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Helen, dix ans, et Flora, sa baby-sitter pour l'été, se trouvent toutes deux isolées dans la maison familiale en passe de tomber en ruine, tandis que le père d'Helen est absorbé par une mystérieuse mission. À trois ans, Helen a perdu sa mère, et sa bien-aimée grand-mère, qui l'a élevée jusque-là, vient également de mourir. Cette enfant à l'imagination affûtée veut à tout prix garder intacte la demeure, avec tous les fantômes qui en font la légende.
Flora, prête à fondre en larmes à la moindre occasion, est déterminée à choyer Helen. La férocité de leur relation et ses conséquences continueront de hanter Helen pour le restant de ses jours
Helen est une fillette de 10 ans intelligente et mûre pour son âge. Elle est orpheline de mère et vient de perdre sa grand-mère qu’elle chérissait. Lors de l’été 1945, elle se retrouve seule pendant les vacances alors que son père part travailler à une mission secrète pour l’armée américaine. Afin d’assurer sa garde, son père demande à Flora, une jeune cousine de 22 ans, de venir dans la maison familiale en Caroline du Nord la garder.
La narratrice, Helen, se remémore ce huis clos qui a changé sa vie. Dès les premières pages, l’auteur nous fait comprendre que quelque chose d’irrémédiable va se produire pendant cet été et que cet évènement fatidique fera voler en éclat l’enfance de cette fillette et qu’il restera à jamais gravé dans sa mémoire.
Cette histoire familiale est très bien écrite et les différents rebondissements en fait un roman captivant malgré des allers et retours vers l’avenir parfois difficiles à suivre. J’ai aimé ce personnage de Flora si gentille et prête à tout pour satisfaire cette petite cousine ingrate mais également, malgré son côté « peste » envers cette nounou bienveillante et son entourage, j’ai pris en affection Helen, sûrement trop mure pour son âge et qui payera chèrement son inconscience.
Vraiment un excellent roman, c’est avec subtilité que l’auteur tient en haleine le lecteur et dès les premières pages j’ai été happée par l’histoire.
Flora est un récit inquiétant, où les sentiments d'isolement et d'étouffement sont palpables.
Si le personnage de Flora s'appréhende aisément - elle est une jeune fille douce et en mal d'assurance -, celui d'Helen est au contraire plus difficile à cerner : à 12 ans, la petite fille donne le sentiment d'être une personne adulte, elle s'exprime comme telle et a sur son entourage une vision condescendante étrange.
A mesure que le récit progresse, la tension se renforce, on sent poindre la perspective d'une tragédie, sans en saisir les contours ni la mesure.
Au final, Flora a constitué une lecture prenante, qui m'a fait penser par moments à certains romans de Françoise Sagan ou de Ian McEwan.
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/05/flora-gail-godwin.html
Helen, la narratrice, revient sur l'été 1945, l'été de ses onze ans, période très particulière qui a bouleversé son existence pour de multiples raisons. Helen vit avec son père qui se refuse à la laisser seule dans la grande maison isolée, durant cet été, il fait appel à Flora, une cousine de son épouse décédée. Ce roman raconte la relation entre Helen et Flora, un mélange de perversité et d’admiration réciproque, un texte sur l'enfance, sur le fil ténu qui sépare l'innocence de la cruauté. Helen est dévastée par la mort précoce de sa mère, la mort soudaine de sa grand-mère, la maladie d'un ami atteint de poliomyélite, le déménagement d'un autre ami. Elle apprend le deuil, la séparation, l’absence et en parle avec ses mots de petite fille. C’est touchant mais souvent très agaçant. Les lettres de la grand-mère apportent une autre facette du personnage en décrivant une enfant farouchement imaginative qui se crée des liens au fil de cet été et quitte le monde de l’enfance pour celui des adultes, tout en communiquant avec l’au-delà.
Malgré le joli style de l'auteure, la pertinence dans l'analyse des sentiments et quelques bons moments de tendresse avouée, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à cette petite fille capricieuse et perverse.
En fait, je n’avais pas envie de la retrouver au fil des pages et je rêvais pour elle d’une bonne fessée !
Même si ce roman est ancré dans l'Amérique des années 40, il fait immédiatement penser à certains romans victoriens avec le duo que forment la gouvernante peu fortunée et son élève d'un milieu social plus aisé, même si le père d'Helen n'est pas riche non plus. D'autant que comme souvent dans ces romans-là, la maison est décrite comme ayant des traits humains, elle est ici doté de sentiments. Dans cette variation de l'idée du huis-clos puisque d'autres personnages viennent rendre visite jeunes filles, on sent la tension monter et cette tension est liée à l'histoire mais aussi à l'Histoire, sauf que le lecteur ne l'apprendra qu'à la fin. C'est un roman sur la perte de l'innocence, 1945 marquant un tournant dans l'histoire d'Helen qui devra vivre avec le souvenir de cet été et dans l'histoire de l'humanité pour qui rien ne pourra jamais plus être comme avant. J'ai beaucoup aimé les 180 premières pages de ce roman, un peu moins la fin mais je pense que c'est une sensation tout à fait personnelle. Je préférais que le roman ne soit pas trop ancré dans la réalité, alors que c'est à mon avis le but de l'auteure de relier cette partie presque intemporelle à la seconde guerre mondiale. J'ai beaucoup aimé les deux personnages féminins, ainsi que le choix des personnages masculins qui sont un prêtre, un ancien soldat ayant souffert d'un handicap et un père absent à cause de l'effort de guerre, ce qui est représentatif des temps de guerre. J'ai aussi beaucoup aimé l'importance de la maison, j'ai l'impression que c'est un élément qui me plaît de plus en plus dans les romans. C'est un roman sur l'absence, la jalousie, le fossé qui séparent enfants et adultes, l'irrémédiabilité et la culpabilité individuelle et collective. Je finis avec une remarque de traduction, j'ai été un peu étonnée de trouver l'expression "Je suis la cousine à la mode de Bretagne d'Helen" dans la traduction d'un roman américain. Cela m'a paru étrange. Pour moi, c'est un vrai texte littéraire, pas vraiment à cause de la plume de l'auteure mais surtout dans le choix du traitement des thèmes et dans les références littéraires qui vont d'Henry James à Emily Brontë (sans qu'ils ne soient nommés).
