"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
John Smythe est venu s'installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d'origine de leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Édimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des soeurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d'une voisine pour toute éducation. Menacé d'expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu'il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L'assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants... Ce conte sinistre et délicat culmine en une scène finale d'une intense brutalité qui contraste avec la beauté et le lyrisme discret de la prose de l'ensemble du roman.
Voici un premier roman dont l'écriture est ciselée voire exigeante.
C'est l'histoire de John Smythe, un peu associable, lutteur/boxeur à ses heures, qui vient s'installer avec ses deux enfants adolescents en pleine forêt. Il construit sa maison de ses mains.
Ils sont heureux, libres, indépendants, en marge de la société, en osmose avec la nature et les animaux.
Sauf que le terrain ne leur appartient pas.
Mr Price le propriétaire va employer tous les moyens pour l'expulser. La résistance s'organise.
L'histoire est contée par le fils de John ; C'est poétique, lyrique, il y a de l'amour inébranlable entre le trio mais il y a aussi de la solitude puis de la violence beaucoup de violence.
Une auteure qu'on devrait revoir tellement son écriture est subtile et sa façon de raconter une histoire particulière.
Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama 2021. John s’installe avec ses deux enfants Cathy et Daniel Dans le Yorkshire sur un terrain ayant appartenu à sa femme, mais appartenant maintenant à Mr Price, richissime propriétaire terrien aux pratiques peu orthodoxes. Il y construit une maison rustique en bois et éduque ses enfants en connexion permanente avec la nature environnante. Les ennuis ne tardent pas à survenir suite à la volonté du propriétaire d’expulser les « smythe » et l’histoire bascule rapidement dans un cauchemar violent rendu angoissant par une narration très bien maîtrisée qui retient efficacement l’attention du lecteur.
Un père et ses deux enfants adolescents, Cathy, l'aînée, et Daniel, le narrateur, vivent en pleine nature à l'écart du monde, dans une maison construite de leurs mains sur un terrain ayant autrefois appartenu à la mère, mère d'ailleurs dont on sait peu de choses mais on devine une trajectoire trajectoire tragique.
Cette nature généreuse est magnifiquement décrite dans ce roman qui commence dans l'innocence et l'harmonie pour finir dans une explosion dévastatrice.
La force de l'amour filial et fraternel entre ces trois-là se fracassera contre la bêtise et la cupidité des autres.
Outre cet amour, le roman aborde nombre de thèmes qui viennent habilement servir l'histoire : les luttes de classe, la richesse de la nature, la modernité, le pouvoir, le désir…
C'est un conte poétique, pourtant d'une violence inouïe et en même temps lumineux, avec des personnages forts qui touchent notre cœur.
Une histoire qui reste longtemps en mémoire.
Elmet fut l’ultime royaume celte indépendant d’Angleterre. Jusqu’au VIIe siècle, il constituait un sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi, un peu comme à l'instar de John et ses enfants. Tous trois se sont installés sur le lopin de terre qui appartenait à la mère décédée. Ils y vivent en toute quiétude, en parfaite harmonie avec la nature et surtout à l'abri de tous les regards jusqu'à ce qu'un propriétaire terrien vienne troubler leur existence. Au motif qu'il n'apprécie guère que John joue au justicier, incite les ouvriers agricoles à revendiquer un juste salaire, à refuser de payer des loyers exorbitants, un bras de fer s'engage entre Mr Price et John. L'acte de propriété sera régularisé au profit du fils si et seulement si le père d'une force herculéenne et boxeur occasionnel, accepte de combattre pour ce propriétaire. Régulariser une situation juridique en organisant un combat illégal, un comble !
