Résumé:
Le lieutenant Verdier, en poste à la Nouvelle-Lyon, en Nouvelle-Zélande, dans les années 1930, est non seulement responsable des véhicules motorisés de ce protectorat français, mais fanatique de moto et porté sur le Pernod et les femmes - mariées de préférence et dont les maris, riches colons,... Voir plus
Le lieutenant Verdier, en poste à la Nouvelle-Lyon, en Nouvelle-Zélande, dans les années 1930, est non seulement responsable des véhicules motorisés de ce protectorat français, mais fanatique de moto et porté sur le Pernod et les femmes - mariées de préférence et dont les maris, riches colons, sont en voyage d'affaires au Tonkin ou à Paris. Un nouveau résident-général étant nommé, Verdier est chargé d'aller à Wellington chercher le dernier modèle de Citroën commandé pour le maître des lieux. Wellington est alors (fantaisie de l'auteur oblige) une ville franche que les Anglais ont conservée faute d'avoir pu coloniser les premiers le Pays du Nuage Blanc.
Après un échange de piques entre mangeurs de grenouilles et buveurs de thé dans les bureaux des douanes et d'assurance de Wellington, Verdier prend enfin le volant et fonce sur les pistes quasi désertes de l'île immense, s'amusant à en sortir pour aller se planter dans le sable, lui qui après une décevante expérience de communication avec les indigènes au Maroc, aimerait avoir un meilleur contact avec les Maoris. L'occasion va lui être donnée de les approcher de près puisque, lors d'un arrêt pour la nuit dans une auberge, la voiture est volée, et Verdier, sans trop savoir pourquoi, s'enfonce dans l'intérieur du Parc national que les colons ont concédé aux indigènes.
Il y rencontre Marama, institutrice câline puis révoltée, le père Claude, missionnaire qui ferme les yeux sur le paganisme latent, et, surtout, Totoko, ex-amant de Marama, mouton noir de sa communauté du fait de sa violence. En leur compagnie et en celle du cannabis et de l'absinthe, il retourne lentement à l'état sauvage, avec des velléités rousseauistes sans illusion.
C'est un livre étonnant que nous livre Geoff Cush, une fantaisie humoristique sur Anglais et Français, une peinture des années 1930 mais aussi une réflexion sur la colonisation, sur la volonté de supériorité des Pakehas (Blancs) sur les Maoris et la fierté belliqueuse de ces derniers. Un livre cruel qui nous dit aussi que Gauguin pervertissait les filles des îles et aurait été un criminel s'il n'avait été peintre, qui rappelle que Liautey croyait en l'amitié et fut trahi puis limogé... un livre anticlérical, désabusé, d'un cynisme bien dissimulé sous les paysages luxuriants.