Au Brésil, un esclavage particulièrement long a contribué à la formation du cadre actuel de hiérarchisation raciale de la société. A partir de 1888, le pays subit des changements qui transforment radicalement sa structure de production et son régime politique, devenant, quelques décennies plus tard, une des dix plus grandes puissances industrielles du monde. Cependant, les sursauts et les difficultés de mise en place d'un projet national semblent avoir des conséquences particulièrement graves sur la situation des classes les plus pauvres du pays, dans lesquelles se concentrent, de façon disproportionnée, les noirs et les métis. Nous constatons, par le biais d'une analyse statistique et de nouvelles mesures d'inégalité, que des mécanismes de discrimination présents sur le marché du travail oeuvrent pour renforcer l'ethnicisation de la force du travail dans le pays. L'économie se présente comme un lieu central de la production et de la reproduction, à la fois idéologique et sociale, des inégalités raciales au Brésil. Race et classe s'articulent ainsi pour maintenir une force de travail ségréguée, disponible selon les besoins des cycles d'accumulation.
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