À sept ans, Célia n'est déjà plus une petite fille comme les autres. En regardant vivre ses parents, elle a deviné que, si le bonheur existe, il doit se cacher très loin de chez elle. Son papa, patron de café, est rongé par l'amour sans retour qu'il porte à sa femme trop légère. Sa maman porte des robes à fleurs voyantes et sourit aux hommes, à tous les hommes. À commencer par les clients du bar, incrustés au comptoir comme dans leur vie. Tout cela ne satisfait pas Célia, alors elle part à la recherche d'un peu plus de joie. Le bonheur dédaigne la sienne ? Qu'à cela ne tienne ! Elle décide d'essayer d'autres vies. Une quête qui va l'entraîner dans des fugues de plus en plus longues, de plus en plus périlleuses, de plus en plus lointaines. Puisque Célia est malheureuse, elle deviendra Bouton. Bouton est recueillie par une vieille paysanne aux allures de sorcière qui prévient aussitôt ses parents. Bouton malheureuse, elle devient Lumière. Puis Fugue, Manège, Belle... son chemin croise celui d'une clocharde philosophe, d'un forain noir, et enfin, dans le jardin des voisins de ses grands-parents, celui de Hugo, un petit garçon qui, comme elle à présent, avoue tout juste dix ans. Ils ont dix ans et ils s'aiment, d'un brouillon d'amour qui, Célia en est sûre, recèle le grand secret, celui du bonheur. Mais ce n'est pas pour tout de suite car sa grand-mère meurt et sa fragile maman bascule dans la folie. De femme-enfant, elle redevient petite fille. Une vieille petite fille qui ne quitte plus sa chambre et ses poupées cassées. À treize ans, Célia rencontre Destin. Il est algérien, beau comme un ailleurs. Célia perd sa virginité et se perd encore un peu plus. Car le plaisir lui-même est décevant, alors elle s'en va encore. L'adolescente passe des bras de son professeur de français qui veut l'épouser à ceux d'Arthur, un peintre qui ne l'aime pas. Elle a quinze ans et sa quête est devenue errance. À force d'en changer, elle ne connaît plus son nom. Quelques années encore et, en rendant visite à son grand-père, elle croise à nouveau Hugo. C'est presque un homme maintenant. Suffisamment en tout cas pour la sauver en lui donnant son nom. En épousant celui qu'elle a toujours aimé, Célia redevient Célia, une jeune femme heureuse, tout simplement.
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