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121 ans après le Grand Changement, l'Histoire des Hommes a disparu. Le Roi Richard, un homme tyrannique, veut marier ses deux fils pour s'assurer de transmettre la couronne, mais aussi pour honorer une vieille promesse... Chez les De Morvan, Pénélope, une jeune servante, est au service de Laurine, l'une des trois filles de la Marquise.
Inalia… Un roman dont j’entends parler depuis plusieurs mois, encensé par la blogosphère. Je ne compte plus les chroniques dithyrambiques qui circulent sur internet, et j'avais moi aussi envie de comprendre la fascination et l’engouement que cette saga semblait susciter. C’était également l’occasion de découvrir mon premier titre aux éditions Mots en flots. J’en attendais énormément, et mon enthousiasme a fini par gagner mon amie Aliybooks, qui a décidé de me suivre dans une lecture commune improvisée. Une lecture commune pour le moins animée !
L’histoire d’Inalia prend place 121 ans après le Grand Changement, une série de catastrophes naturelles qui ont fait vaciller le monde sur ses fondations. C’est ainsi qu’est apparu Inalia, une monarchie retombée à l’époque moyenâgeuse. Nous suivons Pénélope, 17 ans, qui travaille dans un manoir au service d’une des filles de la Marquise de Morvan. Son statut de servante lui vaut bon nombre de brimades et d’humiliations, mais la jeune fille tient bon grâce à ses amies qui vivent les mêmes tourments.
Au début du roman, toute la maisonnée est dans l’effervescence, car les princes du royaume d’Inalia sont à la recherche d’épouses et doivent les choisir parmi les demoiselles de la haute société. C’est ainsi que Pénélope croise la route du prince Alexandre et du prince Stéphane. Si le premier se révèle être un véritable goujat, le deuxième ne la laisse pas indifférente. Mais dans un monde où sa liberté est compromise, le bonheur paraît inaccessible.
En commençant ma lecture, j’ai eu cette impression étrange d’entrer dans un conte de fée, avec Pénélope dans le rôle de Cendrillon. L’ambiance fourmillante à l’approche de l’arrivée des princes est assez enivrante, je dois dire. Il est vrai que dans les premières pages, j’ai eu peur de me perdre, car l’auteur nous présente sans ambages 8 personnages, avec des physiques et des tempéraments différents. J’ai cru que j’allais me perdre. Heureusement, certaines finissent bien vite par sortir du lot.
Pénélope, Lucie, Sylvia et Christine travaillent au Manoir, chacune au service des maîtresses de maison. Les filles de Madame la Marquise n'hésitent pas à user de leur supériorité pour leur mener la vie dure. Entre Julie, la peste imbuvable qui tire un plaisir sans nom à distribuer les claques comme des bonbons et Mélodie qui manigance dans son coin, en bonne perverse qui se respecte, les journées sont souvent agitées. Seule Pénélope est un peu mieux lotie que ses amies, puis qu’elle comble tous les désirs de Laurine, la troisième sœur et de loin la plus mutique et patibulaire (et la plus chouette, c’est indéniable).
J’ai eu un faible pour Sylvia qui se distingue des autres avec sa langue bien pendue et son humour caustique. Très drôle, elle installe à elle toute seule une ambiance assez douillette dans chaque scène. Les autres personnages sont intéressants à découvrir, même si je n’ai pas été sensible à la romance que j’ai trouvée trop clichée et envahissante.
Du reste, les personnages de Maud Cordier sont brossés avec soin, peut-être un peu trop d’ailleurs. J’entends par là que l’héroïne a rapidement constitué un problème de taille. Pénélope est une Mary Sue en puissance qui tente tant bien que mal de survivre dans cette société qui ne fait pas de cadeaux aux gens comme elle. Les hommes tombent en pâmoison sur son passage, toutes les filles qui ne sont pas ses amies la jalousent pour sa beauté (pour les autres, elles lui serinent de manière récurrente qu’elle est d’une beauté à couper le souffle). La seule qui s’ignore, c’est la concernée. Pénélope n’a aucune idée du magnétisme intense qu’elle dégage et elle s’en défend. Chacune de ses réactions est d’une justesse rare, et j’avoue préférer les héroïnes un peu plus cabossées, un peu moins parfaites.
