Notre siècle est né le 11 septembre 2001, à New York, sous les yeux des téléspectateurs du monde entier. L'« âge de la terreur » commence avec la série d'attentats de masse qui frappent de douleur et de stupeur tous les continents. De Mumbai à Paris, de Beslan à Oslo et de Tunis à Bruxelles, ces répliques du séisme américain jalonnent notre temps et façonnent la vie collective.
Pour juguler la sidération et l'effroi, il faut analyser les « effets de terreur » de ces crimes et de ces crises. Car ils transforment les cultures politiques autant qu'ils scandent la marche du monde.
Dix attentats ne résument pas un siècle encore jeune.
Mais ils en révèlent le visage.
„Les pandémies, les cataclysmes naturels, les krachs boursiers et les révolutions politiques ont ceci de commun avec les attentas terroristes qu’ils ont le pouvoir d’infléchir le cours de l’histoire collective. Ces événements inattendus et brutaux créent une fracture dans le cours du temps humain. Au sens strict, ils constituent des crises : dans la langue des médecins de l’Antiquité, la krisis est ce moment crucial, dans l’évolution d’une maladie, où le patient est placé entre la guérison et la mort. La crise est l’instant décisif où se scelle le destin d’un malade. Par extension, les crises sont les événements où se décident, brusquement, les destinées collectives …
Les crises majeures, qu’elles soient économiques, politiques ou sociales, ont la triple capacité d’accélérer, de révéler et d’infléchir les mouvements qui déterminent notre existence…
C’est une évidence : depuis 2001, le terrorisme a bouleversé la vie de populations entières et la lutte anti-terroriste a infléchi les grands équilibres politiques, juridiques et financiers internationaux.
Pour autant, le terrorisme a-t-il réellement produit un siècle nouveau ? Un attentat, aussi meurtrier et terrifiant soit-il, est-il capable de changer le monde ? Telle est la question centrale de cet ouvrage.
À la différence des autres crises, les attentats terroristes découlent d’un projet de domination politique… Les séismes, les épidémies, les tsunamis n’affichent pas un programme : ces crises ont des origines que l’esprit humain peut comprendre a posteriori … Sauf à les considérer comme des punitions divines, ces catastrophes s’imposent aux hommes sans découler d’un projet explicite et articulé. Les attentats terroristes ont, eux, l’ambition de constituer de sanglants manifestes politiques.
C’est dans cette spécificité que réside leur tragique : la violence souvent mortelle faite aux hommes procède d’une intention humaine, elle aussi. Dominer par la panique, tel est le noyau dur des attentats analysés ici, par delà leurs particularités. Voici ce que la comparaison avec les autres crises doit faire apparaître : la crise terroriste a une signification pour ceux qui la déclenchent, même si elle paraît insensée à ceux qui la subissent. Les catastrophes naturelles, elles, n’ont, littéralement, pas de sens. Le combat contre la violence politique en général et contre le terrorisme en particulier est donc, intimement, une lutte de sens et sur le sens.“
L’auteur nous invite ici à l'analyse approfondie de ces tragédies : penser le terrorisme à l’épreuve des attentats, décrypter „les effets de terreurs“ et comprendre leur portée.
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