Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Robert Oppenheimer aimait les femmes, courser les trains au volant de sa puissante voiture, affronter les tempêtes à la barre de son bateau et galoper sur les chemins du Nouveau-Mexique. Par-dessus tout, il aimait la physique car elle réveillait en lui le philosophe, le poète. Un poète riche, un philosophe inquiet de l'avenir des pauvres, un philanthrope qui finança le parti communiste et les Brigades internationales luttant contre Franco en Espagne. Aussi, lorsque en 1942 le général Groves le choisit pour diriger les recherches sur la création de la bombe atomique à Los Alamos, les services secrets, le contre-espionnage et le FBI se liguent pour empêcher la nomination d'un communiste. Groves résiste, convaincu de la loyauté de Robert Oppenheimer. Trois ans plus tard, après les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, la célébrité et l'influence d'Oppenheimer sont immenses. Pour tous, il est devenu « Doctor Atomic ». Mais cet intellectuel sensible à l'art et aux exigences humanistes prend conscience de la responsabilité de la science et s'oppose à la volonté de la détourner au profit de l'armée. Il se fait de puissants ennemis au sein du complexe militaro-industriel, qui élabore un piège pour le faire tomber.
Ils ont tué Oppenheimer nous plonge au coeur de la guerre froide et du redoutable dialogue entre la science et le pouvoir. C'est le livre d'une bascule du monde, engendrée par la course à l'armement, mais aussi celui, plus intime, d'un homme flou, à la fois victime et bourreau, symbole du savant tourmenté par les conséquences morales de ses découvertes. Virginie Ollagnier fait de Robert Oppenheimer un formidable personnage de fiction.
En étant le père d’un tel bébé, on ne peut que devenir le symbole même de la tourmente du savant.
Virginie Ollagnier, lyonnaise dit avoir été sous le charme de ce scientifique dès sa formation étudiante. Et ça se sent. Le livre met en avant non seulement les atouts scientifiques de cet homme mais aussi tout ce qui a fait son charme. « Yeux bleus, regard transparent », homme à femmes et voitures folles, philosophe et poète dans un gant de chimie dévastatrice. Oui, c’est bien ainsi que j’ai perçu Oppenheimer, un coeur tendre camouflé dans un gant d’homme sûr et pragmatique. Sa beauté d’âme est perceptible au travers de ses actes de défenseur des pauvres, de son action contre Franco en Espagne et de son militantisme financier au Parti communiste. Cette beauté n’a en rien altéré ses facultés de grand physicien lorsqu’il s’est agi de piloter le Projet américain Manhattan, créer une bombe atomique ; ce sera chose faite en 1942.
Son ami, Isidor Rabi, dit que c’est justement cette grande intelligence qui a entrainée une telle humilité des sentiments d’Oppenheimer… A moins que ce ne soit l’inverse ? Au fond, le résultat est le même. Retenons simplement que sa grande fragilité s’est transformée en grâce, que sa grande intelligence l’a tué. Il était encore jeune, un peu plus de quarante ans.
A moins que ce ne soit l’attitude du « en-même temps » - régulièrement plébiscité en France - , qui ne l’aura pas sauvé.
L’autrice choisit, 50 ans après les faits, de donner la parole à un narrateur dont le statut est pour le moins particulier puisqu’il s’agit de l’homme qui a autorisé l’assassinat de Robert Oppenheimer.
On se réveille avec lui un matin de 2004 puis, à ses côtés, on retraverse une partie du XXe siècle en débutant au milieu des années 30 jusqu’au XXIe siècle avec les conséquences du 11 septembre 2001 ou l’arrivée du trumpisme.
On côtoie aussi bien Eisenhower que Roosevelt, des amis de Malraux ou d’Aragon, sa compagne Kitty, mais aussi des amis qui le trahiront, ou qu’il trahira lui.
On approche l’ambiance de la Commission à l’énergie atomique comme celle de ses virées.
On se ballade de Californie à Washington. On papillonne grâce aux travaux de recherche de l’autrice.
On goute sa bonne mais discrète documentation sans que cela ne nuise au roman. Ici elle compare l’oeuvre d’Oppenheimer avec l’histoire des gaz de combats en 1925, là-bas elle nous emmène aux essais de la bombe à Bikini.
Le livre de Virginie Ollagnier est culturellement abouti, suffisamment complet pour nous faire connaitre l’homme qu’était Robert Oppenheimer mais aussi vivre l’environnement et le piège qui s’est refermé sur lui. D’aucuns diront « c’est bien fait pour lui, il n’a eu que ce qu’il mérite », et je les comprends. Mais, si je ne veux que parler du livre je dirais qu’au final, ça reste un roman qui se lit et qui nous bouscule autant qu’il se doit autour d’un thème que l’actualité a remis à l’avant de la scène.
