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- Tu crois qu'il va venir ? m'a demandé Antoine en s'allumant une cigarette.J'ai haussé les épaules. Avec Paul comment savoir ? Il n'en faisait toujours qu'à sa tête. Se souciait peu des convenances. Considérait n'avoir aucune obligation envers qui que ce soit. Et surtout pas envers sa famille, qu'il avait laminée de film en film, de pièce en pièce, même s'il s'en défendait.- En tout cas, a repris mon frère, si demain il s'avise de se lever pour parler de papa, je te jure, je le défonce.- Ah ouais ? a fait une voix derrière nous. Je serais curieux de savoir comment tu comptes t'y prendre...Antoine a sursauté. Je me suis retournée. Paul se tenait là, dans l'obscurité, son sac à la main. Nous n'avions pas entendu grincer la grille. J'ignore comment il s'y prenait. Ce portillon couinait depuis toujours. Aucun dégrippant, aucun type d'huile n'avait jamais réussi à le calmer. Mais Paul parvenait à le pousser sans lui arracher le moindre miaulement.
Un huit clos dense et puissant entre deux frères et une sœur, au décès de leur père. Un huit clos sur trois jours, trois actes et un même lieu, la maison des parents.
L’histoire est racontée à tour de rôle par Antoine, le plus jeune, et Claire, l’ainée. Et en un dernier chapitre, par Paul, le cadet. Mais Paul est aussi le mouton noir de la famille, car il est réalisateur et règle ses comptes d’enfance via ses films ou ses pièces. Tous lui en veulent, et surtout Antoine, de tordre le nez à la vérité et de les présenter sous une forme indigne et humiliante.
J’ai particulièrement aimé cette atmosphère lourde et pesante portée par une écriture simple et très juste.
Chacun raconte, selon sa sensibilité, ce qui se passe, mais aussi sa vie. Claire qui veut quitter son mari, Antoine qui va devenir papa avec une femme qu’il n’aime pas. Toujours amoureux de Lise qu’il a connue durant sa jeunesse.
Antoine est d’ailleurs le plus à vif dans cette confrontation, le plus remonté contre son frère. Lui : « le fils dévoué contre le fils ingrat. »
Les histoires personnelles de chacun s’entrechoquent avec la mort de leur père (peu aimant et peu aimé) et Paul, qui revient après des années d’absence et de silence. C’est le trop plein d’incompréhension, de sentiment d’injustice qui s’exprime et les violences verbales et physiques seront omniprésentes durant ces trois jours.
J’ai beaucoup aimé la maîtrise de l’analyse psychologique. Trois portraits parfaitement abordés. Il n’y a pas un méchant et deux gentils, mais simplement une fratrie, avec son langage direct qui tente de comprendre, de se comprendre, de comprendre leurs parents et leur éducation. Comme s’il s’agissait de leur dernière chance pour s’apprivoiser.
Mais les traces et les souvenirs de l’enfance restent indélébiles. Encore plus chez les deux garçons comme le pense si justement Claire : « Chez eux, l’enfance, l’adolescence avait la peau dure. Le sparadrap du capitaine Haddock. »
Un roman sensible et intelligent. Un excellent moment de lecture !
https://commelaplume.blogspot.com/
C'est un huis-clos écrit en trois actes comme au théâtre.
2 frères, 1 sœur et leur mère, un peu effacée en fond de cour, sont ensemble pour une fois ; ils enterrent le père le lendemain.
Alors, comme souvent dans ces circonstances, les non-dits, les jalousies et les rancœurs vont s'exprimer.
Il est questions de souvenirs d'enfance, de parents qui ne savent pas montrer leur amour, d'erreurs, de malentendus, d'un amour de jeunesse idéalisé, de difficulté à trouver sa place dans la fratrie, de compromis et au final de relations familiales.
Comme les roses, les dialogues sont piquants, acérés et sarcastiques.
Le récit est grinçant et touchant aussi.
L'écriture est fluide.
Un très bon moment de lecture.
Le père de famille est décédé et la famille doit se retrouver pour organiser les obsèques. Cependant, tout est suspendu à la présence ou non de Paul, l’artiste de la famille : cinéaste, auteur de théâtre. Viendra, viendra pas ? Tout est possible vues les relations familiales houleuses.
Nous avons donc, la mère de famille, persuadée que son rejeton préféré va venir, alors qu’il est en rupture totale depuis longtemps avec ses proches : il ne digère pas son « enfance malheureuse d’artiste incompris, à qui l’on n’a pas assez dit qu’on l’aimait et qu’il était exceptionnel et qui en profite pour régler ses comptes avec parents et fratrie dans chaque nouveau film ou nouvelle pièce de théâtre.
