Premier roman que nous offre Jean Courchevel. Fiction satirique de la société, écrite dans un style direct et familier, parfois sans complaisance, mais toujours drôle et pleine d'humour. Chaque année, avant Noël, au premier étage, il faisait une vente spéciale le commissaire. La vente de luxe avec fauteuils de cinéma, moquette épaisse et rideaux de velours pour l'assistance. Ça changeait bougrement de style ; c'était pas du tout la même présentation, comme pour nous, la plèbe du mercredi après-midi, celle du ciment du rez-de-chaussée et de la chaise pliante. Avec toutes les beautés qu'il avait mises de côté pour la séance spéciale, c'était les Rolls de Monaco et de la Riviera qui rappliquaient pour prendre part au spectacle et, trouver, par cette espèce de jeu de société réservé à l'élite de la blanchisserie, une bonne occasion d'étaler derrière les paravents rococos, avec toute la morgue dont elles étaient capables, les liasses enrubannées de leurs dollars planquées chez Guillaume Tell. C'était tous ses copains friqués, turlututu chapeaux pointus, dénichés aux quatre coins de la France et même de l'Europe entière qui venaient se faire plumer, eux aussi, parmi les décors somptueux de son salon de première classe. C'était guindé, empesé, vous pensez !!! Les monégasques et ceux du Lichtenstein, comme des princes couronnés qu'ils arrivaient, avec leurs secrétaires particulières en or massif de chez Cartier. C'était même elles qui libellaient les chèques signés d'avance. Vous parlez si le commissaire il se frottait les mains pour sa vente en queue-de-pie et noeud papillon...
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