Chaque mois, un lecteur se dévoile et découvre un nouveau roman, ce mois-ci : "Ecoute-moi bien", de Nathalie Rykiel
Chaque mois, un lecteur se dévoile et découvre un nouveau roman, ce mois-ci : "Ecoute-moi bien", de Nathalie Rykiel
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/06/ecoute-moi-bien-de-nathalie-rykiel.html
Une fille qui raconte sa mère, voilà un sujet devenu bien banal en littérature. Mais quand la mère s'appelle Sonia Rykiel et quand la fille Nathalie est écrivain, cela donne un très beau récit.
Une fille qui dit "Être ta fille. La grande aventure de ma vie..." et qui va nous dévoiler ici la relation fusionnelle qu'elles ont eue toute leur vie car ces deux-là n'ont pas passé un jour sans démarrer leur journée par un coup de téléphone et seulement 19 marches séparaient leurs deux appartements..."Mon sujet ce n'est pas toi, c'est nous. Nous deux. Ce que tu as fait de moi. Ce que je t'ai laissé faire de moi."
Nathalie nous raconte dans ce livre les débuts de sa mère, l'élément déclencheur, le drame "une sentence qui a déclenché le gong d'une autre vie pour Sonia" qui l'a faite se lancer. C'est le succès immédiat et Sonia devient la Reine du tricot.
Nathalie décrit une femme éminemment libre qui n'écoute que son désir "Ta plus grande intelligence c'était ta liberté" auprès de qui elle dit avoir tout appris rien qu'en la regardant, une femme qui la fait défiler à 20 ans, un "cadeau empoisonné", un moyen de la garder auprès d'elle le reste de sa vie... Puis Sonia charge sa fille de l'organisation des défilés. Nathalie a travaillé dans la mode alors que cela ne l'intéressait pas particulièrement, un "hasard ombilical" mais elle a tellement aimé faire équipe avec Sonia...
Sonia est une mère qui garde toujours les commandes, qui contrôle tout et se montre étouffante "Tu ne me laisseras jamais partir. Horrible et tellement rassurant". Elle modèle sa fille à son image. Nathalie a eu les mêmes goûts que Sonia et reconnait ne pas avoir eu d'existence propre pendant longtemps . Comment exister auprès d'une telle femme, d'une telle mère? qui lui prend tout "Non maman, c'est moi qui ai mal à la tête, tu ne peux pas tout prendre, tu ne peux pas tout avoir, moi et mon mal de tête, laisse-moi au moins ça."
Une grande partie du récit est consacrée aux dernières années de Sonia atteinte depuis 20 ans de la maladie de Parkinson. Nathalie doit un jour l'empêcher d'aller saluer à la fin des défilés. Ensuite ce sont les cinq dernières années quand Sonia finit diminuée et dépendante, quand les rôles s'inversent avec Sonia qui appelle Nathalie "maman", "Tu m'appartiens maintenant, à moi qui t'ai si longtemps appartenu." Nathalie découvre alors une autre femme dans son grand âge, c'est une période où Nathalie est angoissée par l'après, où elle finit par décider d'arrêter d'attendre qu'elle meure, d'arrêter de se préparer à sa mort, d'arrêter de se demander comment ce sera quand sa mère ne sera plus là.
"J'ai perdu ma mère ma moitié, ma crème et ma frayeur, ma beauté et ma douleur. Avec toi j'ai vécu le plus beau, j'ai connu le plus dur."
J'ai beaucoup aimé ce témoignage sur une relation hors norme, sur une éducation où il y avait "une sorte de ligne de conduite mais pas tellement de recettes", j'ai aimé cette immersion dans le monde de la mode, j'ai aimé le portrait de Sonia, femme libre et séductrice, grande bâtisseuse, une pionnière qui a fondé un empire et qui ne craignait pas de s'auto-proclamer Reine du monde.
Mêlant le "je" et le "elle" pour tenter de mettre distance, Nathalie nous livre le très beau témoignage d'une fille qui a toujours cherché à protéger sa mère et qui a compris que la réparation était un élément fondateur de leur relation.
http://formally-informal.com/2017/05/31/ecoute-moi-bien-de-nathalie-rykiel-sonia-rykiel/
J'ai eu la chance de rencontrer Nathalie Rykiel et de lire les épreuves de son livre qui vient de paraître chez Stock, Écoute-moi bien (mais ça vous le savez déjà si vous me suivez sur Instagram ^^). Un livre intime et très personnel sur les relations qu'elle entretenait avec sa mère. Un livre aussi sur ce que c'est que trouver sa place (surtout quand on vous la désigne). Un livre sur les relations mère-fille, sur ce que c'est que grandir et faire sa vie avec une mère si "dingue, dévorante, fascinante" que l'était est Sonia Rykiel.
