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?Rentrée littéraire Seghers 2021.
1861 : une centaine de garçons sont envoyés à la colonie pénitentiaire de l'île du Levant, bagne privé pour mineurs au large d'Hyères. Coupés du reste du monde, les colons , délinquants, orphelins, enfants des rues, sont broyés par une discipline de fer.
1866 : une révolte s'achève par la mort de treize d'entre eux lors d'un incendie.
Plus de cent ans après, Héloïse Guay de Bellissen entre au collège, à La Seyne-sur-Mer, tout près de là, sur le continent. Autour d'elle, une bande d'adolescents rebells au système. En quête d'une liberté pleine et entière, ils sèchent les cours, écoutent Nirvana et les Pixies dans des lieux secrets. Et se préparent à un destin tragique.
Comment trouver sa place dans un monde normatif ? Les personnages de ce roman la trouveront par la force. Une force puissante et radicale qu'ils tirent de leur jeunesse même, parce qu'elle est pure, neuve. Et qui se retournera contre eux.
Toujours aussi impressionnée par l'écriture de Heloise Guay de Bellissen.
Cette fois, elle nous plonge dans un épisode terrible des pénitenciers pour enfants du 19e siècle et retrace en parallèle son adolescence révoltée avec sa bande d'amis.
C'est brut, ça secoue, mais on ne peut pas le lâcher.
1866, dans une colonie pénitentiaire pour mineurs, sur l’île du Levant, en face de Hyères, une révolte se termine par la mort de 13 enfants lors d’un incendie. 130 ans plus tard, à l'époque de Kurt Cobain et des Pixies, à quelques encablures de là, une bande d’adolescents qui peinent à trouver leur place dans le monde se préparent à un destin tragique. Comment, à l’adolescence, se rebeller contre son sort sans s’autodétruire ?
« Je me présente, je suis la flamme d’un incendie, je suis née pour carboniser, achever, étouffer le jour, éclairer la nuit, manger des oiseaux, piquer la vedette au soleil, brûler jusqu’au ciel. Et beaucoup d’autres choses encore. Alors si vous aimez les histoires qui se terminent bien, vous soufflez sur la mauvaise chandelle.
Tout a commencé en 1866, le 3 octobre pour être exact. J’ai été déposée par la foudre sur une île pour effectuer mon baptême du feu. Ma surprise fut immense quand j’ai découvert que j’étais tombée dans un pénitencier pour enfants. Ça se faisait beaucoup à l’époque, suffisait d’être pupille de la nation, vagabond, délinquant, ou être vraiment, vraiment mal né, pour y atterrir. Alors forcément quand j’ai débarqué, j’ai su qu’eux et moi allions faire de grande chose.
Là, tout de suite, les noms, Condurcer, Le troué, Boule de neige, ou encore Sabine ne vous disent rien, mais approchez, tendez l’oreille et vous les entendrez parce que dans l’arbre généalogique du monde ils sont vos enfants ancêtres. Ils sont à la fois ce que vous avez été et ce que vous êtes : des prisonniers de l’enfance et des révoltés. »
Post-Scriptum : Vous saviez que vous les humains possédiez une cabane intérieure où je peux mettre le feu et vous enflammer ? Vous savez que dalle, mais vous allez bientôt le savoir.
Voilà une histoire qui, comme j'aime, démarre sur les chapeaux de roues !
Héloïse Guay de Bellissen, l'esprit vagabond pendant le confinement, s'est rappelée son adolescence à La Seyne-sur-Mer dans le années 90 avec ses potes, leur esprit rebelle, leur soif de liberté et puis l'évocation de l'histoire de la colonie pénitentiaire de l'île du Levant lui est revenue, ce bagne pour enfants... une centaine d'années auparavant, des enfants à l'esprit parfois rebelle étaient envoyés arbitrairement dans des colonies pénitentiaires. le parallèle était fait, le récit pouvait commencer.
Trois narrateurs se succèdent :
Le feu, celui qui réchauffe, purifie, mais aussi détruit tout.
Héloïse elle-même, adolescente en révolte contre la société.
Boule de neige, enfant bagnard de treize ans, livré en pâture à un "no future" instauré par une structure sociale inique et indécente.
L'autrice alterne les chapitres entre sa "carrière" d'adolescente et le sort des enfants dont la société s'est débarrassée au XIXème siècle en se donnant bonne conscience, et le tout entre en résonance.
