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« Je ne savais pas qu'on tuerait mon père. Aucun enfant ne peut imaginer une chose pareille. Mais ça arrive. J'ai encore du mal à croire qu'à peine trente-cinq grammes d'acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l'atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne. » À onze ans, Sara Jaramillo Klinkert perd son père, avocat colombien, assassiné par un tueur à gages. Rien ne sera plus jamais comme avant. La petite fille privilégiée, élevée par des parents aimants dans une somptueuse villa entourée de végétation luxuriante, est soudain obligée de quitter l'enfance.
Comment devenir adulte lorsque la violence a terrassé l'innocence ? Comment parler à sa mère, qui doit élever seule ses cinq enfants ?
Loin de la plainte et de la lamentation, l'autrice remonte le fleuve de ses souvenirs d'enfant pour affronter ses traumatismes et ceux de ses frères. Chapitre après chapitre lui revient l'odeur capiteuse du manguier qui trônait dans son jardin, le crépitement des galettes de maïs de sa mère, la cabane aux longues branches construite par son père, transformant le chagrin en force, la reconstruction et la résilience en un cri universel.
Porté par une langue à la fois sobre et sensuelle, Comment j'ai tué mon père se lit en un seul souffle et laisse le lecteur sans voix.
Traduit de l'espagnol (Colombie) par Anne Plantagenet
Un titre percutant et une belle couverture pour ce texte qui va nous emmener à Medellin, en Colombie.
La narratrice-auteure va nous raconter comment sa vie de jeune fille de onze ans va basculer quand son père va être assassiné par un tueur à gages. Et comment sa famille heureuse va basculer dans le deuil et comment chacun va essayer de surmonter ce malheur. Un texte très personnel et très sensible de la part de cette fille aînée.
« J’ai encore du mal à croire qu’à peine trente-cinq grammes d’acier et un gramme de poudre aient pu détruire une famille. Je l’atteste pourtant. Ils ont détruit la mienne ».
Elle décrit très bien les sentiments de chacun, les non dits, les ressentis de chacun des membres de la famille : que ce soit sa mère, qui va tenter de rester digne, debout et qui va aider à aller de l'avant, avec le leitmotiv "çà va aller". La narratrice va raconter avec beaucoup de sensibilité, de délicatesse, d'humour, les dommages collatéraux de cet assassinat au sein de la famille. Elle va parler avec beaucoup de subtilité des ses frères, les triplés qui chacun à sa façon va essayer de surmonter ce drame. Un très beau et touchant portrait de l'un des jumeaux qui va tomber dans la violence, les drogues et que la famille ne réussira pas à sauver.
Elle nous parle de sentiments très personnels, de souvenirs heureux avant le drame, de cette grande maison avec sa flore abondante, l'insouciance de l'enfance, broyée par ce drame.
"Il fallait que nous soyons forts, invincibles, durs, très durs, pour qu'aucune balle ne puisse nous traverser." (p70)
Elle va nous narrer les moyens que chacun va tenter de trouver pour aller de l'avant "Ce sont le soleil, l'eau et la littérature qui nous ont toujours donné de meilleurs conseils."
Et un bel hommage à la littérature et les livres à lire et à écrire qui vont la sauver. "Si j'ai renoncé à l'idée de mourir, c'est seulement parce que les morts ne peuvent pas lire. Plus je lisais, plus je prenais conscience de tous les ouvrages que je n'avais pas encore lu. C'était infini, il me faudrait mille vies pour y arriver. Les livres m'ont sauvée." (p75).
Un texte bouleversant, intime mais qui fait aussi du bien car il parle de résilience, d'acceptation du drame.
Il y a aussi beaucoup d'humour dans ce texte et en particulier, la gestion quotidienne de 4 enfants et de triplés. Sa mère aurait presque besoin d'un permis de transport scolaire pour emmener les enfants à l'école, une liste d'excuses pour les retards à l'école.
Puis elle va nous parler de sa vie d'adolescence, de jeune femme et de ses rapports aux autres, aux hommes.
Un très beau texte, très personnel et nous ne saurons pas pourquoi son père, avocat, a été assassiné mais cela en fait aussi un texte universel sur les dégâts collatéraux d'assassinat.
Une très belle traduction d'Anne Plantagenet, qui nous permet de voir ce jardin, de sentir les odeurs des plats.
Malgré un sujet si intime et difficile, je vous conseille la lecture de cet texte.
#Commentjaituémonpère #NetGalleyFrance
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