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Les Grassfields du Cameroun anglophone et les parties les plus élevées de l'Adamaoua sont désignées " tchabbal " en langue peule.
Le tchabbal est un haut plateau, à végétation presqu'uniquement herbeuse, où règnent des températures fraîches et des vents presque constants. Sur ces hautes terres tropicales vivent surtout des Mbororo.
Isolés au milieu de pâturages difficiles d'accès, ces Peuls de tchabbal ont développé une véritable civilisation pastorale. Les autres Peuls les considèrent comme des gens à part, habitués au froid, à la pluie, et réputés pour leur richesse en bétail.
Pourtant, les produits de l'élevage suffisent rarement à couvrir tous les besoins familiaux.
Alors que les pasteurs sahéliens diversifient leurs activités dans l'agriculture et le commerce, les Mbororo de tchabbal affirment souvent qu'ils ne connaissent que le travail auprès des animaux et ils s'avouent incapables de toute autre activité.
Comment ont-ils réussi à se spécialiser à ce point dans le pastoralisme ?
Grâce à un contexte écologique exceptionnellement favorable à l'élevage.
Des pâturages abondants la plus grande partie de l'année, une salubrité parfaite, des compléments minéraux disponibles à des sources natronées : tous ces atouts ont assuré la prospérité des troupeaux.
Troupeaux constitués par la race des grands zébus rouges dont toutes les exigences se trouvaient satisfaites.
Dès lors, il devient possible de reconstituer une histoire de l'occupation pastorale des hautes terres du Cameroun. Migrations, relations avec les populations en place, prospections de nouveaux pâturages, rapports entre groupes et lignages pastoraux forment la trame de cette histoire, celle de l'avancée des " Peuls de brousse " à des latitudes inhabituelles.
Au fil des années, les conditions idéales offertes à l'élevage par les hauts plateaux du Cameroun se sont dégradées.
Aux Grassfields, les Mbororo furent bientôt accusés de détériorer les pâturages.
L'administration anglaise est alors intervenue pour encadrer et contrôler leur activité. Mais le handicap le plus grave était ailleurs : dans l'accroissement soutenu des populations de cultivateurs et le déploiement irrésistible des cultures aux dépens des pâturages d'altitude.
L'histoire agraire des Grassfields est scandée par des interventions administratives dans les rapports conflictuels entre éleveurs et cultivateurs.
N'ayant pas réussi à trouver de véritable solution à ce problème lancinant, les administrations coloniales (anglaise et française) l'ont légué aux autorités du Cameroun après l'Indépendance.
Alors que le milieu naturel de tchabbal offrait aux Mbororo de bonnes chances pour réussir une sédentarisation, la pression des cultivateurs risque de la remettre sans cesse en cause. Aux Grassfields, les Peuls pasteurs subissent une situation de minorité, dans tous les sens du terme.
Cependant, cette faiblesse n'est pas une donnée inéluctable.
Au Tchabbal Mbabo, en Adamaoua, les cultivateurs seraient, au contraire, trop peu nombreux par rapport aux éleveurs. Dès lors, se posent des problèmes de ravitaillement vivrier et surtout de dégradation du contexte sanitaire de l'élevage, avec la menace des mouches tsé-tsé.
Trop d'hommes d'un côté et pas assez de l'autre : les contraintes pastorales s'inversent des Grassfields à l'Adamaoua mais, partout, les hautes terres du Cameroun ne sont plus des terres promises pour le pastoralisme peul.
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