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« Nous étions deux piliers de guingois qui, dès lors qu'on les appuierait l'un contre l'autre, auraient plus de stabilité qu'un seul pilier à la verticale. Tout irait bien tant que nous resterions ensemble. » Leo vit avec son petit ami Simon depuis dix ans. Lié par une enfance troublée, le couple vit parfaitement heureux. Jusqu'à ce que tout change : Simon rentre chez eux au milieu de la nuit et Leo ne le reconnaît plus, ni dans ses gestes, ni dans ses mots. Lentement, l'existence méticuleusement construite de Leo s'effondre, jusqu'à mettre sa vie en danger...
Après le très remarqué "Débâcle", Lize Spit revient avec une troublante histoire de dévotion et de trahison en forme de thriller haletant.
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Lize Spit nous propose un deuxième roman haletant, passionnant. Durant 510 pages - qui se lisent très rapidement - nous allons vivre un compte à rebours de 11 minutes.
En effet, le décor est planté tout au départ, comparé à un scénario, Lize Spit nous donne, je cite :
"Un personnage absorbé par sa tâche, ignorant le malheur qui va s'abattre sur lui : il ne faut pas plus pour faire monter le suspense, c'est l'un des tout premiers principes d'écritures qu'on nous ait appris à l'école du cinéma..."
C'est un véritable scénario de film, la tension s'amplifiera au fil du récit.
Léo travaille dans une boutique pour femmes enceintes, rue Dansaert à Bruxelles, avec sa collègue et amie Lotte qui vient d'avoir une petite fille Léontine.
Elle vit depuis 11 ans avec Simon, graphiste chez Think Out Loud. Il y travaille avec son ami Koen, le mari de Lotte.
Léo et Simon sont un couple fusionnel, ils ont tous les deux perdus leurs parents trop tôt.
Au tout début du roman, on apprend qu'il reste 11 minutes pour éviter une catastrophe. Laquelle ? Vous le saurez à la fin du roman. Durant ce laps de temps, une course à vélo dans les rues de Bruxelles, Léo se remémore sa vie avec Simon, l'événement déclencheur le 05/05/2018 lorsque Simon est revenu tard du travail avec un tatouage derrière l'oreille et la volonté de quitter son travail et de créer sa propre entreprise de conception de tatouages... Son comportement qui a changé, achats compulsifs, excitation, comportement étrange, sentiment de paranoia.
Léo repense à sa solitude, son sentiment d'impuissance, ses efforts d'écoute, son amour pour lui, tous ses souvenirs heureux.
Lize Spit nous capte d'emblée avec une construction magistrale de son roman, une structure très maîtrisée qui apporte du rythme, du suspense, un réel souci de mise en scène, très cinématographique. Elle égrene le temps avec brio.
Son écriture est parfaite, empreinte d'empathie, d'humour, de réalisme. Elle ose dire les choses sans pathos, ni vulgarité. C'est une véritable analyse psychologique de la maladie décrite de manière précise mais aussi de ce que vit le conjoint coincé dans une certaine solitude, obligé de garder pour lui sa détresse et ses émotions.
Chapeau pour l'écriture mais aussi à Emmanuelle Tardif pour cette belle traduction.
Coup de coeur
https://nathavh49.blogspot.com/2023/11/je-ne-suis-pas-la-lize-spit.html
Léo (pour Léonie) et Simon, la trentaine, sont en couple depuis dix ans. Un couple fusionnel, d’une solidité sans failles, qui a pris racine, paradoxalement, dans leurs enfances/adolescences lézardées par le décès prématuré de leurs mères respectives. « Nous étions deux piliers de guingois qui, dès lors qu’on les appuierait l’un contre l’autre, auraient plus de stabilité qu’un seul pilier à la verticale. Tout irait bien tant que nous resterions ensemble ». Chacun est l’univers de l’autre, et le monde extérieur n’a pas grand-chose à y faire.
« Tout irait bien tant que nous resterions ensemble »…
Et donc, quand Simon, ou son cerveau, se fait la malle, rien ne va plus. La descente aux enfers commence une nuit de mai 2018, quand Simon rentre d’une soirée dans un état d’excitation excessive, arborant un tatouage bizarre derrière l’oreille. Au fil des jours et des semaines, il sombre dans une psychose et une paranoïa délirantes qui vont peu à peu détruire le cocon qu’avec Léo ils avaient tissé si patiemment. La maladie met en danger non seulement Simon, de plus en plus isolé et inatteignable dans sa bulle pathologique, mais aussi Léo, qui, au bout de la patience et de la compréhension, s’efforce de cacher l’état de Simon à leur entourage, mais qui s’épuise et s’oublie dans cette spirale infernale.
Au fil de ces 500 pages, on s’enfonce de plus en plus loin dans le calvaire de Simon et Léo, de plus en plus profondément dans les strates de la folie et de la psychose. Lize Spit décrit avec une finesse psychologique remarquable la paranoïa de plus en plus prégnante de Simon, ses délires, sa violence, son autodestruction, et l’attitude de Léo, protectrice et compatissante mais intérieurement rongée par le désespoir et la solitude. Au bord de la rupture mentale, elle finit par comprendre qu’elle doit trouver un exutoire, mais ce à quoi elle se raccroche implique de trahir Simon, d’une certaine façon, et donc un énorme dilemme moral et un sentiment de culpabilité.
Comme dans l’impressionnant « Débâcle », Lize Spit entremêle plusieurs fils narratifs : celui d’un compte à rebours de onze minutes, au cours duquel on suit Léo qui traverse Bruxelles à vélo à toute vitesse pour empêcher une catastrophe. Et celui qui s’étale sur dix mois à partir de mai 2018, lorsque Simon commence à ne plus « être là », jusqu’à la potentielle catastrophe en question. S’y ajoutent quelques flash-back sur leur enfance et leur rencontre.