La fille aînée, Claire, a toujours été un modèle, travaillant, à l’école pour être infirmière, dévouée aux autres, sans se plaindre. Mariée, mère de deux adolescents, en pleine révolution, et un mari à peine plus mature.
Le benjamin, Antoine, a poussé sans problème, et a réussi dans ses études et son travail, même si sa vie n’est pas aussi enthousiasmante qu’il l’aurait souhaité, notamment côté cœur, car il semble toujours amoureux de sa première petite amie, et ne parvient pas à construire une vraie relation.
Le cadet, Paul, est donc l’artiste de la famille. Il ne se rend pas compte, dit-il, des ravages produits par ses créations artistiques sur la famille, (pour lui, c’est de la création, une œuvre d’art), non seulement il règle ses comptes avec sa famille mais aussi en bon Parisien, avec son village, n’hésitant pas cependant à plonger dans la satire sociale quand cela peut lui rapporter une bonne notoriété.
Olivier Adam a composé son roman, comme une pièce de théâtre, plusieurs actes, donnant la parole tantôt à Claire, tantôt à Antoine, ce n’est qu’à la fin qu’il donnera la parole à Paul, ce qui rend le récit fluide, agréable à lire (comme le plus souvent dans ses écrits). Il aborde très bien les difficultés relationnelles dans une fratrie, la place (ou l’absence de place) de chacun et surtout, la manière dont chacun des trois a vécu ce que Paul appelle l’absence de chaleur familiale, l’absence de compliments et les conséquences sur la confiance en soi que cela peut entraîner.
Aucun des trois enfants n’a les mêmes souvenirs, et tandis que Paul réinvente l’histoire, les autres, Antoine notamment, plonge dans le ressentiment, le jugement, la colère vis-à-vis de son aîné.
Il faut se souvenir, qu’à une époque pas si lointaine, les parents se cantonnaient à un rôle éducatif : leur fournir l’éducation, la nourriture, les habiller, leur fournir un toit, ce qu’eux-mêmes n’avaient pas toujours reçu, et que le père devait travailler pour subvenir à tout cela. Cela ne leur venait pas à l’esprit, qu’un enfant pouvait avoir besoin qu’on lui dise qu’on l’aime dans la mesure où ils avaient l’impression d’avoir rempli leur rôle. On a tous des griefs vis-à-vis de l’éducation qu’on a reçu, mais ce sont aussi les frustrations qui nous aident à nous construire.
J’aime bien retrouver la plume d’Olivier Adam, que j’ai découvert avec « Falaises » il y a une dizaine d’années et dont j’ai lu pas mal de livres, y compris ceux pour la jeunesse et ce roman m’a bien plu, pour l’analyse des relations familiales, et pour l’écriture.
https://leslivresdeve.wordpress.com/2023/02/10/dessous-les-roses-dolivier-adam/
Cruel moment que celui où frères et sœurs se réunissent afin de coucher dessous les roses celui qui fut leur père. Douloureux moment que celui où l’on enterre définitivement l’enfance, où tombent les derniers vestiges d’un mythe familial, les masques grimaçants d’un drame cent fois rejoué. Douloureux, certes, mais salutaire, lorsque, comme Paul, Claire et Antoine (et comme un peu tout le monde, non ?), on a remâché jusqu’à l’écœurement les mêmes conversations, les mêmes reproches, les mêmes haines recuites au feu des mêmes colères, des mêmes douleurs.
Dans son dernier roman, Olivier Adam nous invite à aller fouiller Dessous les roses, à nous frotter aux épines de l’enfance, pas les dramatiques, non, les banales, celles qui n’en finissent pas de piquer parce qu’elles sont plantées là depuis toujours et qu’on a jamais pris vraiment la peine de les retirer, par flemme ou par crainte de découvrir qu’elles ne cachent en réalité qu’un tout petit bobo à l’amour propre, sur lequel il suffirait de souffler avec juste ce qu’il faut de tendresse pour qu’il disparaisse. Ces épines auxquelles on continue de venir se griffer le cœur pour vérifier que la douleur est toujours bien là, rituelle et familière, qu’elle nous ramène à notre place dans cette mémoire familiale, douloureuse et délicieuse, haïe et chérie, dont on voudrait s’échapper mais que l’on ne peut quitter. Dans ce théâtre où chacun joue le rôle qui lui a été assigné par ordre d’entrée en scène (l’aînée si facile, si sage, si raisonnable, le cadet si exubérant, si sûr de lui, si exotique, si gourmand en place et en lumière, le benjamin si petit, si fragile, si attaché à ses parents, si sensible, si enragé à grandir), il y a peu de place pour l’improvisation et les changements de caps inopportuns et, si les souvenirs se mêlent, ils ne se ressemblent pas, chacun gardant son éclairage propre d’une mémoire qui se voudrait commune. Comme un écho à ces pièces devenues les classiques d’une génération, à mi-chemin entre Le prénom et Un air de famille, sur la scène exiguë au décor inchangé, un peu fané, alternent tragédie et comédie, monologues pénétrés et dialogues plus vrais que nature, grande scène du 2, confidences, flashback et bagarres. Les personnages deviennent comédiens, les lecteurs spectateurs, et l’auteur, subtil et facétieux, toujours très juste dans son analyse et généreux en autodérision, use de tout son talent pour jouer les caméléons et envoyer, pour finir, les clichés sur les roses.