Concernant l’univers, le contexte est particulièrement intéressant. Dans les romans d’anticipation, l’apocalypse permet souvent à une société de recommencer à zéro à partir des progrès déjà accomplis. Ici, c’est différent. Le monde tel qu'on le connaît – avec ses avancées technologiques et ses connaissances dans de multiples domaines – a totalement reculé, vers une époque que l’on trouve actuellement dans les manuels d’Histoire. Le mélange de l’ancien et du moderne donne lieu à un cocktail original. Maud Cordier nous accompagne tout le long, et fait découvrir à son héroïne des choses que l’on ne prend plus la peine d’admirer.
Le seul bémol de ce côté-là, c’est que j’aurais aimé en savoir beaucoup plus sur le fonctionnement de cette nouvelle société. Pénélope elle-même semble avoir des connaissances très limitées de son univers, mais le peu qu’elle sait, elle le partage à peine avec le lecteur.
On ignore tout du modèle des castes et du fonctionnement de l'économie. Les informations sur cette société unique ne nous sont pas délivrées. De fait, on se sent bien dans ce cocon qu’est le manoir ou encore le château, mais tout ce qui concerne l’extérieur est un point d’interrogation géant. J'attendais plus d'approfondissement de ce côté-là, car on se focalise uniquement sur les intrigues amoureuses.
On sait qu’il y a les nobles d’un côté, les pauvres de l’autre, mais on ignore tout du reste. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi Pénélope ne cherche pas à partir. Elle est servante – esclave de surcroît –, mais préfère servir des gens infects sans percevoir le moindre salaire plutôt que de tenter de se construire une vie ailleurs. Pourquoi s’enfuit-elle pas ? Qu’est-ce qui les retient, elle et ses amies ? J’ai peut-être loupé l’information, je ne sais pas. Pour les trois tomes suivants, j'espère que l'auteur prendra le temps de s'arrêter sur son univers pour nous en expliquer les rouages.
D’autres aspects de l’intrigue ont également attiré mon attention (et dans le bon sens du terme) : le petit côté paranormal et le message écologique qui transparaît à plusieurs reprises. Maud Cordier dissémine nombre de valeurs fondamentales tout au long du récit, montrant au lecteur l’importance de prendre soin de sa planète. La magie, elle, fait son apparition dans la dernière moitié du livre, et sans être trop expansive, elle a une véritable raison d’être. J’y ai été très sensible.
La plume de Maud Cordier – si elle peut sembler un peu balbutiante au début – finit par gagner en richesse et en profondeur. J’ai été agréablement surprise par son style assuré et fluide. Cela dit, on retrouve quelques coquilles et répétitions, mais ce n’est pas imputable à l’auteur.
En résumé, je suis encore partagée, à ce stade. Assurément, Inalia est un roman à fort potentiel, qui délivre à son lecteur de jolis messages et qui lui ouvre les portes d’un univers repensé. On sent que Maud Cordier a mis tout son cœur dans cette histoire, et qu’elle s’est passionnée pour ses personnages. J’ai apprécié suivre les aventures et les déconvenues de Pénélope, même si je n’ai pas eu d’atomes crochus avec elle. Je suis restée sur ma faim à cause du manque de développement de cette société post-apocalyptique et je n’ai pas non plus adhéré à la romance, trop sirupeuse à mon goût. Néanmoins, je ne manquerai pas de lire le tome 2, car l’air de rien, cette histoire a piqué ma curiosité.
Ma chronique : http://april-the-seven.weebly.com/dystopie/inalia-maud-cordier5166792
Très belle découverte ! Je n'ai pas pu lâcher le livre. J'ai aimé les deux histoires l'une dans l'autre : celle de Pénélope et celle du changement du monde. On s'attache très vite à la jeune fille. J'ai aimé le petit côté de féerie et fantastique. J'ai hâte découvrir la suite... Je n'avais jamais lu de roman d'anticipation mais j'ai tout de suite accroché. Je vous recommande ce roman !
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