Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Dans un contexte où le combat antiraciste revient sur le devant la scène, la lutte contre l'antisémitisme semble être restée en marge. Pire, l'extrême droite, vecteur historique et premier de cette vieille haine, ose même prétendre être le chantre de la « défense » des Juifs.
C'est oublier que les Juifs ne sont pas « blancs » au sens sociologique du terme. Comme les autres racismes, il fait système : du cliché sur des traits physiques ou moraux, à l'insulte, jusqu'au meurtre, il y a un continuum. L'antisémitisme est un racisme, mais pourquoi n'est-il pas considéré comme tel au sein des luttes antiracistes ?
Illana Weizman s'attache à en décrypter les raisons en partant de sa propre expérience : l'idée que les Juifs sont privilégiés (cliché antisémite s'il en est), la mise en compétition des différentes minorités, la confusion avec l'antisionisme... Et si les milieux de gauche ne sont pas intrinsèquement antisémites, leur complaisance laisse le terrain à des discours stigmatisant en particulier les Noirs et les Arabes, leur faisant porter le chapeau de l'antisémitisme contemporain. Reconnaître ces biais relève de la décence, mais également de l'efficacité. Si toutes les luttes antiracistes ne convergent pas, nous en sortons tous perdants. Car, rappelle l'autrice avec Frantz Fanon : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l'oreille : on parle de vous. »
Lecture d'un essai-récit, qui m'a bien intéressé et qui m'a permis de me questionner sur un sujet assez délicat, l'antiracisme et sa militance, et surtout l'antisémitisme.
Le sous titre de ce texte est "les juifs, angle mort de l'antiracisme" et il ne faut pas oublier le point d'interrogation du titre.
L'auteure se et nous questionne sur "la question juive", dans l'histoire, dans l'histoire des pensées philosophiques mais aussi dans sa propre judéité et dans sa vie personnelle, militante.
Un texte très instructif avec des références bibliographiques pertinentes, que ce soit le texte de Jean Paul Sartre "Réflexions sur la question juive" parue en 1954, celui de Delphine Horviller "réflexions sur la question antisémite", de 2019 et des textes plus littéraires comme les écrits de Frank Fanon, Albert Menni, Robin DiAngelo ou Chloée Korman, Raoul Peck.
Ce texte est une incitation à lire certains auteurs et l'auteure en fait une analyse pertinente.
C'est aussi une analyse très personnelle et elle se questionne sur son propre ressenti : "Parce que je sais qui je suis et d'où je parle, parce que je connais mes spécificités, je sais reconnaître, accepter et embrasser celles des autres" (p10).
Elle expose l'histoire de l'antisémitisme et la fondation en 1879 d'une "ligue antisémite" et nous en donne une définition précise : "l'antisémitisme est la petite calomnie du quotidien, médiocre, répétée et à son paroxysme, c'est la Shoah" (p25). Il a fallu tout de même attendre 1962, le concile de Vatican II pour que soit récusé officiellement la thèse du "déicide". De l'antijudaïsme (assassin de Jésus) à l'antisémitisme et les théories pseudoscientifiques sur la conception de "race".
J'ai apprécié aussi les questionnements plus personnels de l'auteur et la façon dont elle a "appris" qu'elle était juive, et son rapport à la violence subie et au racisme du quotidien (une scène hallucinante dans le métro parisien ou dans la cour de récréation) "Le racisme est une violence qui prolonge dans le doute qu'elle instille en nous de notre propre santé mentale".
Et j'ai aimé son coup de colère et sa façon de vouloir faire face à ce racisme, "se fondre sans se confondre (référence à Nicole Lapierre) et sa façon d'aller vers les autres et de préconiser une union des luttes des racisés contre le racisme et ne jamais opposer les luttes. "Répondons y plutôt d'une même voix, amplifiée, forte et cohérente, additionnons nos "je" pour former un "nous".
J'ai beaucoup appris avec des textes de référence et ce texte m'a questionné sur ma propre expérience face à ce sujet. L'auteure a son point de vue personnelle face à certains comportements militants et politiques. Mais ce texte a l'avantage de faire le point sur les réflexions sur ce sujet délicat et est susceptible d'ouvrir le débat.
D'autres textes sont à découvrir et ainsi se faire sa propre opinion, selon aussi sa vie personnelle.
#DesBlancscommelesautres #NetGalleyFrance
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Bird découvre que sa mère n'est autre que la poétesse dissidente Margaret Miu...
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement