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La France se veut un Etat de droit alors qu'elle a initié, avec l'affaire Papon, une erreur judiciaire qui ternira durablement son image ; mais tout homme épris de justice se doit de rechercher la vérité afin de ne pas entacher le souvenir de la Shoah. L'instruction s'est étirée sur quinze ans, annulant les procédures, modifiant les jurisprudences, déplaçant les magistrats chaque fois qu'un non-lieu risquait de mettre fin aux poursuites engagées. Cette instruction fut, en outre, incomplète et partiale, car elle a écarté des documents essentiels et des témoins importants, pour construire un acte d'accusation qui se trouva pratiquement vidé de ses attendus, après six mois de débats. Faute de preuves, le plus long procès de notre histoire judiciaire s'est, alors, construit sur un émotionnel médiatique exigeant la condamnation d'un des derniers fonctionnaires résistants de la France occupée. Les Allemands oubliés, la guerre et le gaullisme récusés tant par l'accusation que par les parties civiles, il devenait possible de condamner Maurice Papon, non pour des délits prouvés mais pour des motifs politiques fallacieux. Arno Klarsfeld a, d'ailleurs, clairement résumé les objectifs recherchés par certains fous de la mémoire : Quand les règles judiciaires ne me paraissent pas fondées, c'est vrai, je les refuse ou j'essaie de les détourner. Je reste militant avant tout (Journal du Dimanche du 1er février 1998). Pour retrouver la vérité enfouie, Hubert de Beaufort place les déportations reprochées à Maurice Papon dans leur véritable contexte, analyse la politique de répression nazie, précise le rôle de la préfecture de la Gironde, fait parler les responsables allemands de la France occupée : Karl Oberg et Friedrich Dohse, grands absents de dix-sept ans de procédure. Le livre rapporte aussi, entre autres, les témoignages décisifs de René Mayer, de Roger Landes, chef du réseau de résistance du Soe britannique à Bordeaux, et du grand rabbin Cohen. A quelles conclusions aboutit cette contre-enquête ? Maurice Papon n'a jamais collaboré ni facilité les déportations, bien au contraire. L'historien Michel Bergès, le meilleur connaisseur de l'affaire depuis les origines, démontre que les sabotages réels, initiés par la préfecture, ont permis de sauver environ 400 personnes des convois vers Auschwitz. Deux grands témoins, Léon Boutbien, président international de l'Union des Déportés et Résistants, et Jean-François Steiner, auteur de Treblinka, préfacent et concluent ce document décisif : le procès était injustifié et la condamnation, inique.
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