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Il était vivant. Il est mort. La vie devient du passé; la mort reste perpétuellement au présent.
Il savait que la seule durée est de ce côté là, et que l'homme, à la fin, tombe dans l'histoire. Ce mouvement - dont il ne parlait guère qu'en employant le mot «entropie» - anime toutes ses images.
Qu'il représente la danse, le combat, le «carnaval», c'est toujours la même force qui l'intéresse :
Celle qui décompose la vie. Mais, étant un créateur, il ne l'exprime que pour en renverser le sens :
L'instant de la décomposition, si on le fixe, est aussi bien celui de la recomposition. L'oeuvre, de par son immobilité, est en effet le champ ambigu d'une tension réversible, tout pouvant s'y lire autant comme un avant que comme un après.
François Lunven est mort en 1971 à la veille d'une exposition importante, il avait 29 ans. Considéré comme l'un des plus grands graveurs du XXe siècle, il a laissé une oeuvre aussi rare qu'importante.
Les textes que Bernard Noël lui consacra sont ici rassemblés. Au-delà de l'amitié, le temps, la mort et la langue y trouvent une épaisseur commune : «quelque chose se joue durablement du côté de cette chimère où la vie s'use à imaginer la fin de l'absence. Il est vrai que tout cela n'a rien à faire ici puisqu'il s'agit de remplacer le disparu par du savoir, ou de superposer en tout cas du savoir à ce qui ne relevait autrefois que de l'intimité. Ce qui lia deux humains ne se limite pas à leur lien :
à partir de lui se propage un peu d'universel, sinon que serait l'amitié ?»
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