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Ce livre, dédié à Stéphane Hessel, s'adresse à tous ceux que la politique déçoit et que la crise effraye. Anthropologues, philosophes, politiques, poètes. Tous, avec l'auteur, réinventent le non. Le non à l'abaissement de la France par ceux qui la défigurent en ne l'aimant pas telle qu'elle est; le non pour élever ce pays en élevant son langage ; le non pour inventer le oui. Au nom d'une France urbaine et métissée, il prône une laïcité ouverte, une liberté étendue, une refonte des institutions et une valorisation de la diversité qui provoqueraient un sursaut démocratique.
Dans ce petit opus de 150 pages, Edwy Plenel, co-fondateur de Mediapart, livre une analyse de l’état du système politique français teintée d’érudition mais humble et abordable. Le journaliste met au jour plusieurs éléments caractérisant la politique contemporaine, avec en tête de liste une déception non dissimulée à l’endroit du Président Hollande, qui s’était présenté comme candidat à une « présidence normale » et se révèle être le même omniprésident que son prédécesseur. Edwy Plenel, s’il confesse s’être attendu à une déception, regrette l’absence de rupture, la trahison du vœux de changement, leitmotiv de la campagne de 2012. Il évoque les faiblesses historiques de la gauche mais il met surtout le doigt sur une évidence que l’on ne répètera pourtant jamais assez: la France n’a plus ni débat ni projet politique. Les visions court-termistes se substituent à la construction de projets de sociétés, les mesures spectacles supplantent les réformes structurelles, faisant de notre pays un empilement de petites réformes et de mini-compromis dont l’action en profondeur est quasi-nulle. Les gouvernements prennent « dans l’urgence » des « décisions difficiles mais inévitables » pour limiter l’impact de crises dont la responsabilité ne leur est pas imputable.
Responsabilité, c’est peut-être le mot-clé de ce petit ouvrage, qui n’est ni plus ni moins qu’une invitation à réfléchir au moyen de porter un projet républicain fondé sur l’idéal de démocratie sous-tendant, au moins en théorie, la construction de notre nation et de notre régime politique. Les élus sont des « responsables politiques », ils n’ont donc pas le droit de se présenter comme acculés et sans solution, ou alors ils avouent leur incompétence à exercer les fonctions sur lesquels ils se sont portés candidats (ma lecture du texte d’Edwy Plenel, qui ne dit pas explicitement cela mais ne dit rien qui interdise de le penser). L’auteur rappelle également que le journaliste est également responsable de l’information qu’il diffuse, et que s’il se place dans une position plus confortable lorsqu’il se rapproche du pouvoir, il prend le risque de se compromettre dans son devoir et dans son rôle de lanceur d’alerte ou d’analyste auprès du public qui le lit ou l’écoute.
Enfin, l’auteur revient sur le débat lancé par le gouvernement du Président Sarkozy autour de l’identité nationale et sur la nécessité pour la France de reconnaître sa responsabilité, peut-être sa dette, auprès de ces anciennes colonies, afin de mieux accepter et mieux composer avec a diversité des parcours qui la composent. Pour moi, un débat lancé par des responsables politiques appelle une réponse politique: telle qu’elle était posée, la question de l’identité française aurait surtout dû appeler l’élaboration d’un projet politique et idéologique commun permettant de situer notre pays dans l’espace communautaire européen et dans le monde, une mise au point concernant les valeurs que nous souhaitons collectivement incarner et défendre sur les plans géo-politique et socio-économique. L’occasion d’un rappel, peut-être, de notre devise nationale: »liberté, égalité, fraternité », dont il serait bon d’interroger les applications.
Un essai court, clair, qui ne dit cependant rien de neuf à qui s’interroge déjà sur les objectifs et les pratiques de nos décideurs politiques, mais qui a le mérite d’ouvrir un peu plus la porte du débat, qu’il ne faut surtout pas refermer.