La famille Eriksen (Claire, Paul et Antoine) est appelée à se réunir autour de la mère à l’occasion du décès du père et de son enterrement. Paul, l’aîné, artiste fantasque ne donnant que peu de nouvelles viendra t’il ? Cette réunion est l’occasion de faire connaissance avec chacun des membres de la famille, chacun dévoilant peu à peu sa personnalité au travers de points de vue qu’il exprime sur sa vie et de témoignages sur ce qu’il pense des autres. Des conflits enfouis émergent progressivement de cette rencontre contrainte. La deuxième partie du roman est un peu pesante, on a un peu l’impression de tourner en rond et que tout a déjà été dit avant.
Dans une fratrie tous les enfants ont ils les mêmes parents? Les mêmes souvenirs? En fonction de leur rang d’arrivée, selon qu’ils sont filles ou garçons, les parents les aiment ils de façon identique? Leur accordent ils la même attention?
Et à l’âge adulte, qu’en est il des regrets, des rancœurs, des jalousies inavouées, ces non dits intériorisés sur lesquels on se bâtit, avec lesquels on grandit?
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Alors qu’ils s’apprêtent enterrer leur père Claire, Paul et Antoine se retrouvent quelques heures dans la maison familiale. Quelques heures où ils vont se retrouver après des années de brouille. Quelques heures où ils vont vider leur sac, revisiter leur enfance, s’affronter, se confronter, se rapprocher. Condensé de vie de famille à l’heure où la cellule familiale perd un de ses piliers. Scène de vie ordinaire où ils retrouvent leur place d’enfants au moment où leurs parents s’effacent.
Lecture bien agréable que celle-ci. C’est délicieusement grinçant, c’est sans concession et c’est étonnamment juste. Dans ce huis clos familial où alternent les points de vue de Claire, l’aînée et d’Antoine, le cadet, on assiste à la radiographie d’une famille ordinaire, éclatée depuis la rupture entre le père et Paul, le benjamin, le révolté, l’artiste qui règle ses comptes en mettant en scène ses proches, en les dézinguant sans pitié, insensible aux dégâts qu’il occasionne.
Entre règlement de compte et cri d’amour c’est un livre qui questionne avec justesse sur les liens familiaux et qui met en lumière leur ambiguïté et leur complexité. Il explore l’âme humaine, avec ses fêlures et ses doutes et on finit tous par s’y retrouver un peu. C’est servi enfin par des dialogues savoureux, affûtés et percutants.
Dessous les roses, il y a des épines mais il y a aussi de la douceur et finalement beaucoup d’amour.
Une histoire de famille. Olivier Adam, dans Dessous les roses, m’a fait vivre les retrouvailles d’une famille au complet. Enfin, presque puisque le motif de ces retrouvailles est la mort de François, le père.
En trois actes, Olivier Adam me fait traverser trois journées avec plusieurs scènes. Claire, l’aînée, et Antoine, le petit dernier, assument leurs pensées, leurs doutes, leurs craintes, leurs reproches. Dans ce dernier rôle, c’est Antoine qui est le plus virulent car intervient celui qui est né six ans avant le petit frère : Paul. Celui-ci a assumé son homosexualité malgré l’hostilité de son père. Il a réussi comme metteur en scène au cinéma et au théâtre.
Antoine développe beaucoup d’agressivité envers son frère car il lui reproche d’utiliser leur histoire familiale dans ses films et au théâtre. Cette histoire familiale, il la transforme, l’embellit, la tourne en dérision ou l’avilit.
Au cours de ma lecture, j’ai bien apprécié quantité de formules, de réflexions bien senties qui pourraient s’adapter à d’autres familles.
