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Le récit débute par la capture de l'auteur, le 8 juillet 1916, au nord de la Somme. Pris sous le feu croisé de troupes françaises et anglaises, il est contraint à la reddition et décide de se livrer aux Français.
Transféré d'abord à Toulouse, sous les lazzis d'une foule déchaînée, il entreprend une première tentative d'évasion en direction de l'Espagne. Repris avec son compagnon, l'auteur décrit longuement ses nouveaux compagnons de cellule, hauts en couleurs (Annamites, Zouaves, Turcos, « Nègres », tous accusés de désertion, mais aussi des Belges, des Américains, des Serbes et des contrebandiers français). Après des mois d'enquête préalable, il est déféré devant le conseil de guerre pendant lequel ses compagnons et lui sont défendus par un avocat français qui prend fait et cause pour eux. Ils sont condamnés à 4 mois de forteresse à Avignon.
Puis Kersting tente pour la deuxième fois de s'évader. Lors du transfert dans un autre camp, il fausse compagnie à ses gardiens en sautant du train à hauteur de Lyon. Au bout de quelques jours, il est repris et conduit à Cholet puis à Carcassonne, Barcelonnette, puis Uzès. L'auteur détaille toutes les erreurs qu'un candidat à une évasion ne doit pas commettre et donne des conseils pour contourner les dispositifs mis en place par les autorités françaises. C'est à Annecy qu'il peut les mettre en pratique.
Le dernier tiers du livre est en effet consacré à cette ultime évasion ; préparatifs, traversée de nuit de la campagne française, arrestation de son compagnon, contournement des habitations, franchissement de ruisseaux glacés, nuits dans des fermes abandonnées, ruses pour échapper à la vigilance des douaniers et gendarmes près de la frontière, passage par la montagne enneigée du Salève, défi que, selon lui, personne n'avait encore relevé, jusqu'à l'arrivée en Suisse. À Genève, il passera une dernière nuit dans un cachot du commissariat de police avant de rejoindre l'ambassade allemande et de regagner son pays.
Ce récit permet au lecteur français de sortir de son point de vue tricolore en adoptant celui d'un prisonnier allemand, de voir ainsi les geôles françaises de la Grande Guerre et de partager le regard « ennemi » sur la société française et les événements en cours.
Le livre est à replacer dans son contexte : lorsqu'il parait, des milliers de prisonniers allemands sont encore détenus en France, employés pour certains dans des conditions très difficiles, à des travaux de reconstruction dans le nord de la France.
Le livre de Carl Kersting est représentatif de toute une littérature publiée en Allemagne dès le début de l'année 1919. Le but de cette quantité assez phénoménale de parutions demeurant le même pour tous les livres : prouver que l'armée allemande s'est bien battue, que ses officiers ont tous été d'excellents combattants et de haute tenue contre des adversaires, piètres soldats immoraux. De l'écrasante majorité de ces livres, ressort le sentiment d'étonnement devant une défaite « inexistante ». Cette littérature se veut dans l'esprit de la fameuse déclaration du maréchal Hindenburg devant la commission parlementaire allemande sur les responsabilités de la guerre : « Die deutsche Armee ist von hinten erdolcht worden » (« L'armée allemande a été poignardée dans le dos »).
L'historien Didier Dutailly, fin connaisseur, non seulement de la Grande Guerre, mais également de la Savoie où se déroule l'évasion finale, a enrichi le livre de ses notes et commentaires critiques.
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