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« On m'a balancée dans ce groupe rock, on m'a refilé des musiciens dans les pattes, et la musique me poussait dans le dos. La basse me propulsait. C'est alors que j'ai décidé de me lancer totalement là-dedans. J'ai plus jamais voulu faire autre chose. C'était mieux et meilleur qu'avec n'importe quel mec. Et c'est peut-être justement ça le problème... »
Victime de sa légende, Janis Joplin (1943-1970) fut trop souvent caricaturée pour son penchant à l'autodestruction, la crudité de son langage et sa philosophie de l'extase. Mais l'essentiel est ailleurs. Icône du rock, elle a féminisé une scène longtemps accaparée par les hommes et imposé un style de vie libéré, porté par l'excès et transcendé par la musique. Plusieurs décennies après sa mort en solitaire dans une chambre d'hôtel à Hollywood, due à une overdose d'héroïne, elle reste à jamais la plus grande chanteuse de blues blanche de tous les temps.
4 octobre 1970
Dans une chambre d'hôtel, à Hollywood. Seule. Janis Joplin meurt d'une overdose.
De son enfance, dans un Texas ségrégationniste, Janis se rappellera toujours des moqueries à l'école. On lui dit qu'elle est laide, on l'appelle le garçon. Sa scolarité sera marquée par le harcèlement.
Quand elle revient, des années plus tard, à Port Arthur, boa autour du cou, ses cheveux comme une crinière, et ses vêtements colorés, elle pense prendre sa revanche. Et repart blessée.
Là encore, elle n'aura reçu qu'indifference et railleries.
De Janis, on sait les amoures folles. Hommes et femmes. Son coup de foudre pour Jimi Hendrix.
Sa voix fabuleuse, sa voix comme un cadeau, éraillée, blessée, qui balance tous ses excès, cry baby, et vous pleurez avec elle, parce que c'est impossible de faire autrement.
On sait la drogue.
L'alcool.
Je voudrais qu'on se souvienne de l'énergie de cette femme sur une scène. Sa fougue. Sa trempe. Même pas peur, Janis. Elle est une des rares femmes, et blanche de surcroît, à oser envoyer du rock, du blues, à grimper sur une estrade comme on va au combat.
Mais sans armure.
Voilà, je voulais lui rendre hommage aujourd'hui.
4 octobre 2022.
Sa voix fait partie de ma vie depuis toujours.
Elle m'a inspirée.
Bouleversée.
Comme elle, j'ai dû, certains soirs, non pas chanter à pleine gorge, mais fredonner des sanglots dans la gorge, Work me Lord, un verre de trop à la main.
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