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Jean-Paul Colin nous invite à le suivre dans ses Errances, récits de voyage qu'il nous propose comme de brefs romans vrais. Franchir avec lui le temps comme l'espace à travers la France, en vélo, en voiture, en car. Peu importe le véhicule, l'ivresse est la même. Découvrir le banc de la rêverie, Fleurines, La Nonette, Chantilly, Senlis, des Saints bien intentionnés, Firmin, Léonard, Mortefontaine, l'Allemagne, la Roumanie, le Jura en passant par Bagdad. Découvrir aussi que «les paysages gardent les souvenirs», que «l'on peut voir avec les pieds», que Jean-Paul ne manque pas d'humour tandis que Colin rend hommage à Flaubert, Rousseau, Nerval... Et que l'on va hésiter entre «l'exquise solitude» ou «la plénitude offerte par les sites parcourus». Puis il écrit «Il y a les usines où se fabriquent le plaisir et le chagrin du monde, le reste, le reste n'est que littérature», eh bien non, la littérature, la vôtre, reste nécessaire. Longtemps encore, après la lecture de cet ouvrage, nous continuons à planer sur «le nuage rosé de l'île de France», comme persiste ce fameux instant qui suit les musiques de Mozart. Par où commencer le récit d'impressions de voyage ? Surtout lorsqu'il s'agit d'un voyage à bicyclette, durant lequel la fatigue musculaire se conjugue à l'afflux de sensations de toutes sortes pour vous empêcher de bien goûter le charme et l'intérêt du parcours. Ne voit-on pas aussi un peu avec les pieds ? (pardonnez-moi ce prosaïsme). Toujours est-il qu'après m'être élancé vaillamment hors de la capitale, avec mes deux jambes d'agrégatif pas entraîné et ma fringale d'espace pour tout soutien, je ne tardai pas à constater quelle différence essentielle existe entre le vélocipède et l'automobile, différence que, je l'avoue à ma grande honte, j'avais quelque peu oubliée. Ah ! ma vieille 201, malgré ma passion pour ta persévérante validité, je ne savais pas encore combien tu m'étais précieuse ! Mais foin de regrets superflus ! Et que je me fouette un peu de la vanité du sportif-quoique-intellectuel ! Car, parmi mes chers camarades, combien d'agrégatifs, bourrés de science vaine, ne sont pas partis pour des régions lointaines, et surtout pas à bicyclette, comme moi !
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