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Quelle curieuse BD !
Gabri Molist s'inspire de son expérience personnelle pour nous livrer cette étrange réflexion autour du sommeil, et cela ne laisse évidemment pas indifférent.
Le scénario de "Dormir c'est mourir" de Gabri Molist :
Ceux qui comme moi aime dormir profondément dans un bon lit bien douillet, s'interrogeront sur cette phobie peu commune qu'est l'hypnophobie, et dans le cas de ce récit, elle est très étroitement liée à la tanatophobie (la peur de mourir).
Elle est difficilement compréhensible et assez rare, mais elle existe bel et bien, et l'auteur l'a vécu. Il nous raconte ainsi joliment et de manière très humoristique son épreuve.
Il se porte ainsi un regard très autocritique.
Gabri Molist nous évoque donc brillamment ses angoisses quotidiennes accompagnées de ces terribles symptômes : Anxiété, fatigue voire épuisement, insomnies...
Cette peur fait des ravages et peut toucher n'importe quel quidam, voilà pourquoi l'auteur a choisi un personnage commun et plutôt banal.
Cela permet aussi de s'associer au protagoniste tout en gardant une certaine distance.
Enfin, lorsque l'individu succombe à Morphée, son aversion prend la forme d'un monstre pouvant être effrayant au premier abord, mais qui bien vite se révèlera très croquignolesque.
D'autre part, il est intéressant de voir le regard porté sur la psychanalyse suivie par le protagoniste.
On y découvre une interprétation particulière à mi-chemin entre le sérieux, la folie et le charlatanisme, mais comme une évidence, elle influence grandement notre héros qui y cherche une solution miracle et un espoir de guérir.
Six séances, suivies de manière plus ou moins assidues et toujours de façon très farfelue, y sont décrites. Elles conduiront évidement au graal... ou pas.
C'est une histoire des plus originale qui marquera évidement le lecteur.
Le dessin de "Dormir c'est mourir" de Gabri Molist :
On ne peut pas dire que le trait de l'artiste soit véritablement étoffé. Bien au contraire, la ligne est des plus simpliste.
Cependant, la grande force de ce roman graphique réside dans le conceptuel, dans les ambiances et les contrastes entre conscience et subconscience.
A ce jeu-là, Gabri Molist excelle et déborde d'imagination.
Il use d'une ligne clair très épurée et schématisée pour illustrer la vie réelle, et donc la conscience, collant à l'image singulière et peu enthousiaste qu'il a voulu donner à la vie du héros.
Pour le subconscient, les nuances sont plus étoffées, avec des aplats de gris, de noir et parfois même avec profusion et pétarade de couleurs comme ci il éprouvait une grande joie dans son rêve.
Mais au-delà des couleurs et ou jeu d'ombres et lumières, l'auteur use d'une autre opposition remarquable : celle des formes géométriques.
Dans le monde réel, tout parait rectiligne, morne, carré et rangé, et dans les songes, petit à petit s'installent des formes géométriques plus variées, arrondies, ou bien des enchevêtrements de lignes et/ou figures diverses... Bref tout parait plus fun dans le subconscient.
Tout semble se bousculer, s'animer, s'enjoliver à partir du moment où le rêve prend le dessus.
On comprend alors que l'artiste a longuement réfléchi ses compositions, ses jeux entre case, son découpage, ses artifices visuels pour embellir sa phobie.
Ça en devient magique et ludique. Cela égaye l'histoire, approfondi le coté rigolo des situations, et minimise l'effet du sujet abordé.
En final c'est une oeuvre drôle dans son ensemble à la recherche graphique creusée et atypique qui vous maintiendra éveiller de bout en bout.
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