Elmet est un conte social moderne. Entre sanctuaire mythique et terre de revendications. Tout commence idéalement. Loin des contraintes, des institutions conventionnelles, du brouhaha de la ville, dans un univers verdoyant certes à dompter, mais qui pourvoit aux besoins vitaux d'une singulière cellule familiale. Vivre en quasi autarcie, heureux jusqu'à ce que le monde extérieur vienne perturber ce fragile équilibre. Dès lors, à la douceur succède la violence. À l'insouciance, la dure réalité. Tout implose jusqu'à l'explosion finale. Le tout est parfaitement amené. Fiona Mozley magnifie aussi bien la nature, qu'elle noircit l'âme humaine en saupoudrant le tout d'un soupçon de merveilleux. Elmet est un premier roman qui ne peut laisser indifférent. Il a réveillé chez moi, le souvenir que m'a laissé La ligne verte. Je souhaite à Fiona Mozley le même succès que Stephen King et je remercie Folio de m'avoir fait découvrir ce royaume.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2021/04/mon-avis-sur-elmet-de-fiona-mozley.html
John Smythe vit illégalement avec ses enfants, Daniel et Cathy, sur une terre du Yorkshire appartenant à son ancienne épouse. Ils ont déménagé ici après le décès de leur grand-mère. Ces derniers font de ce terrain désolé un lieu de vie confortable en totale autarcie, se nourrissant grâce à la chasse et aux cultures. Cependant, Mr Price, riche investisseur immobilier et réel propriétaire du terrain, s’est donné comme objectif de les expulser. Chose qu’il mettra à exécution sauf si John, ancien boxeur clandestin, accepte de reprendre du service pour lui faire gagner des sommes faramineuses. Tourmenté par ce terrible dilemme, John doit choisir entre se soumettre à cet homme odieux pour donner un toit à ses enfants, ou se battre coûte que coûte pour faire valoir ses droits.
Au cœur de l’Angleterre du Nord, c’est tout un monde que Fiona Mozley illustre devant nos yeux qui ne demandent qu’à découvrir. Nous sommes propulsés dans l’univers des combats clandestins, de la violence, et des paris, mais aussi dans la vie de John, ce père qui élève seul ses enfants. Si le cadre temporel n’est pas indiqué, j’ai toutefois eu l’impression de baigner entre deux époques : d’un coté un espace très lointain où l’homme se suffit à lui-même en pleine nature grâce à la chasse, et de l’autre un espace moderne où évoluent villes, véhicules, finances et magouilles. Il ne va sans dire que cela me penser à une intrigue rappelant le mythe des âges de l’humanité où s’opposeraient allégoriquement âge d’or et âge de fer.
Les personnages sont également rattrapés par leur destin, et je dois dire qu’en tant que lectrice cela nous tient en haleine jusqu’aux dernières pages. Ils subissent une situation qui oppose encore et toujours la classe sociale des riches et celle des pauvres. Sans cesse, la nature luxuriante, abondante et gratuite se confronte à la violence et aux méfaits terribles qui divisent les Hommes.
Pourtant, dans ce chaos infernal subsiste cet amour inconditionnel fraternel et paternel pour taper aux portes de ceux qui n’en connaissent pas la contenance. C’est un cri retentissant et pudique au cœur de ce roman. Mozley casse les codes du roman familial qui unit bien souvent une mère et ses enfants, non un père. Cette famille a une teneur particulière : Daniel est sensible, frêle, Cathy est musclée, puissante, et John est un charmant mélange. Loin d’être un roman à émotions malgré son aspect dramatique, Elmet sublime le sacrifice pour en faire l’élément majeur de ce cette histoire.
Texte lu car l'auteure aurait dû venir lors du festival 2020 des Lettres du Monde, en espérant que ce soit que partie remise.
John Smythe, un père, colosse, qui fait des matches de boxe, quelques boulots manuels, physiques, s'installe dans une forêt avec ses deux enfants : Daniel, un jeune garçon, le narrateur, aide son père à construire leur future maison, jardine, cuisine. Cathy, sa grande soeur, costaude, aime cette vie sauvage, loin de la ville et de l'école, où ils ne vont plus d'ailleurs. Tous les matins, ils vont chez Vivien, amie de leur père, qui tentent de les éduquer un peu.
Un texte à l'image des films de Ken Loach : des régions minières, où depuis la fermeture des mines, en déperdition, beaucoup de chômeurs, devenus journaliers, miséreux, payés à la tâches par des fermiers qui font leur loi.
Le père va devenir une sorte de Robin des Bois et les "petites gens" vont essayer de s'unir face à Mr Price, l'un de ses gros propriétaire terriens.
L'organisation d'un match de boxe clandestin devrait être l'objet d'une négociation : augmentation des salaires des journaliers, gel des loyers et laisser tranquille cette famille qui veut rester vivre isolés dans la forêt deviennent l'enjeu de ce combat. Mais l'assassinat d'un des fils de Mr Price va entraîner un regain de violence.