Si Antoine est avec Sarah mais aime Lise, Claire veut divorcer de Stéphane malgré leurs trois enfants. Pour tous les deux, rien n’est simple et c’est là que le talent d’Olivier Adam s’affirme une fois de plus. Il sait, à merveille, donner la parole à ses trois principaux personnages sans négliger le rôle posthume de leur père. La mère n’est pas absente mais, comme la plupart des mères, elle s’inquiète pour ses enfants, ne fait aucune différence entre eux, accepte leurs défauts et supporte leur éloignement.
Dessous les roses, titre emprunté à « Nantes » de Barbara, alterne discours violents et passages tendres. Si Antoine est direct, s’exprime sans fioritures, laisse éclater colère et jalousie envers Paul, Claire sait s’effacer, supporte Stéphane, son mari, qui l’exaspère alors qu’elle assume seule l’éducation de leurs trois enfants.
Tendresse de l’enfance, différences affirmées dès l’adolescence et soucis d’adulte avant de passer à la vieillesse, Olivier Adam, à travers les reproches, les dialogues violents et les réflexions distillées au bon moment, réalise un roman qui m’a touché tant sa justesse est émouvante.
Le vécu de chaque famille est différent mais, pendant ces trois jours de retrouvailles familiales autour du décès de leur père, Claire, Paul et Antoine assurent une partition à trois voix. Cela ne peut que toucher le lecteur. Cette histoire m’a fait réfléchir sur la vie qui s’en va toujours trop vite.
Celles et ceux qu’on aime, sœurs, frères, parents ne sont pas éternels et il est tellement important de faire taire jalousies et ressentiments pour ne retenir que le positif.
Ceci, Olivier Adam l’a parfaitement mis en scène dans Dessous les roses.
J’avais déjà lu ce livre et rédigé ma critique avant d’aller aux Correspondances de Manosque où j’ai pu écouter Olivier Adam parler de son livre, répondant aux questions d’Élodie Karaki. Aussi je peux ajouter quelques notes prises au cours de l’intervention de l’auteur.
Il a précisé le rôle de la parole, exprimée ou non et parlé du rôle de l’alcool. Ces frères et cette sœur, comme dans toutes les familles sont cimentés par un passé commun puis ont pris des chemins différents. Si l’auteur se refuse à toute scène de retour en arrière, il fait bien ressentir ce qui se passe lors de la mort d’un père. Si Claire veut tout envoyer valser, Antoine alterne violence et douceur alors que, pour lui, la paternité approche et que cela l’émeut et l’effraie à la fois. Il se révèle différent de Claire et de Paul. Enfin, on apprend que ce père controversé s’est révélé un grand-père formidable !
Au final, Olivier Adam que j’avais déjà apprécié dans À l’abri de rien, Chanson de la ville silencieuse, La tête sous l’eau, Les lisières et Peine perdue, m’a à nouveau captivé avec Dessous les roses.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Ma chronique : Olivier Adam récidive en nous livrant ce qu'il aime le plus : sonder les tensions familiales.
Ici c'est une fratrie où la place de chacun a son importance. Ils s'aiment mais ne savent pas le dire.
"Dessous les roses" repose le père. Bien que décédé, c'est lui le personnage central.
Claire, Paul et Antoine se retrouvent dans la maison de leur enfance pour dire un dernier adieu à ce père craint par l'aînée, détesté par le cadet, adoré par le benjamin.
Depuis longtemps, ils ne vivent plus sous le même toit et ont emprunté des chemins différents.
Durant trois jours, ils évoquent l'enfance faite de petits bonheurs et de jalousie mais surtout ils règlent quelques comptes car ils ne semblent pas avoir les mêmes souvenirs quant à leur ressenti vis-à-vis du père.
Plus encore, Paul le cadet, qui a eu très tôt des relations conflictuelles avec lui, "vide son sac", s'épanche en tant que dramaturge sur les travers de chacun par le biais de ses films et pièces de théâtre.
Ses frère et sœur, à tour de rôle, lui reproche d'avoir étalé leur vie, d'avoir souillé la famille, d'avoir falsifié leur histoire, d'être devenu sans cœur et méprisant envers leur classe sociale.
A travers ces disputes, chacun a l'impression, pour des raisons différentes, de faire fausse route, de faire de mauvais choix.
Bien sûr, la mère est contrariée. Elle les a élevés de la même manière. Pourtant les enfants veulent la protéger.
Malgré tout, on ressent un véritable amour entre eux, le chagrin se mêle aux éclats de rire, surtout " parce qu'avant nous étions ensemble"
Un joli moment de lecture . L'écriture est fluide et plaisante. On a l'impression de regarder une pièce de théâtre !
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