Comme dans « Débâcle », l’écriture de Lize Spit est très visuelle et cinématographique, méticuleuse et sensorielle, parsemée de métaphores d’autant plus marquantes qu’elles sont décalées ou inattendues. Il y a de l’humour (parfois noir), de l’empathie, un sens aigu de l’observation. C’est parfois cru et totalement impudique, mais jamais vulgaire ou voyeur. Cela pose la question de la folie qui transforme le malade, mais aussi tous ceux qui l’entourent et qui tentent de s’adapter à lui. L’amour peut-il résister quand l’un est « absent » ? Notre identité se réduit-elle à notre cerveau ? Est-on encore soi-même quand on sombre dans la folie ? Est-ce réversible ? Peut-on encore être aimé de la même façon par les mêmes personnes ?
Autant de questions (liste non exhaustive) posées par ce roman qui vous tient jusqu’à sa dernière ligne. C’est poignant, oppressant, totalement maîtrisé, impressionnant.
#LisezVousLeBelge
Ce second roman de Lize Spit, il me tarde de le lire depuis que j'ai achevé son premier, "Débâcle" - qui m'avait beaucoup plu mais aussi profondément secouée. Autant dire que j'étais impatiente d'assister à la rencontre prévue avec l'auteure, lors de L'Intime Festival de Namur, le 20 août dernier, rencontre consacrée à "Je ne suis pas là". J'en ai entamé la lecture immédiatement après et, dès les premières pages, j'ai su que ce dernier allait me toucher, et me marquer, encore plus que "Débâcle".
Comme présenté en 4ème de couverture, le récit décrit les onze minutes d'une course folle visant à empêcher l'irréparable. Ce compte à rebours, revenant à intervalles réguliers, rythme le roman et lui donne des allures de thriller.
Mais ce roman est plus que ça... c'est une véritable plongée, en apnée, au cœur du quotidien des personnages principaux, Léo et Simon. Lize Spit a cette capacité de nous entraîner avec eux dans le tourbillon de la folie, qui s'immisce peu à peu entre eux, et surtout entre eux et le reste du monde.
L'auteure a choisi de raconter cette histoire en la divisant en trois temporalités - les souvenirs d'enfance de Léo et Simon jusqu'à leur rencontre et de leurs moments heureux ensemble, la longue descente aux enfers du couple de mai 2018 à février 2019, et enfin ces fameuses onze minutes du 22 février 2019 - selon le point de vue de Léo, exclusivement.
Je me suis rapidement prise d'affection pour cette héroïne touchante, et identifiée à elle au point que je me suis souvent demandé,durant la lecture, comment j'agirais à sa place.
La description psychologique de ces personnages complexes et attachants est impeccable, précise et juste. Lize Spit a en effet une écriture parfaite, encore plus aboutie que dans "Débâcle", soignée mais pas trop "apprêtée", parfois crue mais toujours sincère, avec quelques touches d'humour. Le résultat est une intrigue authentique, tout à fait crédible.
Le suspense est présent tout au long du livre, encourageant le lecteur à ne pas le lâcher. Toutefois, la qualité de l'écriture nous amène à ne pas le dévorer d'une traite, mais à profiter jusqu’au bout de cette passionnante et poignante lecture, jusqu'à une fin inattendue et une dernière phrase percutante.
Lire un roman de Lize Spit n'est pas anecdotique.
Cela génère une multitude d'émotions, au fil des pages. Avec "Je ne suis pas là", j'ai ressenti de l'angoisse jusqu'à la nausée parfois, beaucoup de tristesse et d'empathie, de l'amour aussi, le tout en l'espace de quelques instants. J'ai dû faire quelques pauses également, pour "digérer" un peu - je ne suis pas hypersensible pour rien.
Cela laisse des traces, ce sera notamment le cas dans ma façon de voir la maladie mentale.
Et surtout, cela donne une envie irrépressible de lire le suivant, tant son talent est époustouflant...
Ce second roman, je l'attends quasiment depuis que j'ai tourné la dernière page de Débâcle. Cette lecture avait été un tel choc que j'étais curieuse de lire ce que pouvait proposer d'autre la jeune autrice belge.
Et dès les trois premières pages de Je ne suis pas ici, je savais que je n'allais pas pouvoir lâcher ce roman.
Leo et Simon sont en couple depuis plusieurs années quand Simon, assez soudainement, commence à changer. Son attitude, ses habitudes, ses préoccupations se modifient. Il n'est plus le Simon que Leo a connu et dont elle est tombée amoureuse. Mais étant elle-même assez fragile, est-elle la bonne personne pour l'aider ? Peut-elle maintenir leur histoire à la seule force de sa volonté, mais aussi de son déni ?
En deux récits parallèles, dont un compte à rebours particulièrement angoissant, Lize Spit nous plonge à la fois dans le désarroi de Leo et dans la folie de Simon.
Elle puise dans ses acquis de cinéma pour offrir un roman incroyablement rythmé, accrocheur et terriblement prenant.
Lire Lize Spit n'est pas de tout repos. Non, ça stresse, ça angoisse, ça empêche de dormir. Ça donne des sueurs froides et ça fait pleurer en l'espace de deux minutes.
Mais c'est aussi cet aspect qui fait de Je ne suis pas là, comme de Débâcle, un roman que je n'oublierai pas, un roman qui m'a secouée et fait vibrer.
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