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C'est l'histoire d'une jeune fille qui a connu le succès au détriment de ses proches et qui l'a perdu, en même temps que tout le reste. Les sœurs que l'on rencontre dans ce livre étaient aveuglément sœurs lorsqu'elles étaient enfants. Aujourd'hui, un procès a fendillé ce lien familial. Liées et déchirées par une mère aussi folle que géniale, aussi méprisante que blessante, aussi égoïste que mal aimante, le récit de ce lien sororal est à la fois déchirant et terriblement trivial. L'histoire a voulu qu'un contexte politique exacerbe les tensions, les sentiments, la violence des propos des uns envers les autres. C'est l'histoire d'une famille, c'est un peu l'histoire de toutes les familles vivant avec ses secrets, ses enfants mal aimés, ses parents trop exubérants.
Si l'auteur a pris un parti pris évident en refusant la traditionnelle ponctuation de dialogues, en débutant des phrases sans en écrire la suite, en écrivant presque intégralement au présent, Dans les yeux des autres ne semble jamais vouloir décoller. Il n'y a pas de surprises à la lecture, pas d'éléments notoires qui donnent envie de savoir ce qu'il va se passer. Va-t-il seulement se passer quelque chose ? Sans être désagréable à lire, il semble être de ces livres évanescents qu'on lit sans s'en rendre compte et qu'on sera capable d'oublier assez vite. Les pages défilent avant de rentrer dans le vif du sujet : cette révolution qui a changé la vie de tous, bien plus en mal qu'en bien, cet exil incroyable porté par la volonté de changer le monde de quelques personnes. Les débuts sont marqués par l'écriture de Geneviève Brisac, volontairement intime, mélancolique, par l'oscillation incessante entre le passé et le présent, sans véritable suite chronologique. Mais le temps passé entre les pages finit par avoir raison de tout ça.
Si la première partie est monotone, portée par un style abscons, il faut attendre le Mexique pour que l'écriture s'intensifie, prenne de l'ampleur, de l'épaisseur et devienne au moins aussi dure et impitoyable que Molly, aussi rêveuse et irréelle qu'Anna, aussi indocile que les espoirs des révolutionnaires. Jusqu'à la fin, on est porté par une sensation d'apnée que l'on ne trouvait pas au début du roman. Et la bouffée d'air frais arrive. Timide, mélancolique à l'image du récit, témoin malheureux de l'incompréhension de deux sœurs vivant dans le même monde et pourtant si dissemblables mais elle est là.
Pourtant, après la dernière page, l'impression est amère, mélancolique, profondément triste. L'espoir qui transparait à certains moments se fait annihiler par la cruauté de la vie, l'absurdité du temps, les regrets, les actes manqués, les bassesses, les rancœurs et les haines des personnages.
Au fil du temps, au fil de la révolution, Geneviève Brisac a pris possession de ses cinq personnages que l'on croise plus ou moins longuement. Un nœud inextricable les relie : celui du danger, celui d'être persuadé de militer pour des choses justes, celui de la fierté aussi, la fierté d'être au-dessus des petits-bourgeois et de devenir acteur à part entière de ce monde si bancal où ils sont obligés de vivre. On s'attache à Molly, à Anna, à Marek, à Boris et même à Mélini bien qu'on les trouve un peu absurdes dans leurs désirs, absurdes dans leurs actes. Ils représentent une génération terrible, celle où les jeunes durent combattre les tyrans, les malfaisants et les désillusions. Malgré quelques longueurs dans la première partie, Geneviève Brisac les raconte admirablement bien.
5 personnages se partagent cette histoire pleine de mélancolie:
deux soeurs Molly et Anna, leur mère Melini et deux camarades Boris et Malek.
Ils se disent révolutionnaires et s'engagent dans différentes actions.
Cela les mènera de Paris au Mexique en passant par diverses villes françaises où ils organisent des meetings.
Mais hélas Malek meurt dans une prison mexicaine.
Anna pense que la révolution passe aussi et surtout par les mots, elle va donc écrire un roman qui lui vaudra le rejet de ses camarades.
Au delà des actions de chacun, c'est surtout les relations humaines qui sont au cœur de ce livre : relation entre mère et fille, relation entre les deux sœurs et relation entre homme et femme: amitié, amour, haine, trahison.
J'ai beaucoup aimé l'écriture, la profondeur des réflexions, au vocabulaire utilisé.
une grande place est consacrée à l'écriture et la langue.