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Milana a 27 ans et son histoire tient du miracle. Miracle d'avoir survécu aux deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et depuis 1999) et aux rafles qui ont emporté tant de ses proches. Miracle d'être passée de son petit village natal, à trois heures de route de Grozny, à l'école de journalisme de Sciences-Po Paris. C'est ce parcours hors du commun qu'elle nous raconte dans son livre, à la fois journal intime et journal de guerre, où défile toute l'histoire récente de ce pays meurtri, à travers mille et une anecdotes vécues. Le départ précipité de son petit village sous les bombardements, les journées dans la fac de Grozny encerclée par l'armée, la vie de famille, les amis qui disparaissent, les allers-retour en Ingouchie pendant les attaques, l'arrivée à Paris, les rapports avec les russes, etc. C'est aussi un combat pour la dignité, qui passe par son souci de rester belle, élégante, en toutes circonstances. On découvre le regard que porte sur la France cette jeune fille qui pourrait ressembler à une jeune parisienne mais qui n'a presque connu que la guerre, cette guerre sur laquelle l'Occident continue de fermer les yeux. C'est aussi pour briser ce silence que Milana a tenu à publier ce livre avant de repartir vivre dans sa chère Tchétchénie
Ce document est intéressant à bien des égards.
Dans un premier temps, il est instructif du point de vue historique. Il permet de comprendre de manière assez clair une partie des enjeux politiques complexes qui ont entraîné la Tchétchénie au cœur d’une tourmente dévastatrice depuis de trop nombreuses années. Les annexes sont un outil précieux pour suivre et comprendre les évènements relatés au cours de ces 36 chapitres.
Dans un second temps, ce qui marque le lecteur, c’est que cette jeune femme soit parvenue, en français dans le texte, à décrire, si justement, au travers de son histoire personnelle, le calvaire de tout un peuple pris dans l’étau du pouvoir russe. Son texte, malgré l’évidente charge émotionnelle qu’il contient intrinsèquement, reste sobre et dénué de mots culpabilisants, pour nous, européens, si ignorants de leur cause. Elle contente d’informer et a décidé de remplir son devoir de journaliste de la façon la plus neutre possible.
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C’est également avec beaucoup d’intérêt que le lecteur se penche sur les trop brefs commentaires qu’elle s’accorde à faire sur sa vie française. On comprend aisément qu’elle ne peut se permettre de médire sur le pays qui l’a accueilli durant trois années et lui a permis de poursuivre des études de journalisme à Sciences-Po. Mais, c’est à regret, que la partie consacrée à son séjour en France soit si succincte, même si son propos se voulait essentiellement centré sur la dure réalité vécue par la Tchétchénie, abandonnée à son bourreau russe. Elle raconte sans mélo ni pathos l’assassinat injustifié de son père, l’arrivée des chars, les bombardements massifs sur Grozny, les refuges trouvés dans les caves insalubres, les check points et la fuite en Ingouchie.
Le projet de Milana Terloeva est de rentrer définitivement en Tchétchénie et d’y créer un journal indépendant pour la jeunesse. La double question qui nous taraude est de savoir si vu l’état politique actuel de son pays, elle est parvenue à bâtir un tel projet et si son séjour de trois ans en France n'a pas été un frein l’empêchant, en définitive, de revenir dans l’enfer de Grozny?