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La littérature se plaît à décliner à l'infini les formes changeantes que l'imagination active donne à percevoir ou, au contraire, fait disparaître. Elle ne connaît de vérité que transitoire et de passage. La passion littéraire commence par l'abandon d'un savoir inapproprié dès lors que l'espace fictionnel est, par essence, celui qui ne peut s'appréhender comme délimité, cerné par la raison. Écrire procède d'un effort exceptionnel pour sortir du carcan personnel : l'autofiction se situe, en ce sens, aux antipodes de l'enjeu littéraire majeur, lorsqu'elle prend la forme d'un déballage des émois dérisoires qui composent une vie. Défendre la séduction littéraire relève d'un double défi : tenter d'extraire la littérature de la gangue du savoir critique qui risque de l'asphyxier, et montrer comment le refus de l'objectivisation des faits littéraires ne saurait coïncider avec un retour au mirage de l'expression de soi. La séduction littéraire résiderait dans ce que l'auteur appelle une "subjectivité impersonnelle".
Florence BALIQUE est docteur ès Lettres et enseigne la littérature française classique à l'Université de Versailles-Saint-Quentin en Yvelines.
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