J'ai beaucoup aimé la rencontre avec Nathalie Rykiel, ce qu'elle a dit du livre, d'elle, de sa façon d'écrire, de dire, de raconter. Un style que j'ai retrouvé avec plaisir à la lecture; mention spéciale pour le rythme, particulier, et son écriture parlée.
Le livre s'ouvre sur les funérailles de Sonia Rykiel. Puis laisse place aux flash-backs, à des bribes de souvenirs, de toutes les époques, à la maladie aussi. 20 ans de Parkinson dont 5 ans de "cauchemar". Nathalie raconte Sonia, et moi je revois mon grand-père.
Nathalie Rykiel se livre sur l'avant, le maintenant et l'après, sur les coulisses de leur relation, cette relation envahissante qui ne laisse pas beaucoup de place, pas beaucoup d'air. "Ma mère c'était mon enfant, elle m'appelait maman".
Et le récit ne serait pas complet sans évoquer le monde de la mode, la création des collections un peu, la gestion de la maison Rykiel aussi. Et du chemin pour "devenir Nathalie". Elle qui se retrouve dans la mode par un "hasard ombilical", elle qui a "adoré [sa] vie dans la mode sans aimer la mode".
Je connaissais peu Sonia Rykiel et je la découvre vraiment à travers ce livre, à travers les yeux de sa fille. Une icône, une femme de pouvoir, égoïste mais tellement généreuse, qui donne et qui prend tout.
J'ai été touchée et fascinée par cette relation mère-fille qui se raconte au delà de ce que l'on connaît / croit connaître de la mère, du couple mère-fille, de l'image publique. C'est simplement l'histoire d'une mère et d'une fille, vue par la fille après le départ de la mère. L'histoire du lien très fort qui les unit et les sépare aussi. Elles s'appellent tous les jours, déjeunent ensemble, habitent dans le même immeuble, juste au dessus l'une de l'autre (Sonia au dessus de Nathalie, comme un rappel doux et violent, permanent. Sonia au dessus de Nathalie, comme sur la photo de couverture du livre).
Un livre "très difficile à écrire", comme l'a dit Nathalie Rykiel lors de la rencontre. "Je l'écrirais dans 2 ans, je n'écrirai pas la même chose; je l'aurais écrit il y a 3 ans, je n'aurai pas pu l'écrire. Mais à l'instant T, il est ce que je voulais dire". La mouvance des sentiments et la question de la vérité. Une vision que je partage.
Une vérité très personnelle comme elle l'a également rappelé. "Ma relation avec ma mère, je n'en donne qu'une version, la mienne, et à l'instant T." Aussi "c'est impossible que tout le monde y trouve son compte".
Et j'avoue être toujours impressionnée par ce genre de récits, très personnels, où les auteurs se livrent beaucoup, racontent l'intime, consciente de tout ce qui se joue, de tout ce qu'on expose, offre au regard du monde, à la critique. Et du courage qu'il faut pour s'affranchir de tout ça. Un témoignage d'amour franc, aux propos inattendus parfois, politiquement incorrects peut-être aussi, mais authentiques.
Un livre pour ceux qui aiment la maison Rykiel et sa créatrice, ou qui voudraient en savoir plus, pour les amateurs de mode, et surtout pour toutes les mères et les filles, sur ces relations que l'on sait si complexes.
En ce qui me concerne, ce n'est certainement pas le dernier livre de Nathalie Rykiel que je lirai !
Bonne lecture ! (Psst les premières pages du livre sont disponibles en lecture ici (lien sur le blog) !)
Un grand merci aux Éditions Stock d'avoir organisé cette rencontre et pour cette lecture en avant-première <3
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2017/05/16/35283917.html
Comment être proche de sa mère tout en étant soi-même libre ? Comment conquérir sa place à côté d’une mère si flamboyante et jalouse ? Comment l’accompagner au mieux alors qu’elle décline ? Ce sont à ces questions que Nathalie Rykiel tente de répondre dans ce magnifique hommage à sa mère Sonia Rykiel.
Enfermée chez elle pendant plusieurs semaines après le décès de Sonia à la fin août 2016, Nathalie écrit, décrit sa mère après un prologue sur l’enterrement, en trois parties : avant la maladie et le décès, pendant l’agonie et après. Mais je mens finalement en disant qu’elle écrit, décrit sa mère : elle lui parle directement comme si elle était encore là, présente. Nous lecteurs ne sommes que les témoins de cette longue déclaration d’amour mère-fille. Un amour forcément fort et difficile d’autant plus quand la mère a une telle aura. Nathalie Rykiel ne se censure pas : elle est aussi honnête, franche que possible sur ce qu’elle connaît de sa mère, de l’image qu’elle en a. Bien entendu, c’est sa vision et elle-même se doute qu’elle est bien différente de celle des autres proches de Sonia comme son frère par exemple.
