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Contre Onfray est un essai critique écrit à la première personne du singulier.
Publiant Contre Onfray, le philosophe qu'est Alain Jugnon n'écrit pas contre quelqu'un. Par contre, il déconstruit un mouvement général des idées qui, à l'époque du nihilisme et de la détresse de tous, cherche à ne plus analyser, ne plus comprendre et surtout ne plus savoir.
Cet essai critique prend naissance dans le commentaire suivant de Guy Debord : « Le gouvernement du spectacle, qui à présent détient tous les moyens de falsifier l'ensemble de la production aussi bien que de la perception, est maître absolu des souvenirs comme il est maître incontrôlé des projets qui façonnent le plus lointain avenir. Il règne partout seul ; il exécute ses jugements sommaires. » Contre Onfray démontre qu'il y a un homme seul au coeur du Spectacle ; ses jugements sont sommaires et grossiers, mais c'est comme toujours la pensée contemporaine qui est exécutée sur les plateaux de télévision.
Dans cet essai polémique, ce qui est écrit et détaillé est fait pour refuser le personnage qui se nomme lui-même « le philosophe Michel Onfray », pour dénoncer ce mensonge spectaculaire et cette tricherie bien intégrée.
Mais ce n'est pas un livre contre un homme, car il sera d'abord fait pour que vive demain encore la philosophie et pour en finir avec ce passage à l'acte postmoderne qui veut rendre la pensée honteuse d'elle-même, et ce dans la posture maladive d'une critique bête de l'humanisme et de sa valeur juste humaine, très humaine.
L'esprit du temps est à la confusion des esprits et à l'émotion des corps : Michel Onfray en oubliant qu'il fut philosophe est devenu (depuis son livre contre Freud, dans lequel il refusait à la psychanalyse le droit de savoir quoi que ce soit sur son Moi - ce fut sa thérapie) le penseur officiel et écrivain public de cette confusion générale et de cette mascarade adorée qui consiste à faire passer pour des pensées des idées multimédiatiques et d'abord idéologiquement dominantes.
Onfray de fait n'est plus nietzschéen et c'est ce qu'il fallait à Alain Jugnon démontrer, ni « de gauche » comme il le croyait, ni un nietzschéen pour la droite comme il le voudrait, il est devenu le fossoyeur de la pensée critique contemporaine. C'est la démocratie et l'humanisme qui s'éclipsent ainsi avec son dernier livre, pris dans l'aspiration droitière et siphonnés avec l'eau du bain de ses mauvaises pensées d'intellectuel célèbre et à la sagesse publique : Onfray est le penseur nouveau de la future nouvelle droite française ; cette conversion se donne à voir dans Cosmos, son dernier livre, sous forme d'un jeu de rôles et de passages à l'acte de la pensée fort peu logiques mais totalement anarchiques (au sens bien sûr non politique du terme).
Cet essai de généalogie de la non-pensée onfrayenne relit méthodiquement les écrits du philosophe en regardant de près le travail en négatif de cette conversion : les trahisons du lecteur Michel Onfray sont multiples et ce livre en repère la plupart.
Ce sont les contresens de Michel Onfray : au sujet de Foucault, de Lacoue-Labarthe, des poètes en général et de Nietzsche, essentiellement. Ces trahisons sont à chaque occurrence un nihilisme politique à l'oeuvre, une fausse parole mise en actes de langage.
Il y a au travail chez Onfray une fausse écriture philosophique (et écriture du faux en philosophie) qui renie tout en bloc, pour son propre plaisir, pour s'émouvoir de sa propre jouissance : ce qu'il nomme un hédonisme et qui a tout d'un dandysme assez pathétique.
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