J’ai trouvé cet essai très intéressant, malgré quelques points négatifs que je vais développer immédiatement.
Bien que très éloquent, Edwy Plénel a un style un peu pompeux, qui perd vite le lecteur au bout de quelques phrases. J’avoue être pendue à sa moustache lorsqu’il s’exprime à la télévision, ici, le magnétisme n’a pas vraiment du tout opéré.
Qui vise ce manifeste ? Moi qui ai 20 ans et représente en quelques sortes « la jeunesse », je me suis sentie lésée par les phrases à rallonge que je n’arrivais souvent pas à saisir au début. Pour exprimer une idée simple et percutante, Edwy Plenel use et abuse de métaphores et de substantifs difficiles, presque « scientifiques » qui ne sont pourtant pas vraiment nécessaire. Au commencement de ma lecture, j’aurais presque eu besoin d’un livre de vulgarisation de la pensée de l’auteur tant je me sentais enlisée dans l’incompréhension. Les phrases de dix lignes pour exprimer une pensée unique n’attirent pas le lecteur, elles l’endorment. Bref, le style bourratif de M. Plenel a dans un premier temps, il faut l’avouer, desservi ses idées qui ne paraissent vraiment pas accessibles à tous dans un tel langage.
Concernant le contenu, j’ai aimé le fait que l’essai soit divisé en 6 parties. C’est ingénieux car chaque titre, assez mystérieux et solennel il faut en convenir, appelle à une explication que l’on trouve dans le chapitre en question.
Les retours historiques sont nombreux et m’ont éclairée sur bien des événements que je n’avais pas vécus en personne. On s’aperçoit assez rapidement, en gros, du pourquoi du comment la France est ainsi faite actuellement. J’ai appris beaucoup de faits d’ « avant » dont j’ignorais l’existence.
Le début constitue clairement un appel contre le Front National qui ne cesse de prendre de l’ampleur et les sévices que subissent les musulmans de France, rapprochés dans cet essai des juifs persécutés de France d’une époque pas si lointaine. Il y est beaucoup question de la « Renaissance de la droite extrême » et cela amène de multiples réflexions quant à notre avenir. La banalisation des actes racistes, antisémites, xénophobes, tient une place dans cet essai qui lutte contre tout ceci.
On comprend clairement que Dire NON est « un refus de l’indifférence » comme il l’exprime à la fin du premier chapitre. Il a pour vocation d’ouvrir les esprits, de réveiller les citoyens et les êtres humains que nous sommes. Il nous pousse à sauver la France, en quelques sortes.
Toute la partie sur la tragédie m’a semblée captivante. Edwy Plenel montre bien par là, la peur des Français et du gouvernement à faire face et à aller de l’avant. L’avenir et les avancées naturelles effrayent, elles ne sont pas compatibles avec le confort d’une vie monotone. Il affirme son « NON » face à la stagnation, à l’immobilisme dont souffre la France.
La partie « Horizon » est tout aussi instructive. Un questionnement à propos de ce qu’est l’identité française m’a beaucoup plu. L’idée que l’identité n’est pas fixe mais en perpétuel mouvement développé dans cet essai est très intéressante.
« La trace » quant à elle, est une partie rendant hommage de manière assez touchante (mais toujours politique) à Alain Plenel, le père du journaliste essayiste, qui s’est battu jusqu’à sa mort pour ses convictions.
Les références en fin de livre, ainsi que l’annexe « L’adresse au Président » sont très intéressantes. Cette annexe cherche à bousculer le Président, à le pousser dans ses retranchements.
En bref, Dire NON est un essai passionnant pour peu que l’on s’intéresse à la politique actuelle et qu’on adhère aux idées d’Edwy Plenel. Le style du journaliste, bien que pompeux, amène tout de même une part poétique à ses idées pour les rendre moins indigestes dans la forme. Je terminerai par une citation qui termine cet essai et le résume entièrement « Dire non pour inventer notre oui ».
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