Nous redécouvrons ainsi le parcours de Sonia qui, à 38 ans, quitte sa paisible vie bourgeoise pour vivre une vie extraordinaire de styliste, de pionnière de la mode. Elle ne fait pas les choses à moitié, elle vit tout avec intensité : son métier, les hommes, ses enfants. Nathalie raconte ses souvenirs d’enfance avec elle puis de femme qui va collaborer avec elle. Les tensions, les jalousies, l’amour fusionnel, tout y passe entre les deux femmes. Face à cette force de la nature qu’est Sonia, il est d’autant plus difficile de faire face à ce P de P (Parkinson). Alors que vieillir est déjà une souffrance, la maladie dégrade encore plus le corps, l’entrave : n’y a-t-il pas pire châtiment pour une femme libre, indépendante, tellement coquette qu’elle demande à sa fille de lui mettre un soutien-gorge quand elle reçoit de la visite ? C’est dans cette description de la femme affaiblie, mourante mais toujours fière, de son accompagnement difficile et aimant que Nathalie Rykiel excelle dans cet ouvrage. Elle peint avec justesse ce mot japonais qu’elle utilise dans le récit : utsuroï, cet état de transition, d’entre-deux, ce moment où la fleur va faner.
Un livre qui ne peut que faire écho aux femmes qui ont une relation compliquée et/ou fusionnelle avec leurs mères, qui les accompagnent ou les ont perdues.
Ecoute-moi bien est une lettre d’amour et d’adieu, celle d’une fille à sa mère, celle d’une femme à une autre femme, celle de Nathalie à Sonia Rykiel.
C’est un hommage pudique et rayonnant, une course contre la mort, un cri désespéré pour qu’encore un peu, un tout petit peu, cette mère-veille qui fut tout aussi dévorante qu’aimante, aussi castratrice que libératrice, aussi sombre que solaire ne s’en aille pas. C’est la pensée magique d’une petite fille, qui était tout pour sa mère et qui espère, par là-même, garder encore sa main chaude dans la sienne, pas une main glacée par l’inéluctable.
Nous suivons l’histoire de Sonia, femme flamboyante, féministe, avant-gardiste de la Haute-Couture. Sonia qui vit à 3000 à l’heure, se libère des conventions, quitte un mari, a des amants, expose des sex toys dans la vitrine de sa boutique de St Germain des Près (vous imaginez le choc !). Sonia qui devient mère et idolâtre sa fille Nathalie, partageant avec elle un lien totalement fusionnel, dévorant, dont nous aurons l’impression de tout savoir, de ne rien savoir .
« J’ai perdu ma mère ma moitié, ma crème et ma frayeur, ma beauté et ma douleur. Avec toi , j’ai connu le plus beau, j’ai connu le plus dur ».
Lorsque cette P de P (la maladie de Parkinson) affecte Sonia, Nathalie devient la mère de sa mère, la protégeant, l’entourant, essayant par tous les moyens de la garder dans cette vie qui lui échappait jour après jour.
« J’ai décidé de condamner à mort cette partie de moi qui attend ta mort ».
Ce livre-là est court, mais aurait-il été nécessaire de rajouter des mots quand tout était dit, et si pudiquement, sublimement dit ?
C’est un récit magnifique d’Amour, un Amour universel mais pourtant unique, une ode à la vie, une ode aux mots, à l’éphémère qu’il faut saisir avant que la mort ne saisisse, une sublime incantation à la transmission aussi.
Une fois le livre refermé, il demeure l’image de cette femme que l’on refuse d’imaginer couchée (Sonia) et de l’autre, qui en dépit de sa douleur, reste debout.
« Pour me consoler, il y a cette vie que tu m’as mise dans le cœur, il y a cette fierté…
Je suis debout »
J’ai été très touchée en tant que fille, en tant que mère, en tant que femme. J’avais et j’ai toujours une grande admiration pour Sonia Rykiel, j’ai découvert, avec enthousiasme , émerveillement et ravissement, grâce aux Editions Stock que je remercie, le talent et la plume de Nathalie. Chapeau , Madame !
Nathalie Rykiel publie ici un bel hymne à Sonia Rykiel, cette mère avec qui elle a vécu un amour fusionnel, et qu’elle a accompagné dans les belles années comme dans celles plus terribles de la maladie. Cette maladie qui rend démunies même les plus forts, qui vous fait devenir dépendant, enfant, soumis, alors que vous étiez si rebelle, indépendante, magnifique.
Les années de jeunesse, puis les années du succès, de la créativité, enfin les années où cette P de P (Parkinson) vient tout détruire. Il y a tellement d’amour, de reconnaissance, de fidélité à cette mère unique et flamboyante dans ces pages, un très beau récit qui ne peut que nous toucher.
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