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L'affection respectueuse, que porte à la mémoire de Souvorov une nation entière, jusqu'à ce jour, est digne d'intérêt. La trace laissée en Russie, par ce petit maréchal, paraît ineffaçable.
Depuis sa mort, tous les succès militaires russes sont attribués par les historiens de ce pays, au respect des principes de Souvorov et toutes les défaites, invariablement, à l'oubli de son testament.
N'est-il pas significatif, qu'en 1941, dès son premier discours de guerre, Staline évoque sa mé- moire, qu'en 1942 lorsque la marée germanique est sur le point de submerger la Russie, son nom est donné à la décoration qui doit récompenser les plus braves parmi les défenseurs de la Patrie. N'est-il pas également digne d'intérêt que les lycées militaires actuels où sont élevés les futurs officiers sovié- tiques, portent le nom des « Écoles Souvorov ».
Souvorov est peu connu en Europe et mal connu.
Certains lecteurs, après avoir parcouru cette étude, diront qu'au fond, il n'y a rien de nouveau dans cet enseignement de Souvorov. Toutes ses idées ont déjà été exprimées par quelque grand ca- pitaine.
C'est profondément exact. Souvorov n'a rien « inventé ». L'art militaire, vieux comme le monde, obéit à quelques principes généraux immuables. Les procédés évoluent, les principes demeurent.
N'est-on pas surpris, à la lecture de Sun-Tse, mort quelques milliers d'années avant Jésus-Christ, de trouver des idées exprimées depuis par Jules César, Gustave-Adolphe, Napoléon ou Montgomery.
Rien d'étonnant à cela. Le facteur essentiel de la guerre reste l'homme. Or, la nature humaine conserve éternellement les mêmes propriétés. Aussi, l'étude du problème et l'expérience dictent tou- jours les mêmes conclusions. Les principes de la guerre sont immuables. Ils sont simples et semblent être à la portée de tous. « L'art de la guerre est simple et tout d'exécution », disait Napoléon, et pour- tant, de vrais grands capitaines sont très rares.
Dans cette courte étude sur Souvorov et sa doctrine, nous avons voulu, le plus souvent possible, laisser la parole au Maréchal. La gît la difficulté.
Le langage employé par Souvorov est à ce point original, qu'il a donné naissance, en Russie, a un style particulier « Style Souvorov ». Ce style est tellement laconique, tellement énigmatique, qu'il faut, avouons-le, le relire plusieurs fois pour en saisir le sens.
Dans ses enseignements, Souvorov s'adresse à tous et veut être compris de tous. Son langage est donc, avant tout, à la portée du plus faible, du paysan-soldat. Il agit par suggestion, ses phrases sont courtes, simples, parfois volontairement enfantines ; vigoureuses comme des coups de sabre, faciles à retenir.
Il emploie d'ailleurs volontiers des expressions étrangères qu'il naturalise ironiquement à sa ma- nière. Faut-il s'étonner que Souvorov soit resté totalement incompréhensible à un grand nombre d'écrivains mil
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