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Il était une fois un château moyenâgeux en Écosse : Glamis (dont la légende veut qu'il ait été le château de Macbeth), propriété des comtes de Strathmore. Ainsi pourrait commencer l'histoire d'Elizabeth Angela Marguerite Bowes Lyon, neuvième enfant et quatrième fille de Claude George, quatorzième comte de Strathmore et de sa femme Cecilia.
Elizabeth naquit le 4 août 1900, à la fin de l'ère victorienne, et mourut le 30 mars 2002, pleurée par toute l'Angleterre et le Commonwealth. Pour raconter cette vie étonnante, William Shawcross a eu accès aux archives de la famille royale, notamment à la correspondance que son " héroïne " a entretenue durant toute son existence avec sa famille et ses amis.
Enfance dorée et dorlotée d'une petite fille de l'aristocratie, l'hiver à Londres et au manoir de la famille dans le Hertfordshire, l'été à Glamis. Gouvernantes, institutrices privées - la culture de la future reine d'Angleterre laisse beaucoup à désirer - choc de la Première Guerre mondiale. Un certain monde a pris fin. Elizabeth a 20 ans quand elle fait la connaissance du prince Albert, duc d'York, deuxième fils du roi George V. Il faudra près de trois ans d'une cour acharnée au futur George VI, garçon timide, complexé et bègue de surcroît, pour gagner le coeur et la main de celle dont il est tombé amoureux. dira-t-il, au premier regard.
Portrait d'une princesse Qu'a donc cette " gamine écossaise " pour séduire à ce point ? Petite, brune, un teint de pêche, des yeux bleus myosotis, surtout un charme fou dont elle use en actrice consommée, une liberté de ton et un formidable appétit : de gâteaux et de la vie en général.
Les York forment un couple très amoureux, ils sortent, s'amusent, Londres la nuit, le roi George V est choqué, ô combien, mais succombe au charme roué de sa belle-fille. Ils prennent quand même le temps de faire deux enfants. Et puis, c'est la tragédie : l'abdication d'Édouard VIII, Albert devient le roi George VI, Elizabeth, reine consort, couronnée elle aussi à Westminster.
Portrait d'une reine La guerre éclate, annoncée par le désormais célèbre " discours du roi ", les monarques se révèlent. Leur dignité, leur courage leur valent l'amour de la population. Elizabeth parcourt les quartiers de Londres dévastés, ils connaissent les mêmes restrictions que leur peuple, ils pleurent de joie le jour de la victoire.
La vie reprend, marquée par les innombrables voyages officiels de la famille royale, les non moins innombrables inaugurations, patronages, oeuvres caritatives. La reine Elizabeth les accumule, elle ne rechigne jamais, notamment lorsqu'il s'agit de patronner des régiments, dont elle est faite " colonel en chef " !
Portrait d'une reine mère En 1952, George VI meurt d'un cancer. Elizabeth se retrouve veuve à 52 ans. À sa douleur s'ajoute l'angoisse de savoir ce qu'elle va " faire ", puisqu'elle n'est plus qu'une reine mère, et qu'elle n'a certainement pas le tempérament d'une retraitée. Qu'à cela ne tienne, elle sera le " commis voyageur " de son pays. Durant les cinquante ans qui vont suivre, elle ne s'arrêtera jamais, fera plusieurs fois le tour du monde, accueillie partout - Afrique (elle adore), les dominions, les États-Unis, la France (elle y retourne le plus possible, à titre privé et officiel) par des foules enthousiastes, séduites par son légendaire sourire et un regard qui donne l'impression de se poser sur chacun, pris individuellement. Quasiment jusqu'à son dernier jour, elle gardera l'esprit en alerte, curieuse du monde comme il va.
Cette formidable biographie, William Shawcross la mène au galop, mais aussi avec la minutie du grand journaliste qu'il est. On se régale, car c'est aussi un siècle d'histoire de l'Angleterre qui défile, avec ses premiers ministres, Churchill évidemment, si proche du couple royal, sa population, son aristocratie et ses châteaux.
Eh oui, quelle femme ! Les nombreux extraits de lettres (parmi lesquelles, hélas, manquent celles de Diana, brûlées par Margaret) qui émaillent le texte la révèlent amoureuse (de son mari), primesautière, moqueuse, capable de duplicité et de dureté ; elle déteste la familiarité, et sait feindre quand il le faut une compassion qu'elle n'éprouve pas. Les questions d'argent lui font horreur : elle dépense sans compter (renflouée au besoin par sa fille, Elizabeth II), tout en lésinant sur l'ameublement de ses résidences !
Comme l'a dit le prince Charles (le plus chéri de ses petits-enfants) dans l'hommage qu'il lui a rendu publiquement après sa mort : " Elle a magnifié la vie comme personne. " Auteur entre autres d'Une tragédie sans importance sur le drame du Cambodge, de plusieurs biographies célèbres (Dubcek, Murdoch) et d'une série télévisée sur la monarchie anglaise, William Shawcross a eu droit avec Elizabeth, la reine mère, non seulement à un prodigieux succès mais aussi à la une de la presse britannique pendant des semaines...
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