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L'hiver en cette année 1962 à Londres est terriblement froid. Le déménagement est inachevé, l'appartement inconfortable. Aucun ami, pas de téléphone, tout juste de jeunes enfants malades. Sylvia est seule. Ted, son mari, est si loin. Ted l'infidèle, qui n'est plus là pour la secourir. Elle peuple de poèmes ses longues nuits sans sommeil. Chante l'heureux temps de leur mariage, le vieux manoir de Court Green, niché dans la campagne anglaise, en célèbre les fleurs du jardin, les fruits du verger, la douceur des jours ... Et pleure son amour perdu. Sylvia est submergée par la tristesse et le désespoir. Elle se sent happée par les démons de la dépression qui la poursuivent depuis si longtemps. Pour Frieda et Nicholas, ses enfants, elle se doit de résister. Elle veut croire en une vie nouvelle, au retour de l'été, des abeilles, du soleil. Mais cet hiver 1962 à Londres est décidément froid, trop froid.
Parcourir "Froidure", y entrer, c'est contempler une œuvre d'art. Derrière la beauté du roman, se dessinent les qualités techniques de l'auteur. Dès les premières lignes, on se sent pris dans ses filets, on se sent envoûté.
Un vocabulaire d'une précision de dentellière, un phrasé harmonieux, des mots précisément choisis et organisés, une écriture limpide et bondissante font de ce roman une petite merveille
Il n'est pourtant pas si évident de raconter avec autant de lyrisme une, somme toute, banale histoire d'adultère. Car, il s'agit bien de cela au départ. Sylvia PLATH, romancière américaine quitte son mari, Ted HUGHES, poète également,.qui l'a trompée avec l'une de leurs amies. Elle quitte le domicile conjugal avec ses deux enfants pour s'installer dans un appartement autrefois occupé par YEATS. Et là, nous allons vivre la lente descente de Sylvia dans les enfers de la dépression.
Nous suivons, au fil des jours, sa vie, lente et difficile à continuer. Le regard qu'elle porte sur les choses, ses actes les plus simples reflètent le sceau de cette souffrance du cœur contractée par la découverte de la trahison. Chacun de ses gestes, décrit avec un art consommé, semble né d'un film au ralenti. Cette souffrance, ces difficultés à rester à la surface de l'eau quand le seul désir qu'elle a est de se laisser couler relève d'un grand art. Il règne sur ce récit comme une ombre de folie. Les mots, parfois seulement juxtaposés, forment des réflexions dénuées de sens commun. On se laisse aller dans ce labyrinthe et l'on imagine cette lente descente vers une fin inexorable.
Une lumière enchantée d'hiver emballe de douceur les aspérités de la pensée de Sylvia. Seuls les enfants apportent une note de joie. Le mari, pourtant cité, reste le personnage à la fois important et absent.
Ce roman est une véritable réussite.
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