exercice cher au cinéma italien, Journal intime en propose toutefois une vision très personnelle : Moretti, d'étape en escale, nous en apprenant toujours un peu plus sur lui-même, jusqu'à l'épilogue rejoué de sa lutte contre la maladie marquant la fin d'un chapitre de sa vie et de son cinéma, le film (de fiction) suivant, Aprile (1998) - où Moretti devient père - en ouvrant inévitablement un nouveau.
Cet ouvrage, le premier en français sur le film, propose une analyse précise de tous les thèmes chers au cinéaste mais aussi des éléments constitutifs de son geste créateur.
L'historien et spécialiste du cinéma italien Jean Gili ouvre la réflexion en nous livrant les clés pour appréhender la dimension autofictionnelle du film ; Marguerite Vappereau s'intéresse aux conditions de production du film et nous replonge dans la contemporanéité de son tournage. Christel Taillibert et Pierre Eugène abordent tous deux la construction du récit, à travers la question des « pactes énonciatifs » et celle des régimes fictionnel et documentaire. Moretti-cinéaste a toujours mis en scène Moretti-acteur, n'hésitant pas à se montrer comme un corps performatif, ce qu'analyse Fabienne Costa. Dans Journal intime, Moretti fait aussi un travail de moraliste à la manière d'un candide, attaquant avec naïveté et clairvoyance les travers d'une société italienne en mutation, ce qu'examine Mathieu Rasoli. Quant à l'amour de Moretti pour le cinéma des autres, il est envisagé dans son aspect « gourmand » par Aurore Renaut. Camille Gendrault refait le parcours des premiers et derniers épisodes pour dévoiler l'image singulière et quotidienne de Rome que nous propose le cinéaste. Olivier Maillart passe le film au crible d'une grande question culturelle de la péninsule : la comédie à l'italienne. Antoine Gaudin l'analyse à l'aune de sa bande musicale. Enfin, Sébastien Le Pajolec s'intéresse à la réception française du film et nous montre comment Journal intime est un tournant dans la filmographie du cinéaste, participant de la construction du personnage Moretti.
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