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Paysagiste et peintre intimiste, marqué par le symbolisme, Georges Le Brun (1873-1914), originaire de Verviers en Belgique, apprend très tôt à peindre par l'aquarelle. Il ne cesse alors de pratiquer le dessin, notamment comme préparation à ses peintures : carnets, feuilles d'études, mais aussi grands dessins où perspective, échelle et dégradés de tons sont soigneusement calculés. Après un séjour à Bruxelles, Le Brun s'installe dans la Haute Fagne, région rurale de Wallonie.
A l'instar de nombreux autres artistes, il pense y trouver une vie apaisante, atemporelle, à même de nourrir son art, dans le grand courant primitiviste qui imprègne l'art moderne au tournant du siècle dans toute l'Europe. Le Brun peint des paysages, des scènes de la vie rurale, des intérieurs intimistes : paysans silencieux occupés à des gestes ancestraux, études de bûcheron, de faucheur, d'éplucheur., mais aussi paysages aux figures soit absentes soit minuscules, remarquables par leur absence de mouvement et leur « immanence ».
L'artiste ne cherche pas à idéaliser mais au contraire à être vrai, à capter le point de vue le plus juste. Il observe, longtemps, patiemment, sans élaborer de discours social. La permanence de la vie rurale le séduit. En cela, son oeuvre évoque Millet et Pissarro, qui au-delà de leur engagement social, représentent le rythme ancestral du travail de la terre et l'harmonie entre paysans et nature. Le Brun partage aussi avec Pissarro l'esprit de synthèse, la sûreté du trait, la recherche de précision.
Il nourrit également une passion pour la lumière, proche des impressionnistes défendus dans ses articles. Toute sa vie, en effet, Le Brun écrit des textes qui témoignent de ses prises de position antiacadémiques et de ses connaissances approfondies en art. Ses lettres d'Italie, ses récits de voyage et ses articles de presse notamment pour L'Art moderne, démontrent une écriture savante. Une production littéraire qui contraste avec l'image répandue du peintre, tout entier absorbé par la vie simple des Ardennes.
Cette double identité, de bourgeois intellectuel et de peintre rustre, crée l'ambiguïté qui entoure la personnalité et l'art de Le Brun. Il meurt sur le front de l'Yser au début de la Première Guerre mondiale.
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