Grâce à ses recherches aux Archives départementales de Draguignan, elle a réussi donner corps à ces pauvres gosses rejetés, à les faire revivre, à les faire exister pour nous au XXIème siècle, à leur rendre leur nom.
Ce roman parle d'une réalité historique totalement révoltante pas si loin de nous, parce qu'en fait c'était quasiment hier...
C'est un livre qui se dévore, qui nous parle d'une époque passée qui ne protégeait pas ses enfants, mais aussi, plus près de nous, de la génération grunge, ces ados mi Peter Pan, mi Gremlins qui ne voulaient pas grandir, pas ressembler à leurs parents avec leurs vies absurdes.
L'écriture est vraiment belle, très rock, à l'image de l'autrice.
J'ai adoré le rythme narratif d'Héloïse Guay de Bellissen, qui m'a rendue nostalgique de ma propre adolescence, et ça c'est vraiment un exploit car c'est une période de ma vie que je n'ai pas vraiment aimée... et l'analogie ainsi que les antagonismes faits avec ces enfants que la société avait jetés aux oubliettes.
C'est un livre qui vous avale dès la première page mais ne vous recrache pas à la fin car je suis bien convaincue que tous ces adolescents vont m'habiter encore longtemps.
Je connais déjà Héloïse Guay de Bellissen pour avoir lu son roman paru l’année dernière, Le dernier inventeur. Elle revenait sur l'histoire du groupe de jeunes gens qui ont découvert la grotte de Lascaux. J'avais beaucoup aimé ce roman, la façon d’écrire de l'autrice et de relater une histoire. J’étais donc très contente de la retrouver dans ce nouveau roman sorti à cette rentrée littéraire. Une nouvelle fois, elle s'appuie sur des faits réels, et j'aime énormément quand la fiction rejoint la réalité.
On va donc suivre ici deux groupes de jeunes gens en parallèle, séparés par cent trente années. Le premier est un groupe de jeunes adolescents, paumés pour beaucoup, orphelins ou petits délinquants, des laissés pour compte. Ils se retrouvent emprisonnés dans un bagne sur l'ile du Levant, en face de Hyères. Officiellement, ce lieu existait pour éduquer les enfants, pour les remettre sur le bon chemin. En réalité, c’est surtout le moyen de débarrasser les villes de ces jeunes qui dérangent. Comme dans tout lieu où des personnes vivent ensemble, les uns sur les autres, des petits chefs apparaissent, des conflits aussi, jusqu’à en arriver à un drame.
Cent trente ans plus tard, dans les années 1990, on retrouve un autre groupe de jeunes adolescents qui se retrouvent à un endroit qu'ils appellent « la Table ». Ils vont au lycée, sèchent certains cours, se moquent, rigolent, fument des joints, des cigarettes, écoutent Nirvana ou les Pixies. L'autrice fait partie de ce groupe. Un jour, un de leur copains revient d'un cours d'histoire qu'il n'a pas séché et qu'il a même trouvé très intéressant. Dans ce cours, il était alors question des adolescents de l’île du Levant. Et ce jeune de notre époque a trouvé plein de similitudes entre eux et ceux du passé, dans leurs agissements, leurs pensées.
Héloïse Guay de Bellissen a eu l’idée de raconter la vie de ces adolescents lors du premier confinement, où, comme les jeunes sur leur île, on pouvait se sentir en prison. Elle a eu la très bonne idée de faire une sorte de comparaison entre les deux époques. Et on se rend vite compte que ce sont les mêmes jeunes, avec les mêmes blessures, les mêmes espérances dans la vie, les mêmes relations avec les adultes. Les punitions ne sont plus les mêmes, quoique le bagne pour enfant n'existe plus, seulement, depuis 1977, c’est quand même encore tout récent. L'autrice parle et raconte avec beaucoup de justesse et de franchise, elle n'embellit rien, même dans les moments les plus cruels, elle reste vraie.
