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Invisibles ; la tragédie des Chibanis

Couverture du livre « Invisibles ; la tragédie des Chibanis » de Nasser Djemai aux éditions Actes Sud-papiers
Résumé:

Un jeune agent immobilier, pour respecter les dernières volontés de sa mère, part à la recherche d'un homme pour lui remettre une boîte. Blessé et sous le choc, il va rencontrer dans un foyer de vieux migrants, les Chibanis, des hommes usés par leur vie de travail, mais soudés par un passé... Voir plus

Un jeune agent immobilier, pour respecter les dernières volontés de sa mère, part à la recherche d'un homme pour lui remettre une boîte. Blessé et sous le choc, il va rencontrer dans un foyer de vieux migrants, les Chibanis, des hommes usés par leur vie de travail, mais soudés par un passé commun, qui s'avère être aussi le sien.

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Avis (1)

  • Invisibles c' est une pièce de théâtre de Nasser Djemaï, elle relate l’histoire de ces hommes oubliés, obligés de vivre en France et qui ont aidé à sa reconstruction. L’histoire se déroule dans un foyer type Sonacotra où un jeune homme Martin débarque à l’improviste après la mort de sa mère. ...
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    Invisibles c' est une pièce de théâtre de Nasser Djemaï, elle relate l’histoire de ces hommes oubliés, obligés de vivre en France et qui ont aidé à sa reconstruction. L’histoire se déroule dans un foyer type Sonacotra où un jeune homme Martin débarque à l’improviste après la mort de sa mère. Martin est agent immobilier totalement éloigné de ce monde mais sa mère avant de mourir lui a donné cette adresse et il débarque juste avec un coffret qu'elle lui a confié , et deux noms le docteur Raphaël et El Hadj.

    Il se retrouve face à ces Chibanis ( cheveux blancs en arabe) , ces vieux , ces invisibles qui donnent leurs noms à la pièce, que plus personne ne voit et qui ont reconstitué une sorte de famille. El Hadj est malade et ne parle plus depuis plusieurs mois, Martin est obligé de rester au foyer car il a été agressé avant son arrivée et aussi parce qu’il veut en savoir plus sur ses origines, sur sa mère.

    Cette pièce est à la fois un questionnement sur l’identité, sur la passé colonial de la France, son rapport avec l’Algérie. L’auteur s’est appuyé sur des témoignages de vrais Chibanis et l’histoire de son père. Il a fait des recherches et même participé à un documentaire pour faire connaitre le sort de ces hommes coincés en France considérés comme des rois quand il rentre au bled 1 fois par an et comme des moins que rien, en France. Elle est construite avec différents tableaux qui entremêlent la voix de Martin et des Chibanis Driss, Hamid, Majid, Shériff qui a tour de rôle raconte un bout de leur passé, un souvenir.

    Les autres personnages se prennent d’amitié (sauf Hamid qui est méfiant ) pour Martin et chacun dévoile une facette de sa vie, ses anciens espoirs, leur solidarité. Hamid c’est celui qui se rappelle le racisme, le fait que rien ne s’arrange pour eux .

    L'auteur aborde la solitude, l’ennui de ces Chibanis , la sensation d'être un mort vivant, invisible dans certains monologues comme quand un personnage raconte ses journées sur le banc où il assiste comme un spectateur au théâtre de la vie, lui qui ne peut pas avoir d'avenir et doit rester 6 mois par an en France. Il évoque aussi le travail à l’époque des Trente Glorieuses, de ces anciens ouvriers qui ont disparu en même temps que la crise. L’importance de l’envoi de l’argent à la famille pour sauvegarder les apparences et faire croire qu'on a réussi, la difficulté pour toucher une retraite auxquels ils ont droit et les tracas administratifs, la vie difficile au foyer. Il rappelle les contrôles et la brutalité policière en France à l’époque de la guerre d’Algérie, les représailles du FLN contre les civils là bas. L’absence de liberté et de travail au bled, le décalage de génération avec les jeunes d'aujourd'hui qu'ils croisent à l'extérieur. La douleur de l'exil et la nostalgie du pays natal.

    C’est aussi une belle histoire d’amitié entre ces solitudes, d’amour quand on apprend l’histoire de la mère de Martin. Il y a des passages aussi très drôle sur les jeunes. L’émotion est vraiment au rendez vous. Avec la présence sous forme de voix de la mère de Martin qui raconte ou interpelle son fils, des échos de la vie de Martin d'avant avec les personnages de son associé et d’une de ses clientes qui marquent une rupture avec la misère et la vie en pause des Chibanis. Ils se sont résignés à attendre la mort et le dénouement de la pièce est très beau et symbolique.

    Cette pièce j’ai eu la chance de la voir en 2013 et elle m’a profondément émue et bouleversée, je ne connaissais pas l’histoire des Chibanis et à la fin de la pièce j’ai eu du mal à quitter l’histoire. Je vous conseille de lire cette pièce et d’aller la voir si elle passe près de chez vous car vous aurez aussi une belle émotion théâtrale.

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