Est-ce que je suis à l'aise dans le costume que je me suis taillé ? Ce double jeu je l'ai mis en place, je m'y suis enfoncé de façon imperceptible, avec lenteur sans même m'en rendre compte. Une rencontre en entrainant une autre, un mensonge suivant l'autre, je suis l'acteur d'une vie qui pourrait ou devrait ne pas être la mienne. Pour me créer et conserver mon statut d'homme incontournable, j'ai appris, au fil des années, à utiliser les atouts des uns et les faiblesses des autres à mon profit.
On croit que la vie est simple, qu'elle est unique, mais si nous savions lire au fond des yeux de nos semblables nous verrions qu'elle est multiple et qu'elle renferme des secrets inavouables. Alors la vraie vie de chacun se dévoilerait au grand jour. Je parle ainsi aujourd'hui, avec le recul de l'aventure que je viens de vivre, mais à ce moment-là, rien de tout cela ne m'effleurait l'esprit.
Intriguant, contemporain, «Dykothomia » est une étrange satire moderne. Troublant, aux multiples facettes, bienvenue dans un monde où notre héros en l’occurrence Hugues va vivre un évènementiel qui va bousculer ses jours sans état d’âme.
Hugues vit avec Corie. Jusque là tout va bien. Acteur célèbre, 33 ans (tout un symbole), à l’aura disproportionnée mais dont l’apparence est quelconque. Ce dernier brusquement est pris en tenailles dans les affres psychotiques.
Un jour certain, sans aucun retour possible dans la réalité, il devient un autre : son opposé . Sa femme le quitte pour son meilleur ami. Il est déchu, à la rue, sale, mal rasé et surtout sans argent. Les autres ne le reconnaissent plus. Malgré ses coups de poing contre l’adversité, il est la parabole de la chute. Dans l’abîme sombre, irrévocable, il cherche l’issue de secours. Prouver qu’il est acteur, riche, sur le piédestal de la célébrité. Son apparence faussée pourrait le rendre fou.
Ce récit pointe du doigt là où ça fait mal. Grave et insistant, il lance des signaux d’avertissements. Profiter du temps présent, fuir les frivolités. Ne jamais se penser invincible. Au-delà de la psychologie, de l’arborescence philosophique, Hugues est l’exemplarité d’une maîtrise hors pair. Dans chacune des situations où il est projeté sans qu’il le désire, il va se relever et apprendre. Cette construction est de rectitude. Brillante et pertinente, Didier Curel emmène les lecteurs, bandeau sur les yeux, mais qu’importe, l’histoire est succulente et dévoile les phénomènes d’identités.
Éclairant, il donne les clefs pour affronter le conformisme en pleine face. Hugues est sa propre résistance. Il va pousser les portes où tout est flouté et se retrouver (peut-être) en un homme au libre-arbitre avéré.
« Dykothomia » est un phare dans la nuit sombre. Salvateur et intuitif, il calque nos réalités et offre le plan pour ne pas se perdre en chemin, entre les broussailles existentielles.
Qui sommes-nous en vérité ?
Quel est le sens de la vie ?
Ne sommes-nous pas nos propres ennemis ?
Publié par les majeures Éditions La Trace .
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