Citations
Si Oppenheimer était un gauchiste, il l’était à la manière des grands bourgeois se préoccupant de la misère des petits, de l’injustice du coût de l’éducation et des soins. Rien dans son discours ne laissait à penser à un bolchevik couteau entre les dents.
La presse d’après-guerre avait fait de lui une idole, celle de la guerre froide le descendrait.- Robert était de gauche , certes, mais ni un bolchevik, ni un espion.
Mais elle était tombée amoureuse le tout premier jour, à une party à Pasadena en août 1939 où, présentés l’un à l’autre par leur hôte, tout l’après-midi ils s’étaient fait l’amour des yeux.
Robert Oppenheimer c’est le « père de la bombe atomique », le directeur du projet Manhattan lancé durant la seconde guerre mondiale par les Etats-Unis sous l’impulsion du major-général Groves. Mais au-delà d’être cet homme de science capable de diriger une équipe pour mettre au point l’arme qui changea à jamais l’équilibre du monde, c’est aussi un intellectuel qui s’interroge, un homme charismatique sous le charme duquel tout le monde tombe, ou à peu près, au regard magnétique. Un homme qui, de héros de la nation devint l’homme à abattre. Et pour cela, tous les moyens seront bons pour le faire vaciller jusqu’à l’effondrement final.
Ce livre se lit avec un double intérêt. Il éclaire, en effet, à la fois une époque, celle des Etats-Unis entre la seconde guerre mondiale et les débuts de la guerre froide et il montre par ailleurs les contradictions d’un homme tiraillé entre son devoir envers son pays, la fierté de mettre au point une avancée majeure et la crainte que fait naître l’usage réservé à cette arme qu’il a mis au point.
Virginie Ollagnier a construit son récit comme un véritable puzzle, alternant les époques et les épisodes de la vie de Robert Oppenheimer, emboîtant les pièces au fur et à mesure pour finir par donner une vision complète de ce qu’ont été ces dix années entre le moment où Robert entame son travail à Los Alamos et celui où ses ennemis parviennent à le faire tomber.
Car au cours de ces dix ans, Oppenheimer aura le temps de mesurer la dangerosité de la bombe atomique, de la folie des hommes à qui est confiée une telle arme. Les bombardements de Nagasaki et d’Hiroshima viendront confirmer cette intuition. Il n’aura de cesse que d’alerter, essayer de sensibiliser, de faire entendre sa voix. En vain. En pleine époque de chasse aux sorcières, de condamnation du communisme, de McCarthysme, Oppenheimer et ses idées humanistes, en contradiction totale avec l’esprit guerrier sensé prévaloir, ne pouvait que se retrouver désigné à la vindicte. Petit à petit, le travail de sape fait son œuvre, les ennemis étant puissants et les armes inégales.
On découvre aussi ici le portrait d’un homme dans l’intimité duquel l’auteure nous invite. Sa vie, sa famille, ses amours, ses tourments sont ainsi racontés. Ses luttes évidemment sont exposées et analysées avec beaucoup de justesse. Virginie Ollagnier arrive à nous rendre complètement compréhensible la dualité des sentiments de son héros et à nous faire percevoir la fascination qu’il a pu exercer sur ses contemporains.
Ce livre, très documenté, est absolument à lire si on s’intéresse à l’histoire et si on veut aussi comprendre les répercussions, encore visibles aujourd’hui, de cette époque sur l’histoire contemporaines des Etats-Unis.
Robert Oppenheimer , grand physicien américain a été choisi par le général Groves pour diriger le projet « Manhattan » consistant en la conception de la première bombe atomique américaine, aussi rapidement que possible, pour supplanter des velléités hitlériennes analogues. Ce choix, justifié par les qualités de recruteur, de coordinateur, d’animateur d’équipes scientifiques était revendiqué et assumé par le responsable militaire, le général Groves. Le déroulement des opérations à Los Alamos semble lui avoir donné raison, même, si l’engagement d’Oppenheimer ne visait qu’à devancer Hitler dans la course sans souhaiter l’utilisation de cette nouvelle arme. Ses relations et son attitude pacifiste, dans la période de guerre froide, du maccarthysme et du FBI de Hoover lui ont valu des soupçons, puis des rejets, surtout quand il s’est agi de passer de la bombe A à la bombe H. Toutes ces vicissitudes sont extrêmement bien documentées et analysées en détail par l’autrice, et j’en salue le travail, mais, je ne suis pas parvenu à aller au bout de la lecture de l’ouvrage, un peu fatigué par les sauts intempestifs dans la chronologie des évènements et par l’exhaustivité de l’exercice.
