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Hôtel du Brésil

Couverture du livre « Hôtel du Brésil » de Pierre Bergounioux aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782072844164
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

J'ai demandé à Pierre Bergounioux s'il consentirait à dire les raisons pour lesquelles il se détourne si volontiers de la psychanalyse, sans qu'il s'en soit jamais vraiment expliqué - ma question plus directe ou provocatrice était : « Qu'est ce qui t'a retenu de faire une analyse ? » - Quelques... Voir plus

J'ai demandé à Pierre Bergounioux s'il consentirait à dire les raisons pour lesquelles il se détourne si volontiers de la psychanalyse, sans qu'il s'en soit jamais vraiment expliqué - ma question plus directe ou provocatrice était : « Qu'est ce qui t'a retenu de faire une analyse ? » - Quelques mois plus tard, voici le résultat.

Hôtel du Brésil est le nom de l'hôtel où Freud est descendu, rue Le Goff, quand il a étudié auprès de Charcot. L'étudiant Bergounioux, à qui le nom de Freud ne dit pas grand-chose, tombe sur la plaque commémorative alors même qu'il vient d'acheter « trente kilos de livres » qui parlent de son propre engagement et de ses objets. Cet engagement, c'est chercher non en lui mais au dehors de lui-même les causes de son mal-être.

L'enfant effaré qu'il a été, accablé de tristesse dans la bibliothèque non chauffée de Brive, vivant à côté d'adultes muets, devenu jeune homme découvre que la constitution du sol (le grès « permo-carbonifère ») a rendu tout triste en Corrèze - maisons et ambitions intellectuelles et rendement des cultures fermières, et humeur : une condition provinciale loin de toute lumière. Ce qui éclairera l'auteur sur ce qui l'agite, c'est l'analyse politique. Pierre explique avec toute sa droiture, toute son obstination aussi - et son écriture fluide et grave -, que l'inconscient est dehors. Ce court essai - au fond antipsychanalytique - est très émouvant. Et quoi de plus souhaitable qu'un excellent adversaire pour secouer les pensées devenues trop familières ?

« Si rien n'est plus manifeste que l'inconscient, depuis que Freud a passé, il résidait bien moins en nous, pour moi, pour d'autres, qu'à notre porte, dans les choses qui nous assiégeaient, leur dureté, leur mutisme, la tyrannie qu'elles exerçaient sur nos sentiments, les pensées qu'elles nous inspiraient forcément et semblaient s'ingénier à dénaturer. Le monde n'était pas ce résidu friable, terne que pouvaient ignorer « les belles dames » [les patientes de Freud] mais une excroissance énorme, ténébreuse - et je n'avais déjà même plus quarante ans pour m'en débarrasser. »

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