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Faire le ménage nu devant de vieilles dames argentées en manque d'émotion...
Patrick, futur " Conchito ", trouve enfin l'idée qui va lui permettre de gagner dignement sa vie et sa place dans la société.
" Tout à mon enthousiasme juvénile, j'avais l'impression de recréer le monde de l'érotisme, tel l'astronome amateur persuadé de découvrir des galaxies inconnues. J'avais, en quelque sorte, la bite dans les étoiles. " Si au début l'affaire est plutôt brillante, pour sa longévité elle exige néanmoins de rechercher une nouvelle clientèle. Et dans ce genre d'activité, il n'est pas rare d'assister à des dérives baroques voire dissolues.
Sorti tout nu du jardin d'Eden, Conchito, lui, ne demande qu'à exercer tranquillement le maniement de l'aspirateur en dodelinant des bijoux de famille, comme un honnête petit artisan.
Mais pour supporter cette pression mondialisée et ce nouveau doute qui s'installe, il s'épanche peu à peu sur sa bouteille en fantasmant sur les gros seins de sa voisine.
Sans compter qu'au moment où il rencontre la femme qui s'intéresse enfin à lui, il s'aperçoit que son sexe rétrécit, aspiré de l'intérieur...
Sur fond de précarité sociale et dans un style jubilatoire teinté d'ironie et de dérision, Pascal Juan réussit à nous dépeindre un personnage désopilant et désabusé, dernier habitant d'un monde suranné. Un Don Quichotte dont la lance a le mauvais goût de se rétracter au moment d'affronter les moulins...
Sur une idée de départ originale, un homme qui décide de se lancer dans le ménage nu, Pascal Juan écrit un livre non dénué de longueurs -si je puis m'exprimer ainsi eu égard aux malheureux déboires de Conchito-, mais doté de belles qualités -bon, c'est pareil, évitons toute allusion.
Les longueurs sont au milieu du bouquin où l'on sent que Patrick/Conchito tourne un peu en rond et que le livre n'avance plus. Mésaventures et malheurs s'amoncellent sans que l'on ait vraiment d'empathie pour lui. Mais la fin redonne un peu de couleurs au personnage et d'intérêt à la lecture.
Les belles qualités dont je parlais se révèlent dans la description de la descente de Patrick : sa dépression vient lentement mais sûrement et il touche le fond assez vite, toujours lucide, du moins le croit-il. C'est un homme qui a toujours tout raté et qui continue à rater admirablement ce qu'il tente et à ne pas tenter ce qu'il est sûr de rater.
Mais ce que je retiens surtout ce sont les qualités de l'écriture de Pascal Juan. Pas de fioriture, pas de tentative de "faire du style". Les phrases sont simples, directes, franches et pleines d'humour, d'ironie, de références à des maximes célèbres, à des slogans publicitaires (peut-être même en ai-je raté quelques unes).
à suivre sur www.lyvres.over-blog.com
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