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Ils ont 14 ans quand ils se rencontrent dans un village perdu au fond de la campagne française. Elle vient y passer ses étés en famille depuis l'enfance, eux ont grandi là, groupe de jeunes désoeuvrés qui cherchent à exister malgré le crépi gris des façades. Ce jour-là, elle tombe amoureuse de Jimmy et devient « la fille de la bande ». Pour elle, ils sont la vie incarnée, ceux qui flirtent avec les limites dans des visions de liberté et d'horizons repoussés. Ils l'appellent « la bourge », elle les surnomme « les autres ». Les années qui filent en quête de sensations vont sceller leur adolescence. Premier amour, amitiés fraternelles, tragédies inévitables : ils vivront côte à côte cet âge où tout devrait être possible.
Ancré dans la France rurale des années 90 et du début des années 2000, Des kilomètres à la ronde est le roman d'un apprentissage sentimental où s'éveille la conscience du déterminisme social. Il témoigne du gâchis des rêves et des corps quand l'ennui et le manque de perspectives gagnent du terrain. Construit sur des réminiscences, il dessine aussi la géographie d'une mémoire : dans ce village assoupi, sur ces routes qui ramènent toujours au même endroit, les événements infimes deviennent les souvenirs qui comptent et qui accompagnent, longtemps après que les mains se sont lâchées.
Gros coup de coeur pour ce premier roman de Vinca van Eecke.
Nous sommes dans les années 90 à L. un bourg du Morvan qui décline. La narratrice y passe toutes ses vacances en famille. L'été de ses 14 ans elle rencontre un groupe de jeunes lors d'une fête. Elle va les accompagner durant plusieurs années dans leurs errances et leurs errements.
Pour elle qui vient d'un milieu plutôt conventionnel et bourgeois, ces jeunes un peu sauvages représentent la liberté, l'audace. Ils sont bruyants, insaisissables, ils veulent signifier qu'ils existent. A travers eux elle imagine qu'un ailleurs existe. C'est l'âge des possibles. Tous les rêves sont permis, toutes les routes sont encore ouvertes.
Elle va tomber amoureuse de Jimmy, son "splendide", beau comme un Botticelli, et devenir la fille de la bande parmi Chuck, José, Phil, Jimmy, Buddy, Mallow et Reno. Des surnoms "à la sauce barbecue" inspirés des feuilletons américains des dimanches après-midi.
[...Ils avaient envoyé valdinguer leurs chaussures et se coursaient à présent pieds nus sur le goudron, esquivant les flammes, inventant des passes au ras des cornes du feu, cambrant le dos, riant et soufflant comme des démons. La grâce, ça ne voulait pas dire grand-chose non plus, mais il fallait voir ça, oui, il aurait fallu que ma mère voie ça pour comprendre.]
Aux rodéos à mobylette dans le village succèdent des périples pied au plancher. Ils écument les bistrots les plus reculés du pays, les buvettes des comices agricoles. [..Ils prennent la route sans jamais réussir à partir...]
Au premier amour et à l'amitié vont succéder les inévitables tragédies. Le groupe va se fissurer et chacun va aller son chemin.
Resteront à jamais les réminiscences de ces jours perdus, des chemins empruntés.
Ce récit a été un véritable choc et m'a renvoyée une décennie plus tôt dans mon propre village de Bourgogne. L'auteure décrit avec beaucoup de justesse l'ennui, le désoeuvrement et surtout le manque de perspective pour les jeunes de ces campagnes isolées. L'alcool et la drogue servent souvent d'exutoires et le déterminisme social est à l'oeuvre. Si vous n'êtes pas né dans la bonne famille, vous ne pouvez compter que sur vous-même. Aucune mansuétude à attendre des braves gens, on surveille derrière les rideaux votre moindre faux-pas . J'avais constamment Brassens dans la tête et sa "Mauvaise réputation".
Le tout servit sur une excellente bande son très années 80 entre Pink Floyd et Thiéfaine.
[...On a 6 ans, on se regarde, nos mains se chamaillent la gourmandise d'un poney.
- on se connaît pour longtemps tous les deux, tu sais?]
En lisant la quatrième de couverture, vous penserez sans doute : encore un roman sur une jeunesse désœuvrée dans une ville de province ? Vous n’aurez pas tort, et vous serez tellement loin de la réalité.
A travers ce récit, l’autrice nous raconte l’histoire de la narratrice, cette « bourge » qui va intégrer un groupe de garçons de L, petit village de la campagne bourguignonne. Elle y passe ses week-ends et ses vacances, et s’y réfugie dès qu’elle peut, sans ses parents. Avec ces garçons, elle va créer des souvenirs qui la marqueront profondément. Une « preuve tangible que (son) adolescence n’est pas résumable à des errances de fantômes » (page 191).
En nous racontant leurs souvenirs, leurs ennuis, leurs histoires, l’autrice nous interroge également sur le déterminisme social. Ces garçons peuvent-ils quitter L, ou sont-ils condamnés à y rester et à répéter un cycle sans fin? Eux ont l’impression qu’« il y en a qui ne paie pas du tout et il y en a qui paie toute leur vie » (page 226).
Vinca Van Eecke signe un premier roman très réussi. Avec sa plume poétique, elle ravive la nostalgie de notre adolescence et cette insouciance désinvolte avec laquelle on s’enivrait. Une très belle découverte pour laquelle je remercie les éditions du Seuil.
J'ai beaucoup aimé la première partie de ce récit. La beauté et le rythme de l'écriture m'ont évoqué Pagnol. A travers des mots ciselés, j'ai ressenti la chaleur de l'été et la douceur de vivre.
Le lecteur partage les vacances scolaires d'une jeune parisienne dans la campagne bourguignonne qui s'incruste au sein d'une bande de garçons désœuvrés. Les années 90 sont magnifiées : les chansons de Renaud, les parties de baby-foot au café du village, le minitel...
Puis, dans la seconde partie du roman, la narratrice s'arrête sur le destin des garçons. Le récit devient plus dramatique pour évoquer l'exclusion sociale et économique des jeunes ruraux. La magie a cessé, pour moi, dans les derniers chapitres, lorsque l'intellectuelle parisienne qu'est devenue l'adolescente retourne en famille observer - du fond de sa Mercedes A - les "paumés de l'hexagone". Le ton moralisateur et surtout sa posture d' observatrice non impliquée m'ont mis mal à l'aise. Ce premier roman est cependant attachant et riche d'une écriture fluide. Je lirai avec plaisir le second roman de Vinca van Eecke.
Elle devient " la fille de la bande " en tombant amoureuse de Jimmy mais entre eux ils l'appellent " La Bourge "
Il est vrai qu'entre les vacanciers et les jeunes du village la différence est visible mais Elle , du haut de ses quatorze ans s'en fiche, elle connait le village, sa grand'mère y habitait et déjà enfant elle venait y passer ses vacances d'ailleurs elle avait une amie à cette époque .....
La maison de la grand'mère est devenue " la maison de vacances ".........
Le roman de passe dans la France rurale des années 90 au début des années 2000, les petits boulots à gauche à droite pour les ados du coin, l'apprentissage sentimental, les joints en cachette , les virées en mobylette .......
Des souvenirs qui ne s'oublient pas et qui sont toujours ancrés dans la mémoire du temps .........
Un très bon premier roman ....... un bon moment de détente dans lequel chacun se retrouve.
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