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En Islande, la force du territoire impose le respect, mêlé à ce sentiment étrange que ces paysages sont habités. Au fil des routes, aux détours des champs de lave et des falaises de basalte, s'égrènent des sites aux histoires troublantes, peuplés de trolls, d'elfes et d'huldufólk (« le peuple caché »). Mais il en est de même à Reykjavik, dans les villes-banlieues ou les villages reculés. Ça et là, des rochers de lave sont laissés intacts entre deux immeubles, à quelques mètres d'une villa ou encore au centre d'un îlot de résidences. La toponymie des rues ou des quartiers confirme la personnification de ces lieux : Álfhóll « la butte de l'Elfe », Enbui « l'ermite », Borgir « la Cité », la pierre Latur « le paresseux », Dvergastein « la pierre à nain »... Cette cohabitation étonnante au premier regard et qui prête à sourire illustre pourtant une double réalité : la modernité de la société islandaise et son urbanisme en plein développement depuis les années 80, et la prégnance de la tradition et des croyances millénaires. Michel Eisenlohr, photographe de la trace, de la lumière et du sensible, entreprend ici de relever un défi : photographier l'invisible... Inspiré par les contes et légendes, guidé par les recherches des ethnologues, géographes et archéologues, il nous offre une immersion dans ces lieux naturels ou urbains et nous rend compte par l'image de cet héritage immatériel. Un dialogue inédit entre modernité et croyances.
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