Entrons dans ce grand mystère de la Providence divine et du mal à la suite du guide le plus sûr pour l'intelligence, Saint Thomas d'Aquin définit par l'Eglise comme le Docteur commun et dénommé par Jean-Paul II, l'Apôtre de la Vérité. Présentation du sujet par Saint Thomas lui-même : En effet ce n'est pas toujours aux bons que les bonnes choses arrivent et les mauvaises aux méchants, ni inversement les mauvaises aux bons et les bonnes aux méchants, mais indifféremment aux bons et aux méchants, les bonnes et les mauvaises. C'est donc cela qui impressionne surtout les coeurs des hommes pour leur faire penser que la divine providence ne gouverne pas les choses humaines; et les uns disent qu'elles arrivent par hasard à moins que n'interviennent quelque prévision ou conseil de la part des hommes; d'autres attribuent les événements à une fatalité céleste. Or une telle opinion cause un très grand tort aux hommes. Si en effet on nie la divine providence, ne subsisteront plus chez les hommes ni le respect pour Dieu ni la vraie crainte. N'importe qui peut mesurer à suffisance combien grandes seront et la désaffection pour la vertu et la propension au vice. Rien en effet ne retire les hommes du mal et les entraîne au bien comme la crainte amoureuse de Dieu. D'où chez ceux qui ont atteint à la sagesse sous le souffle divin afin d'en instruire les autres, le premier et principal souci fut d'enlever cette opinion du coeur des hommes. Et donc après la promulgation de la Loi et après les Prophètes vient en premier lieu le Livre de Job au nombre des hagiographies ou livres sapientiaux écrits sous l'inspiration divine pour l'enseignement des hommes. Toute son attention s'applique à montrer par des raisons probantes que la divine providence gouverne les choses humaines. A lire sans hâte l'Exposition sur Job, la sérénité de saint Thomas d'Aquin est frappante. Il fait abstraction des conjonctures temporelles et des opinions d'écoles. . Comme sa Somme contre les Gentils, l'Exposition sur Job est une oeuvre de sagesse et de contemplation. On y retrouve le même climat, les mêmes sérénité et profondeur dans l'expression de la vérité. La nouveauté est de rompre avec les méthodes courantes dans l'exégèse des textes sacrés, en expliquant sobrement le texte littéral. Dans sa conception de l'Écriture le sens littéral est le fondement du sens spirituel : saint Thomas a le souci de sa véritable signification. Il écarte toute explication et application spirituelle : presque mot à mot, d'une explication claire et objective, il ouvre l'intelligence d'un discours difficile ; il le fait avec une sagesse théologique et une maîtrise dignes de ses plus grandes oeuvres. Saint Thomas dans l'histoire de Job explore le problème métaphysique de la Providence ; la souffrance d'un juste, objet de la dispute, cerne le débat. Il présuppose un accord sur le gouvernement divin des choses. Le doute se pose pour les affaires humaines. Que les justes soient affligés sans cause contrarie l'idée de providence... Pour son interprétation ad litteram saint Thomas distingue : la sensibilité de Job, la discussion rationnelle avec ses amis, sa soumission à Dieu. Son explication, si conforme à la nature humaine, donne un sens nouveau à ce qui semblait inconciliable avec l'âme juste. On suit les étapes du juste affligé, de son bouleversement jusqu'à sa totale conversion ad Deum sans atteinte à son unité. Unité qui respecte les lois de la psychologie humaine et religieuse. Là est le secret de la satisfaction de l'esprit à la lecture de l'Exposition.
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