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Faire le mort et aboyer

Couverture du livre « Faire le mort et aboyer » de Nathalie B. Plon aux éditions Isabelle Sauvage
Résumé:

« L'enfance ça tient mal la route le cheval à bascule M. Culbuto tout chute ». Dans ce « récit » d'une enfance trompée, c'est avec « un jeu des sept familles » que Nathalie B. Plon propose d'abord de jouer, avec les cartes de la mère, la fille (la narratrice) et le(s) père(s).?La mère ? « Maman... Voir plus

« L'enfance ça tient mal la route le cheval à bascule M. Culbuto tout chute ». Dans ce « récit » d'une enfance trompée, c'est avec « un jeu des sept familles » que Nathalie B. Plon propose d'abord de jouer, avec les cartes de la mère, la fille (la narratrice) et le(s) père(s).?La mère ? « Maman a joué à la poupée vrillée désarticulée déshabillée doigts mâchouillés tête dévissée jambe retournée [...] Maman n'a jamais su jouer pour du faux ». Le père ? Il semble bien qu'il y ait plusieurs cartes... Le premier père, « rien d'un pôle paternel pas caresse pas baiser pas chanson douce ». Un père « qui tresse à la boussole cachets matin midi soir ». Ce père aussi, absent et silencieux, « dans sa boîte » - mort ? ailleurs ? (« Ce père au balcon tout basculé par-dessus bord un chausson est resté »). Et mon père, une image, un Polaroïd ?? Celui-là est tout à la fois intime et rêvé : « Mon père dans le vent... », « il est beau mon père il est beau mon père... ». Et jalousement gardé vivant par la (petite) fille, bien malgré la mère. Le père, celui qu'on demande, celui qu'on pourra réclamer « quand je serai grande », reste une carte impensable. Et quoi qu'il en soit, n'étant pas vraiment là, il laisse un face-à-face terrifiant entre fille et mère, où domine plutôt l'impression d'un jeu des sept erreurs.
Alors il y a peu d'issues... « convoquer les chrysanthèmes (il y a prescription) autour de la table et avaler avec la foi les miettes un passé mité [...] inventer sa langue même morte pour avancer son pion » ou « mettre la camisole de force avancer dans le noir - un chantier interdit au public - ». Et la colère, solitaire, et le « devoir » filial : « je à aboyer sous la lune pleine à craquer », « je mourir une autre fois je crier gare malgré je t'aime au museau - aimer maman - pleurer maman - ».
Ce « récit » familial écrit dans une langue bousculée, crue et imagée tout à la fois, secoue les expressions toutes faites pour les réinventer ou leur donner tout leur sens, retrace paradoxalement quelque chose de la magie de l'enfance quand justement celle-ci ne l'est pas, enchantée. Les mots volent drus, les verbes souvent à l'infinitif figent les personnages en objets d'un destin, ballottés par une histoire trop tourmentée pour eux, où il ne reste plus qu'à « Faire avec ça ».

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