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«Je ne sais pas si Istanbul garde toujours les traces de ce qui s'est passé, je ne sais pas si je peux apprendre d'autres choses sur mon père. Ou peut-être le sais-je, mais je fais comme si je pouvais encore faire durer son histoire, je me mets à sa place et je suis toutes les pistes, même les fausses».
Le 7 novembre 1995, alors qu'elle a onze ans, Aliona apprend que son père a disparu lors du naufrage d'un voilier au large de la Turquie. Contre-enquête initiatique menée à partir des lambeaux de souvenirs de la petite fille devenue adulte, ce roman ausculte l'impalpable attente, tout en inventant un destin à cet homme absent.
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Aliona n’a que onze ans lorsqu’elle apprend que son père a disparu lors d’un naufrage en mer. Parti au loin, à Istanbul, pour enfin voguer sur cette mer qui l’a tant attiré toute sa vie, lui pour qui les voyages étaient quasiment impossibles, à Minsk et dans la Biélorussie des années 90…. Et comment peut-on faire son deuil quand il ne reste que le vide et à jamais une dose d’incertitude ?
Dans ce roman, car c’est un roman malgré tout, la petite fille devenue femme part à la recherche de ce père, des instants volés à sa mémoire, des souvenirs de ceux qui en ont encore, du pourquoi ne se souvient-on pas que ce sont les derniers instants passés avec ceux qu’on aime, et pourquoi n’est-on pas capable de les vivre pleinement. Car la disparition est toujours soudaine, bouleversante, déchirante, et laisse cet amer goût de manque, d’absence, de vide.
Aliona cherche son père. Son père et sa dipsomanie – une maladie – qui lui fait chercher l’oubli dans l’alcool, encore et toujours, jusqu’à la déchéance, pour affronter un avenir sans doute pas si enthousiasmant que ça. Son père et la famille qui le soutien mais qui parfois est excédée, sa femme, ses enfants, Slavka, le fils d’un premier mariage, un divorce comme une tare dans la Biélorussie communiste, son exclusion justement du parti communiste qui ne veut plus de lui. L’alcool comme un remède à la peur, de sortir, de vivre une autre vie que celle dont on rêve, pour oublier l’enfant mort, pour oublier les frustrations peut-être.
C’est un étonnant roman que propose Aliona Gloukhova à ses lecteurs. Un véritable travail d’introspection familiale dans lequel elle va puiser pour trouver les traces de son passé, et tracer un avenir où il faudra se reconstruire sans, sans le père, la mémoire, sans une certaine forme d’enfance, pour avancer bien droit vers demain.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/05/25/dans-leau-je-suis-chez-moi-aliona-gloukhova/
Lenka a 5 ans, elle habite à Minsk, elle a appris à nager avant de marcher. Elle ressemble à son père, dans la vie elle se dandine, mais dans l’eau elle est chez elle. C’est pourquoi on la surnomme le pingouin. Son père a un besoin maladif d’alcool et toute la famille vit au rythme de ses crises.
« Tout le monde boit à cette époque dans cette ville. Les pères de mes copines de classe boivent, nos voisins boivent, nos profs à l’école, eux aussi, boivent. Dans cette ville, il faut boire pour trouver du courage. »
Son père rêve de voilier et de voyage en mer. Un jour de tempête il y a 21 ans, Lenka a alors 11 ans, le voilier sur lequel il se trouve a coulé en Turquie. Son corps n’a jamais été retrouvé
« Vous comprenez maintenant pourquoi votre père buvait, dit ma mère, et je pense au gris des visages et aux espaces clos, je pense au climat, je pense à mon père qui ne peut pas occuper de poste de dirigeant parce qu’il n’est pas au Parti communiste. Je pense que tout est trop petit pour lui, il touche le plafond de sa tête, il se heurte contre les murs. »
Lenka doit inventer ses souvenirs, elle imagine sans cesse son retour.
« Je ne sais pas ce que l’on fait pour se souvenir des gens, il y a peut-être une façon. Un bouton sur lequel on appuie, pour sauvegarder les autres tant qu’ils sont là, sans qu’ils s’en rendent compte. »
Avant sa disparition, il était à peine existant. Elle cherche des photos, des lettres pour le faire revivre. Elle questionne sa mère, sa sœur, elle essaye de retracer les événements juste avant l’accident. Et puis un jour, elle prend l’avion pour la Turquie, elle se rend là où son père a été vu pour la dernière fois, pour se mettre à sa place, pour comprendre.
« Il y avait un homme qui voulait être un dauphin, il avait un cœur qui battait pour deux : pour un homme et pour un dauphin. Il y avait un dauphin qui était homme par erreur, quelqu’un s’était trompé. Il avait le corps d’un homme ça arrive. Il lui fallait apprendre à marcher tout droit, réadapter ses poumons, ses tout petits poumons qui se pliaient et se dépliaient tout le temps. Il avait en lui une chair d’argile, une chair sanguine, il avait en lui de l’eau de mer salée. »
J’ai beaucoup aimé ce premier roman où la narratrice est hantée par la disparition de son père et s’efforce d’en recomposer l’image. Elle sait parfaitement décrire le vide de l’absence, la quête de cette femme pour faire le deuil impossible de ce père insaisissable. Ce récit nous décrit aussi la Biélorussie post soviétique où tout le monde boit pour oublier la noirceur des immeubles et de la vie en général. L’écriture est fluide comme l’eau omniprésente dans ce livre.
La chronique douce amère d'une enfance russe brisée par la disparition du père.
Qui était Youri, cet homme atteint de dipsomanie, disparaissant régulièrement sans explication mais pas sans motif ? Le papa d'une petite fille de 11 ans, Aliona, qui a disparu en mer, au large de la Turquie. Aliona un jour, décide de partir sur les traces, physiques comme mémorielles de son père. La mer l'a emporté mais n'a rapporté aucune pièce de ce père, alors que ses deux comparses s'en sont sortis. L'absence est tristesse, douleur, regret mais aussi incompréhension. Mille scénarios s'ouvrent à la disparition. Difficile de savoir si celle-ci est volontaire, suicidaire ou échappatoire, ou involontaire, accidentelle et inévitable. Une certitude néanmoins : elle demeure inexpliquée. En partant à sa recherche, Aliona va découvrir son père, certes abusant de la vodka, mais un père aimant, un père qu'elle revoit, qu'elle redécouvre, qu'elle réinvente. Youri a vécu, il a aimé sa femme, a mangé du bortsch, été exclu du parti commmuniste, et anticipé la catastrophe de Tchernobyl sauvant toute sa famille.
Au delà du souvenir réel ou imaginé de son père, Aliona Gloukhova nous propose un regard sur la Biélorussie, sur ces territoires où les hommes sont aussi abandonnés que les espaces, où la vodka est le refuge de ceux qui veulent vivre ou plutôt survivre mais qui, en réalité, s'effacent et disparaissent pour ne plus être vus de leurs contemporains. Aliona Gloukhova transcrit parfaitement cette atmosphère de dipsomanie qu'elle semble bien connaître.
Un roman juste, intense et terriblement sincère.
De la Biélorussie à la Turquie à la France, la quête d’Aliona pour retrouver son père est aussi une exploration au plus proche de l’intime, des blessures souterraines et des tendresses presque effacées.
L’urgence de retrouver, de recréer le père ne laisse la place à aucun artifice. Les mots sont des cris d’amour autant que des goulées d’air aspirées pour survivre.
Les phrases d’Aliona n’existaient pas avant, ne connaissent aucune usure.
Est-ce beau ou triste ? On passe d’une page à l’autre comme on court en équilibre sur un câble, le cœur serré.
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