La vie trépidante du père de la bombe atomique
Dans un roman habilement construit, Virginie Ollagnier part à la recherche de Robert Oppenheimer. Esprit brillant poursuivi par les maccarthystes, il offrira une belle résistance aux obscurantistes avant de devoir céder.
En novembre dernier pour CNews Lyon, Virginie Ollagnier a raconté comment elle a rencontré Oppenheimer et comment le scientifique américain est devenu l’objet de toute son attention: «Il y a deux départs. À 13 ans en classe de physique chimie, il y a un portrait d’Oppenheimer, j’ai l’impression qu’il me regarde, je le trouve magnifique mais aussi triste, il me touche, je tombe amoureuse de lui! En 2015, dans une librairie, je tombe sur la biographie d’un scientifique, en une, une photo d’Oppenheimer. Je me dis, Robert que fais-tu là, qui es-tu? Je la lis, c’est scientifique et compliqué, c’était un esprit brillant, mais je veux savoir qui est derrière ce regard. Je commence à souligner ce qui m’intéresse. Les dates, des faits. Je prends des notes. Le déclic viendra quand, au cours de mes recherches, je me rendrai compte qu’il a été écouté par le FBI, c’est ça le monde libre? À travers son histoire, j’y vois alors la mort de la gauche américaine.» Le roman qui paraît aujourd’hui reflète bien la complexité du personnage et les enjeux géopolitiques liés à ses recherches et à ses engagements. Quand en 1942, le FBI a commencé à s’intéresser à lui, «Oppenheimer était un physicien non nobélisé, sans expérience de projets d'envergure, il n'était pas une figure tutélaire du monde scientifique, à peine plus qu’un excellent théoricien, célèbre et peu publié.» Voilà les faits, voilà une face de la médaille. L’autre montre «un scientifique débordant d'enthousiasme communicatif, admiré de ses pairs et prêt à secouer tout ce petit monde pour obtenir des résultats, il comprenait et partageait ses soucis et, miracle, répondait aux questions qu’il n'avait pas encore formulées, Et ça, c'était une première. Le physicien proposait des solutions pratiques, matérielles […] Un homme d'action, quoi.» Pendant de longues années c’est cette face brillante qui aura le dessus.
Virginie Ollagnier nous raconte comment, quelques mois plus tard, malgré des rapports le qualifiant de gauchiste, il est nommé directeur scientifique du Projet Manhattan et comment il va créer à Los Alamos, le laboratoire national qui va mettre au point les trois premières bombes atomiques de l'Histoire. S’il a choisi ce coin désertique du Nouveau-Mexique, ce n’est pas pour son isolement, mais parce qu’il a ici des souvenirs forts. Au début des années 1920, il y fait un séjour qui va le marquer. Au sortir de l’adolescence, il se prend pour un cow-boy, fait du cheval et galope en compagnie de Katherine Chaves-Page. «Très vite il était tombé amoureux du regard posé sur lui. Il avait redressé la tête, bombé le torse et tenté d’impressionner la cavalière. Pour la première fois, il voyait la fin de son enfance comme un espoir. Il existait un moment proche où l'incompréhension dans laquelle il se débattait depuis son entrée à l'école prendrait fin. Un temps où il aurait une place. Il n'avait jamais été enfant et, s'il était né vieux, ce n'était bientôt plus une fatalité.»
L’amour, la jalousie, la convoitise, la vengeance ou encore la soif de reconnaissance et de pouvoir. Voilà les sentiments qui donnent à ce roman toute sa puissance.
Il y est certes question des recherches du «père de la bombe atomique», mais il y surtout question des hommes et de leurs rivalités. Et d’une volonté farouche qui permet de franchir bien des obstacles. Car si les maccarthystes font finir par avoir sa peau, il n’aura de cesse de vouloir être réhabilité.
En choisissant de nous faire partager le résultat de ses recherches et ses hypothèses, Virginie nous propose une construction très originale qui délaisse la chronologie pour les temps forts, qui marie la marche du monde aux réflexions des scientifiques. Il est vrai qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale guerre, ils auront vu l’usage de leur arme de destruction massive et refuseront, pour beaucoup d’entre eux, d’aller plus loin dans cette folie. Autour de Robert Oppenheimer, les atomes n’ont pas fini de graviter !
https://urlz.fr/h6gE
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement