Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
Au pied du Puy-Violent dans le Cantal, à Saint-Paul de Salers, dans la chaleur de ce mois d'août 1914, les hommes se résignent à partir pour la guerre, là- bas, loin. Les dernières consignes sont données aux femmes et aux enfants, même si on pense revenir avant l'automne, les travaux de champs ne patienteront pas.
Chez les Landry, le père est mobilisé, ne reste que Victor toute juste quinze ans, en tête à tête avec sa mère et qui ne peut compter que sur Léonard, le vieux voisin devenu son ami. Dans une ferme voisine, c'est le fils qui est parti laissant son père, Valette, à ses rancoeurs et à sa rage : une main atrophiée lors d'un accident l'empêche d'accomplir son devoir et d'accompagner les autres hommes.
Même son frère, celui de la ville, est parti à la guerre. Il a envoyé Hélène et sa fille Marie se réfugier dans la ferme des Valette.
L'arrivée des deux femmes perdue va bouleverser l'ordre immuable de la vie dans ces montagnes.
L’action de « Glaise » se déroule durant la 1ère guerre mondiale, mais ce n’est pas un livre sur la guerre. Pas de fronts, pas de tranchées, pas de charniers.Mais la guerre y est présente par ses conséquences pour ceux qui restent.
Cantal ,loin du front , un hameau , plusieurs fermes
• Celle de Victor Lary, parti à la guerre, laissant derrière lui sa femme Mathilde et son fils qui doivent prendre le relais , s’occuper de la ferme . Joseph 15 ans, du fait du départ de son père « devient un homme avant l’âge d’homme ».
• Celle, plus grande, des Valette. Lui, n’est pas parti à la guerre du fait d’une infirmité. Il est aigri, jaloux. Son frère lui a envoyé sa femme Hélène et sa fille Anna, histoire de les éloigner de la guerre. On va dire que la rencontre de ces 2 univers (rural et ville) est compliquée.
Dans ce roman , il est question de secrets de famille, de non-dits, de drames , de jalousie, d’amour.
J’ai aimé cette très belle histoire. Ces relations familiales complexes. Cette vie rythmée par les travaux de la terre
Ce quotidien dur , ces gestes répétés. Le lien entre la terre et l’homme
J’ai aimé la rencontre d’Anna et de Joseph, partagé entre enfance et âge adulte, entre amour et obligations
J’ai aimé ces personnages, leurs conflits intérieurs. Cette tension qui monte.
Et toujours cette écriture belle et sensible.
Il y a du tragique dans ce très beau et sombre roman (comme souvent chez Franck Bouysse) ; les personnages sont très beaux, la nature présente.
Une fois encore avec cet auteur, ma chronique arrive après une longue série d'autres; je ne commettrai donc pas de résumé, d'autres l'ayant très bien fait avant moi.
Comme tous les romans que j'ai lus de Franck Bouysse, la violence est latente tout au long du livre jusqu'à ce qu'elle éclate sans retenue à la fin; la métaphore de l'orage qui commence et clôt le récit amplifie l'atmosphère de menace qui plane et que Franck Bouysse parvient si bien à instiller.
On retrouve les thèmes chers à l'auteur (fermes isolées, dureté de la vie, personnages taiseux, aigris, cachant des secrets) mais cette fois l'histoire des personnages s'inscrit sur fond de Première Guerre Mondiale, violence institutionnalisée, qui arrache humains et animaux à leur terre et à leur famille. C'est la guerre, indirectement, qui est le déclencheur de tous les drames qui se jouent dans le roman : chaque personnage a vu sa vie changer, être détruite par cette boucherie qui s'annonce. C'est la guerre, également, qui change le statut des femmes dont Mathilde est le symbole : elles ont du assurer les responsabilités et le labeur des hommes partis à la guerre, en plus de leur rôle de mère.
Au milieu de ce temps de malheur, de cette terre de malheur, apparaissent quelques lueurs de tendresse et d'amour (relation quasi-filiale entre Joseph et Léonard, premier amour de Joseph, Mathias qui vient mettre les pas dans ceux de son amour mort) qui s'éteindront brutalement à la fin du roman comme si la douceur n'avait pas sa place ni dans la campagne française de 1914, ni dans l'univers très noir de Franck Bouysse.
De temps en temps, apparaît un court dialogue d'amour, en italique, sans que nous sachions qui sont les protagonistes; l'auteur maintient le mystère et la curiosité, jusqu'à ce qu'il nous dévoile la réponse surprenante à la fin du roman.
Loin des excès lyriques et lexicaux de "Plateau", j'ai retrouvé, ici, avec plaisir, le style poétique de l'auteur qui sait façonner les réactions de son/sa lecteur/trice comme on pétrit la glaise pour faire émerger une création.
Les fermes se dépeuplent en ce début de vingtième siècle. Les hommes valides partent au front , laissant derrière eux les terres au soin des femmes et de ceux que leur âge ou leur piètre condition physique exempte de la boucherie future.
La vie est rude, les travaux pénibles. Pas de place pour les sentiments, jamais dits, fussent-ils éprouvés.
Deux femmes de la ville trouvent refuge au coeur de cette campagne hostile. Mère et fille sont accueillies plus pour leur contribution financière que pour les liens familiaux qui les rattachent aux fermiers. Deux bouches quasi inutiles à nourrir. Pourtant c’est ici qu’Anna découvre la chaleur du sentiment amoureux, dans les bras de Joseph que ses quinze ans ont mis à l’abri du combat. Sous le regard hostile et inquiétant de Valette, l’oncle de la jeune fille, réformé pour avoir perdu accidentellement l’usage d’une main, animé d’une colère et d’une frustration permanente, le jeune couple tente de vivre cet amour naissant.
C’est sous un soleil ardent que se déroule cette sombre histoire familiale, dans un décor rural âpre et abrupt. Le contraste des personnages, de la naïveté obstiné de Joseph, et de la perversité malsaine de Valette construit un cortège romanesque prenant. On vit avec Anna l’angoisse de la menace permanente du fermier.
En arrière-plan, la guerre, vue sous l’angle des modifications profondes des rôlesour les femmes qui se retrouvent à la tête des exploitations, sans toutefois prétendre à une émancipation quelconque.
Dialogues minimalistes, comme le sont ceux des taiseux, description minutieuse de ce que la nature peut offrir au regard de celui qui veut l’observer, le roman constitue une incroyable immersion au coeur d’ une nature du temps passé, avec une connaissance du milieu bluffante.
448 pages Le livre de poche 26 septembre 2018
Août 1914, au cœur du Cantal, les hommes sont mobilisés. Joseph, 15 ans, reste à la ferme familiale avec sa mère et sa grand-mère. Dès les premières pages, un terrible orage s'abat sur la campagne, n'augurant rien de bon...
Heureusement que Joseph peut compter sur l'amitié de Léonard, un vieux voisin qui lui donne toujours de bons conseils et sait prendre le temps de l'écouter.
Dans une troisième ferme, vit la famille Valette. Seul leur fils est parti à la guerre, le père Valette ayant une main atrophiée. C'est un homme aigri, souvent ivre qui rumine bien des rancœurs... Les Valette n'ont pas eu d'autre choix que d'accueillir leur belle-soeur et leur nièce, Anna.
Tout ceux qui sont restés dans les fermes vont devoir cohabiter tant bien que mal, on va assister à des scènes émouvantes entre Joseph et Anna, mais aussi à des scènes terriblement noires.
Un roman saisissant dans lequel couve une tragédie que l'on sent monter au fil des pages, j'ai souvent retenu mon souffle, me demandant si ce que je croyais voir venir allait bel et bien avoir lieu. Une histoire servie par une langue admirable, toute l'authenticité du lexique choisi pour créer des dialogues bien ancrés dans la ruralité entre les personnages, et la nature, si bien décrite, partout présente. Un énorme coup de cœur.
La guerre de 1914 a besoin de chair à canon, et elle s’approvisionne dans le Cantal, chez les Landry où elle enrôle Victor,le père et dans la ferme voisine, chez les Valette, le fils Eugène. L’exploitation de la ferme familiale des landry repose désormais sur les épaules de Joseph, 15 ans et de sa mère Mathilde, parfois aidés par Léonard, un vieux voisin sympathique et serviable. Du côté des valette, le père handicapé d’une main, irascible, alcoolique et sa femme accueillent leur belle sœur Hélène dont la mari a été également mobilisé et sa fille Anna pour les éloigner du front trop près de chez elles. Franck Bouysse, avec sa qualité d’écriture nous embarque dans l’intimité de cette France rurale avec des personnages superbement campés et une histoire où Joseph et son guide moral, le vieux Léonard ont la part belle et affrontent la bêtise et la méchanceté incarnée par l’horrible Valette. Amitié, amour et résilience sont présents à chaque page et atténuent la noirceur du roman.
Il devrait être écrit à la fin du livre : Attention aucun animal n'a été blessé pour la publication de ce livre ! lolll Bien évidemment, je plaisante ... mais les 1ères victimes de ce livre sont bel et bien avant tout les animaux ! Que de massacres, de barbaries et d'insanités !!!!
La plume de Franck Bouysse est très belle, il trouve toujours le bon mot en référence à la région, au domaine spécifique ... Biensur qd on ne connaît pas la région ou la spécificité dont il parle, on fait comme moi ;) le dico juste à côté ... En plus de la lecture, on apprend et ça j'adooore !
Superbe roman noir sur l'enfermement, le bonheur impossible , l'incapacité à communiquer par des mots dans un monde rempli de rancoeurs.
Selon la définition du dictionnaire, la glaise est une terre grasse, compacte et plastique.
C’est dans cette terre que les maris, pères et fils d’un petit village du Cantal, envoyés dans les Ardennes en 1914, vont creuser les tranchées censées les abriter.
C’est dans cette terre que ceux restés au village, c’est à dire les vieux, les très jeunes adolescents et les réformés, vont devoir semer, récolter, essayer de survivre.
Joseph, 15 ans, voit reposer sur ses épaules le sort de la ferme familiale après le départ à la guerre de son père. Il sera aidé par un vieux voisin, Léonard, ainsi que sa mère Mathilde, une femme dure à la tâche.
Il devra apprendre à composer avec le propriétaire de la ferme voisine de la sienne : Valette, dont la main mutilée le tient loin de la guerre. C’est un homme dangereux, plein de hargne, de violence et de rancoeur.
L’arrivée dans la ferme de Valette de la femme de son frère et de sa nièce adolescente, venues y trouver refuge, va bouleverser la donne.
Joseph trouvera l’amour auprès d’Anna ; Valette et sa femme verront leurs penchants sombres s’exacerber.
Si l’histoire est bien construite, le style de l’auteur impeccable, je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à progresser dans la lecture de ce roman. Le sentiment parfois de m’enfoncer moi aussi dans cette glaise.
Peut-être n’était ce pas le bon moment pour moi de découvrir ce roman.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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