Un texte terrible sur les conditions de vie dans ces zones, où les mines ont fermées, où les ouvriers survivent avec les aides sociales, isolés, mais aussi un poétique avec la description de la nature et de la survie de ce père et enfants, dans la forêt et qui vivent grâce à la terre, à la chasse.
Un conte social, politique, poétique avec une belle écriture, très bien traduit.
« Elmet était le dernier royaume celtique indépendant d’Angleterre. […] Au XVIIème siècle, cette étroite vallée […] était encore« une mauvaise terre », un sanctuaire pour ceux qui souhaitaient échapper à la loi. » Ted Hugues (Remains of Elmet)
C’est sur ces terres imprégnées de légendes que Fiona Mozley a choisi d’implanter son histoire et quelle belle réussite ! Sur la couverture ces quelques mots du Sunday Times : « Quand Hansel et Gretel rencontrent le Parrain » résument à eux seuls l’atmosphère de ce premier roman envoûtant.
C’est un véritable drame social qui se joue dans une Angleterre rurale où les propriétaires terriens nantis peu scrupuleux privent de leurs droits les plus vulnérables.
Sur fond de lutte de classes apparaissent Cathy, Danny et leur père John Smythe, un colosse qui gagne sa vie avec des combats de boxe à mains nues. Il s’est retiré dans la forêt avec ses enfants, faisant de ce lieu leur royaume, en marge de la société, souhaitant vivre en harmonie avec la nature et ne rien devoir à personne qu’à eux-mêmes. Mais leur quête d’idéal se transforme en combat pour une parcelle de terre et glisse peu à peu vers la tragédie.
Fiona Mozley construit ses personnages avec beaucoup d’empathie, des personnages complexes et attachants unis par des liens familiaux très forts, par une tendresse toute en retenue. Le père, taiseux, tout entier dévoué à ses enfants, Danny, le narrateur, garçon étrange à l’identité un peu floue, et Cathy qui ne supporte pas l’injustice, une colère viscérale et électrique chevillée au corps, digne héritière de son père.
Elle maîtrise son intrigue de manière brillante, transforme l’atmosphère bucolique du départ en faisant monter la violence inexorablement. Emmène le lecteur dans un mélange de cauchemar et de merveilleux. Joue sur les contrastes, la vie et la mort, le bien et le mal, l’amour et la haine, la révolte des opprimés contre les puissants, la beauté et la poésie de la nature et la violence qui surgit sans crier gare.
Un roman noir, gothique, intemporel, tel un conte cruel empreint de lyrisme qui mérite vraiment un détour sur les terres du Yorkshire, véritables paradis perdus. La scène finale est digne d’un western. L’image d’une silhouette fantomatique nous poursuit au-delà de la lecture et n’en finit pas de nous hanter.
Fiona Mozley, toute jeune « plume » de la littérature anglaise signe un roman passionnant et captivant.
Un véritable coup de cœur pour moi !
Elmet, le joyau celte brille encore sur la cime des arbres et dans les cours d’eau de ta forêt. Il s’échappe, murmure et grandit dans le coeur des nouveaux héritiers de ton royaume perdu.
C’est un bout de terre et une cabane, non loin d’une voie de chemin de fer qui relie Londres à Edimbourg.
L’ultime refuge d’un père, John Smythe, et de ses deux enfants adolescents Daniel et Cathy.
Ce sont les nouveaux Robinson de ta terre bénie et accueillante s’il n’y rodait pas un ogre assoiffé de sang et de pouvoir, le propriétaire terrien M. Price flanqué d’une poignée d’hommes armés qui font la loi.
Comme j’ai aimé lire le bouleversant roman de Fiona Mozley à la fois poétiquement attachant et terriblement violent. C’est un conte gothique comme je les adore où la forêt de sapins remplace la lande du Yorkshire chère à mon coeur !
J’ai adoré l’univers poétique et l’écriture charnelle de l’autrice dans le sens où la nature prend lentement possession des corps, le chemin naturel de l’altérité. Dans le regard de Daniel qui est le narrateur, la peau devient lumière, les yeux ont la couleur du ciel, la terre se confond avec sa sœur.
Les corps des adolescents grandissent dans ce nouvel éden et celui du père vieillit au rythme naturel des saisons.
Non, le danger ne vient pas de ta forêt, Elmet mais d’un homme veul et sanguinaire, la personnification d’un autodafé de notre civilisation. Le temps a recouvert les cimes et le feu ta lumière.
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