Je ne connaissais pas du tout ces faits se passant au temps de Napoléon. Ces faits m'ont beaucoup intéressée. Je me suis beaucoup retrouvée dans les jeunes de notre époque, je ne faisais pas partie de mêmes groupes, mais j'avais des connaissances qui écoutaient la même musique, se comportaient de la même façon, et j'ai beaucoup aimé retrouvé cette ambiance. Celle où les réseaux sociaux n'existaient pas, où les jeunes se retrouvaient entre eux pour discuter, où les téléphones n'existaient pas non plus, c’est un monde complètement autre que ce que l'on connait aujourd’hui. Il n'y a que trente ans qui nous séparent, mais que de changements ont eu lieu dans la vie et dans les mœurs.
J'ai beaucoup aimé suivre tous ces jeunes gens, que ce soit en 1860 ou en 1990. Ils m'ont tous marquée. J'ai aimé les surnoms qu'ils se donnent suivant leurs personnalités, le Rom's, Boule de Neige, Alors quoi, etc…que ce soit à notre époque ou avant. Que ce soit au passé ou au présent, certains ont eu des destinées tragiques. L'autrice parle de ses amis avec beaucoup d’émotion. Le titre « Crions, c’est le jour du fracas » a été prononcé par un des jeunes de l’île quand ils se sont soulevés et provoqué une révolte, et on se rend compte que ces mots auraient pu être prononcés en 1990 ou même maintenant….finalement, la jeunesse se ressemble à travers les âges et les siècles...
J'ai également beaucoup aimé la construction du roman. Les chapitres alternent entre les jeunes de l’île du Levant et ceux de 1990. La narration est double, et ça j'ai adoré, ça correspond tout à fait à ce qu'a voulu faire l'autrice. Les parties se passant dans le passé sont écrites à la troisième personne du singulier, celles se déroulant en 1990 sont à la première personne du singulier. Ce qui est tout à fait logique puisque l'autrice se raconte. Ce « je » m'a permis de me mettre encore mieux dans la peau de l'autrice, de ressentir ses émotions, ses joies, ses peines, j'ai pu ainsi vivre au sein de son groupe de copains et j'ai eu l’impression de faire un bond dans le passé et de me retrouver dans mes propres années lycée. Mes souvenirs se sont mêlés aux siens, pour mon plus grand plaisir.
Les chapitres sont intercalés avec des extraits du jugement et des dépositions faites après le drame que l’île du Levant. Ce sont des vrais, l'autrice a fait des recherches à Draguignan. On sent d’ailleurs tout son travail de recherche pour relater avec le plus de justesse possible les faits. En plus de ces extraits, il y a aussi des phrases de chansons qui ont marqué l'adolescence de l'autrice. Tout est fait pour mettre dans l'ambiance, soit du passé soit du présent. J’ai aussi aimé le personnage insolite représenté par le feu, qui prend la parole pour expliquer sa fonction dans la vie humaine.
Le livre s'est lu rapidement et facilement. Le sujet m’intéressait beaucoup d'une part, et la fluidité du texte a beaucoup aidé d'autre part. C’est un sujet que j'ai rarement rencontré, que je ne connaissais pas bien. C’est troublant de se rendre compte que de tels endroits existaient pour des enfants qui auraient pu mieux tourner s'ils n’étaient pas passé par là. Les chapitres courts et leur alternance donnent beaucoup de rythme à la lecture et le sujet est tellement passionnant que j'ai eu beaucoup de mal à quitter mon livre qui s'est lu presque d'une traite.
C’est le second roman que je lis de Héloïse Guay de Bellissen et il confirme ma première très bonne impression. C’est une autrice que je vais continuer de suivre avec beaucoup d’intérêt et de plaisir. Si j'ai le temps, je lirai un de ses anciens romans, sinon, je serai au rendez-vous de sa prochaine parution. Je ne sais pas si elle s'inspirera à nouveau de faits réels, mais en tout cas, elle les relate très bien. Elle montre avec beaucoup de justesse les ressemblances entre ces deux jeunesses, leur vulnérabilité, leur force, leurs envies et toute l’espérance qu'ils mettent dans la vie et que les adultes savent casser si facilement.
J’aime quand mes lectures ont ce double rôle de me divertir et de me pousser à la réflexion, ces livres sont marquants pour moi, j'aime alors les relire, les prêter pour que d'autres aient connaissance de pans de l'Histoire peu connus.
Pour tout ça, je ne peux que vous conseiller ce roman. Si vous ne connaissez pas encore Héloïse Guay de Bellissen, n’hésitez pas à le faire, c’est une autrice à lire. Pour ma part, j’attends déjà le prochain avec impatience.
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