"Helen, dix ans, et Flora, sa baby-sitter pour l’été, se trouvent toutes deux isolées dans la maison familiale en passe de tomber en ruine, tandis que le père d’Helen est absorbé par une mystérieuse mission. À trois ans, Helen a perdu sa mère, et sa bien-aimée grand-mère, qui l’a élevée jusque-là, vient également de mourir. Cette enfant à l’imagination affûtée veut à tout prix garder intacte la demeure, avec tous les fantômes qui en font la légende. Flora, prête à fondre en larmes à la moindre occasion, est déterminée à choyer Helen. La férocité de leur relation et ses conséquences continueront de hanter Helen pour le restant de ses jours…"
Helen, la narratrice du roman, nous ramène à l'été 1945, une période particulièrement marquante de sa vie, l'été de ses onze ans, trois mois qui ont bouleversé son existence à jamais. Orpheline de mère depuis l'âge de trois ans, Helen vient de perdre Nonie, sa grand-mère paternelle qui occupait une place essentielle dans sa vie, tout à la fois figure féminine, protectrice, confidente... Elle se retrouve donc seule avec son père, proviseur de lycée, qui doit s'absenter de chez lui pour participer à l'effort de guerre à Oak Ridge. Nonie n'étant plus là pour s'occuper de la fillette, il est évidemment hors de question que celle-ci reste toute seule dans la maison isolée en haut d'une colline. Le père fait donc appel à une cousine de son épouse décédée, Flora, jeune femme de vingt-deux ans qui se prépare à devenir institutrice. Au cœur de ce roman, c'est donc la relation entre Flora et Helen qui se joue, parfois curieuse, parfois drôle, parfois tendue.
"Flora était une compagne facile, prompte à me louer et toujours prête à combler mes désirs. […] Mais elle avait tendance, de façon gênante, à faire étalage de ses défauts, si bien que pour la première fois, je me sentais supérieure à une adulte. Certes, cela me procurait des moments de satisfaction, mais s'accompagnait aussi de tourments. Flora maîtrisait moins bien ses émotions que certains enfants de ma connaissance, et elle fondait en larmes de façon spontanée. Nonie, ma grand-mère, cette maîtresse du langage à tiroirs, disait souvent que Flora possédait le 'don des larmes'. Pour ce que je pouvais en juger, Flora n'utilisait qu'un seul tiroir. Son être semblait entièrement contenu en un même réceptacle ouvert à tous." Flora est à la fois admirative et décontenancée devant l'intelligence et la précocité d'Helen alors que la fillette pense que la jeune femme est à la fois faible et simple d'esprit, et ne se prive pas de la manipuler. "Je me sentais gratifiée de voir mon influence sur une personne ayant le double de mon âge." "Je compris alors que je pouvais la maîtriser avec un simple regard de dédain." "Je savais très bien m'énerver, faire pleurer Flora et obtenir une satisfaction immédiate, mais je devais à présent me contenir pour voir quels bénéfices, j'en tirais."
Sans pitié pour sa jeune baby-sitter, Helen se montre d'abord méfiante puis méprisante et parfois cruelle, malgré quelques rares instants de complicité lorsqu'elle invente un jeu de rôles pour préparer Flora à son métier d'institutrice. La maison qui sert de cadre à ce huis clos est isolée, difficile d'accès, bientôt mise en quarantaine lorsque surgit la menace de la polio et surtout peuplée de tous les fantômes du passé, non seulement Nonie mais aussi tous les Convalescents qui y ont séjourné et ont laissé leur nom aux diverses chambres de la bâtisse. Les récits de la grand-mère sont enchâssés dans le fil du récit. Helen parlait si souvent avec Nonie que sa voix résonne encore à son oreille, qu'elle a l'impression de l'entendre la guider encore et influer sur ses jugements.
L'emploi de la première personne aurait pu – aurait dû – permettre au lecteur de s'identifier à Helen, de vivre l'histoire avec l'intensité de son ressenti et pourtant... Malgré le très joli style de l'auteure, de la pertinence dans l'analyse des sentiments et l'instauration d'une certaine tension dans le récit, un je-ne-sais-quoi empêche le lecteur de s'attacher au personnage, de se passionner pour l'évolution de leurs relations et les événements auxquels ils sont confrontés, comme si tout nous restait un peu extérieur, un peu (trop) lointain et indifférent. Comme si nous aussi nous disions : "nous n'avons pas besoin de leurs fantômes, les nôtres nous suffisent."
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