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Ce livre est publié à l'occasion de la première exposition de Jiang Dahaï à Paris, à l'invitation du musée national des Arts asiatiques Guimet. Né à Nankin en 1946, Jiang Dahaï (naturalisé Français depuis 1991) partage son temps entre Paris et Pékin. Formé successivement à l'Académie centrale des beaux-arts de Chine (Pékin) et à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, son oeuvre picturale s'affirme aujourd'hui comme l'une des plus achevées d'une génération durement éprouvée par la Révolution culturelle.
Renouvelant le dialogue fécond suscité par la rencontre, au siècle dernier, entre les traditions picturales française et chinoise entreprise par des artistes formés à Paris, comme Zao Wou Ki, Chu Teh Chun, ou avant eux Xu Beihong, les peintures de Jiang Dahaï, détachées du lyrisme gestuel de la calligraphie, livrent, dans une langue abstraite et minimale, une subtile et fascinante vision de paysages à la fois cosmiques et célestes. Faites d'une chorégraphie manuelle de légères gouttes de couleurs transparentes lancées par le pinceau sur la toile, sans contact avec elle, les peintures révèlent des modulations harmoniques infinies, à la fois immobiles et fluides, qui se déploient comme dans un ciel sans cesse renouvelé par la capture de la lumière.
« Le cas du peintre Jiang Dahaï n'est pas commun. Vivant essentiellement en Chine, mais de citoyenneté française, formé successivement à l'École centrale des beaux-arts de Pékin puis à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, l'artiste fait preuve d'une capacité d'ubiquité énigmatique et peu ordinaire. Son oeuvre en est la meilleure illustration, à la fois sibylline et reconnue, estimée et à part. Il n'est pas un exilé ou un expatrié temporaire, comme beaucoup au cours du siècle dernier, et encore moins une popstar d'aujourd'hui. Il navigue tout simplement à sa guise d'un monde à l'autre. Pas de recyclage ou d'instrumentalisation chez lui, à des fins de saveur inévitablement exotique, de la culture mère. Sa position est bien plus réflexive et dans une certaine mesure, secrète. Équilibrée, symétrique, elle se nourrit à égalité de l'antinomie de ses sources. Elle en fait surgir tout naturellement, et comme par enchantement, les parentés et les points de rencontre, dans une neutralité dont la retenue et la sobriété du style ne sont que la manifestation la plus visible. L'artiste s'inscrit dans la tradition du lettré volontairement relégué sur son territoire pour en révéler l'universalisme. De sorte que regarder sa peinture, c'est toucher aux interstices les plus subtils de la peinture chinoise classique aussi bien qu'aux avancées les plus épurées du modernisme occidental. » Henry-Claude Cousseau (préface)
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