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D'un côté il y a Rafa pour qui le boulot se fait rare et qui, diplôme en poche, se voit contraint d'enchaîner des jobs merdiques. Avec sa chance insolente, il est même possible qu'une bande de cons viennent braquer la caisse de la station-service où il bosse... De l'autre il y a Warren, parti à l'autre bout du pays sur une moto volée à la recherche d'une petite soeur qu'il n'a jamais vue... Elle, c'est Marisa, une forte tête n'ayant que moyennement confiance en l'homme, et qui après avoir incendié un dépôt de nourriture et tenté d'empoisonner les animaux du zoo, ne compte vraiment pas s'embarrasser d'un frère dont elle n'a rien à faire ! Une mère excessive d'un côté, un père tué par balle de l'autre, un pactole qui tombe du ciel, un assassin qui court toujours... Tout est apparemment là pour que les retrouvailles n'aient rien d'un conte de fées et se règlent à coups de flingues...
Regarder la couverture d'un roman de Jacques Bablon c'est déjà avoir la surprise de l'association de la couleur : Trait bleu, Rouge écarlate, Nu couché sur fond vert. Ouvrir un roman de Jacques Bablon, c'est avoir l'assurance que rien ne nous fera le refermer avant sa fin. C'était vrai sur les trois premiers en lien ci-dessus, c'est le cas également sur Jaune soufre. Ça commence avec une image forte, très forte et donc dès les premières lignes j'ai su que ça le ferait. Ensuite ça continue comme ça : "Elle se rappela qu'on lui avait demandé ce qu'elle préférerait manger au petit-déjeuner, pas si elle avait répondu viande ou poisson, et ce qu'on lui servit dans une barquette cartonnée ne l'aida pas à retrouver ce qu'avait été son choix." (p.11) Alors qu'eussiez-vous voulu que je fisse d'autre que continuer ? (bon, là, je suis pas sûr des temps verbaux ni des formes, mais ça sonne bien !)
J'aime beaucoup l'écriture de Jacques Bablon, unique, personnelle et assez déroutante. Avec lui, on ne sait jamais où ni quand surviendra le rebondissement, la seule chose sûre c'est qu'il arrivera. Ce qui est bien également, c'est de tenter de comprendre comment tous les protagonistes vont, à un moment ou un autre, se rencontrer ou comment le romancier va faire pour qu'ils se croisent, se frôlent parfois simplement. C'est un vrai bonheur, du grand art. Jacques Bablon sait indéniablement raconter des histoires noires dans lesquelles cependant l'espoir réside. Car tous ses personnages ne sont pas perdus. Certains pètent un câble de manière inattendue, d'autres résistent. Ils sont issus de milieux pas favorisés, des arnaqueurs à la petite semaine, des galériens du boulot qui veulent s'en sortir et qui hésitent à passer la ligne de la légalité. Crédible, réaliste, le roman parle des laissés pour compte, des abandonnés qui tentent de se refaire. C'est un roman noir selon la définition de JB Pouy, avec du social dedans, de vrais morceaux d'humanité et de constat que notre société ne va pas si bien que cela.
Jacques Bablon : quatre bouquins chez Jigal, quatre réussites. J'attends les autres qu'ils soient violets, pourpres, orange, ou de n'importe quelle couleur.
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