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Jean Baudrillard ; utopie 68 et la fonction utopique

Couverture du livre « Jean Baudrillard ; utopie 68 et la fonction utopique » de Jean-Louis Violeau aux éditions Sens Et Tonka
Résumé:

1. - Enfants des années 1980 et nostalgiques des années 1960, s'il fallait retenir trois événements qu'aurait permis Mai-68 et qui auraient réciproquement permis Mai-68, sans hésiter : la prise de parole, si bien restituée par Michel de Certeau pour tous ceux qui n'auront pas vécu Mai : les... Voir plus

1. - Enfants des années 1980 et nostalgiques des années 1960, s'il fallait retenir trois événements qu'aurait permis Mai-68 et qui auraient réciproquement permis Mai-68, sans hésiter : la prise de parole, si bien restituée par Michel de Certeau pour tous ceux qui n'auront pas vécu Mai : les rencontres hors des temporalités atomisées de la vie quotidienne et le retour de l'Utopie.
Les humains ont la capacité de faire : ils font l'histoire. «Du possible, sinon j'étouffe ! », écrivaient Gilles Deleuze et Félix Guattari en reprenant Kierkegaard, dans un texte, «Mai-68 n'a pas eu lieu ». Mai-68 comme un «phénomène de voyance», voir autant l'intolérable que la possibilité de son dépassement : « le possible ne préexiste pas, il est créé par l'événement. C'est une question de vie.
L'événement crée une nouvelle existence. Il produit une nouvelle subjectivité. » Ce qui donne à l'Utopie sa force paradoxale, c'est le fait que les hommes s'attachent à leurs rêves et souhaitent en général leur réalisation. En ce sens, l'Utopie est essentiellement politique et le futur demeure traditionnellement l'horizon temporel de la critique. De fait, sans le contrepoint de l'Utopie, au nom de quoi, et pour quoi, critiquerions-nous?
2. - Baudrillard penseur de 68? Sans hésiter, probablement le sociologue qui sera le plus longtemps et le plus fréquemment revenu encore et encore sur les «événements». Un lien avec le rapport particulier qu'il entretenait avec la notion d'événement. Évident, mais pas seulement. Probablement aura-t-il depuis 68 toujours cherché à comprendre comment et pourquoi l'aliénation avait-elle changé de lieu.
Utopie ne s'écrit pas au futur, est le titre d'une affiche-article publiée par la revue éponyme. Pas au futur. Et pourquoi donc? Parce que l'on avait, d'une certaine manière, déjà fait son deuil du lendemain dans Utopie ? Depuis longtemps désormais, Jean Baudrillard, le premier, pense volontiers au surlendemain plutôt qu'au lendemain. Obsolescence générale, au-delà de la fin, mots-clés d'Utopie. Franchir le pas du lendemain répondrait-il à un surcroît de lucidité ?
Un franchissement plutôt qu'une résolution dialectique des contradictions, vers un au-delà de la barrière du temps, voir les choses d'après la fin. Une radicalisation de l'Utopie plutôt qu'un renouvellement de l'Utopie. Si l'Histoire tout à coup prenait fin, ou en tout cas abordait une extrémité stagnante, le sursaut serait-il envisageable ? Épuisement des fins, surabondance des moyens, absence de contradictions, social-mondialisation dépressive, « en-temps-réel », actualisation sans passé ni futur, performance permanente. Saturation ? Liquidation.
La réversion critique. Un seuil critique, un sursaut qui serait alors autre chose que de l'Histoire, une nouvelle filière d'événements, des événements hérétiques, subversions du jeu et de la règle du jeu plutôt que « révolutions », plus de discours de prévisibilité, de prospective, encore moins de vérité, pas d'échéance probable, un futur incertain, c'était ça la revue Utopie.
3. - CQFD? Regardez autour de vous le sans-futur, le non-critique, la disparition des songes, des rêves, de l'utopie, donc du politique.

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