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1936. quelque part dans le sud de la France, à Saint-Prudorgue exactement, un presque adolescent aperçoit, au milieu de la foule des collégiennes que ses compagnons et lui examinent attentivement, le visage de l'une d'entre elles. Georges Forié a alors douze ans - pas encore tout à fait l'âge de s'intéresser aux filles. Orphelin de père, fils d'institutrice, couvé par sa mère et sa soeur, il passe le plus clair de son temps avec d'autres internes, comme lui, dans un lycée aux règles strictes, au code rigoureux. Il faut y établir sa loi pour ne pas être brimé. C'est une forme d'apprentissage social à laquelle Georges se soumet, bon an mal an.
Les restrictions inhérentes à la province, cette monotonie qui pèse sur toute chose et sévit particulièrement dans le milieu confiné de l'internat, tout cela développe en Georges un contradictoire goût de la solitude, en même temps qu'un désir d'évasion, de liberté.
Les années passent, on change de classe et on retrouve les mêmes enjeux, les mêmes affrontements. L'âge de l'adolescence, ses tourments, les émois du corps qui s'éveille ouvrent à Georges et ses pairs de nouvelles perspectives. Bientôt ne compte plus dans leurs conversations que la sphère magique des femmes, symbolisée à Saint-Prudorgue par le collège des filles. Parmi les plus délurées, on parle beaucoup d'une certaine Christine Deurice. Georges retrouve en elle le visage contemplé presque par hasard deux ans plus tôt.
Il tombe fou amoureux de cette belle adolescente au sujet de laquelle courent les bruits les plus divers. C'est l'amour de loin, le pur agapè nourri de rares apparitions... jusqu'au jour où les jeunes gens se rencontrent. Une ardente idylle se développe entre eux, que leurs brefs rendez-vous clandestins, exaspérés par l'interdit du désir, rendent à la fois douloureuse et belle... Les séparations dues au début de la guerre ne sont pas les moins arbitraires. L'hostilité des mères respectives n'est pas là pour arranger les choses. Alarmée par la teneur des lettres qu'elle intercepte entre sa fille et Georges, Mme Deurice condamne cette relation - pour la tolérer, deux ans plus tard, peut-être par faiblesse ou esprit romanesque. La jeune fille, atteinte d'un mal que la médecine n'arrive pas à définir et Georges à comprendre, s'affaiblit sous le surmenage des études, tout en rêvant de se marier avec l'élu de son coeur. Mais pour Georges - est-ce trop d'attente, trop de frustration ? - la magie n'opère plus. Résolu à oublier Christine, déçu par les études, en révolte contre son milieu et son époque, il veut quitter le pays et c'est alors qu'il se fait stupidement tuer par une patrouille allemande.
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