Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
L'incroyable histoire de la forteresse d'Hitler.
Imaginez, s'élevant au-dessus des pins, perché sur une falaise : un imprenable et magnifique château gothique... C'est là, entre 1940 et 1945, que furent emprisonnés les ennemis du Führer les plus " incorrigibles ". Preuve de leur valeur : les détenus y étaient, dit-on, moins nombreux que les gardiens... Mais aussi plus malins. Parmi ces hauts gradés britanniques, français, tchèques ou encore indiens, une seule idée en tête : s'évader. Certains y parviendront, dans les circonstances les plus rocambolesques, acrobatiques ou tragicomiques, établissant pour longtemps l'incroyable légende de Colditz, la " forteresse " d'Hitler...
Chaque livre du journaliste et historien britannique Ben Macintyre est une source d’informations écrite avec un souffle romanesque malgré la véracité des faits, il est véritablement le John le Carré du document, le célèbre romancier qualifiant d’ailleurs Ben Macintyre de meilleur auteur du roman d’espionnage !
Colditz, située en Saxe, abrite un château du XI° siècle surplombant une colline et d’aspect, disons, sévère. Cette configuration gothique ne pouvait que plaire au maître du III° Reich pour y enfermer les prisonniers de guerre les plus récalcitrants. Mais attention, par n’importe lesquels, seulement les hauts gradés avec quelques ordonnances pour les servir… ennemis du Führer mais avec le respect de leur statut et de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre (1929) bien loin des camps de travail.
Véritable melting-pot – Anglais, Polonais, Français, Néerlandais, Indiens… puis ensuite Américains, parfois même, lieu de carnet mondain pour la célébrité de quelques-uns comme le neveu de Winston Churchill, Giles Romily, ou le fils de Léon Blum, Robert Blum – où les prisonniers gardaient la fibre de l’évasion. Certains réussirent, d’autres pas mais chaque évasion était planifiée minutieusement avec une prouesse qui dépasse l’entendement. Puisque la forteresse était maintenue dans une surveillance extrême et même renforcée lors de chaque tentative ou succès d’évasion. Ces officiers n’étaient pas que des fins stratèges et de vaillants combattants, leurs mains avaient du génie, leur cerveau imaginatif au plus haut degré.
Ben Macintyre ne se contente pas de narrer les détails des évasions, il fait entrer le lecteur au cœur de la forteresse devenue prison mais lieu de vie, ou plutôt de survie, de ces hommes. Sont créées des distractions – théâtre, musique, sport – et quelques promenades hautement encadrées parfois à l’extérieur. Mais ce que veut faire ressortir l’auteur c’est que l’enfermement n’entraînait pas de portes closes aux mentalités respectives : le statut social se devait d’être respecté – genre on ne mélange pas les torchons avec les serviettes, les officiers d’un côté, les ordonnances de l’autre avec un régime bien différent (comme en témoigne l’odieux Douglas Bader avec son ordonnance Alex Ross, même la guerre terminée) et où l’antisémitisme et le racisme rampaient dans les rangs. Les prisonniers juifs français bien qu’étant officiers furent envoyés dans un grenier ghetto à la demande des… Français non Juifs !
« De nombreux britanniques furent choqués et consternés de découvrir que certains Français partageaient l’antisémitisme des Allemands. Les Français étaient déjà divisés, comme la France elle-même, entre ceux qui étaient impatients de rejoindre de Gaulle pour combattre les nazis, et ceux qui soutenaient le régime de Vichy (…) Airey Neave était particulièrement indigné par le bannissement des Juifs français. Pour montrer leur solidarité, les Britanniques invitèrent ostensiblement les bannis à dîner dans leur mess ».
Cependant les Anglais de Colditz n’ont eu guère de scrupules à rejeter l’un des rares officiers indiens : Birendranath Mazumdar qui n’était pas au bout de ses peines avec les tentatives d'Hitler de le récupérer politiquement par rapport à la domination britannique en Inde, d'autant plus que Mazumdar était nationaliste. Mais il renfermait au plus profond de lui-même une dignité inébranlable, une leçon apprise de son père « devoir, loyauté, moralité, sincérité ». Ce qu’il adopta et refusa tout basculement avec les nazis. Ses concitoyens le soupçonnaient pourtant d’avoir trahi Sa Majesté et le loyal Mazumdar se retrouva banni de tous, complètement isolé à Colditz « L’indien de haute caste était devenu un intouchable » Évadé en 1943, il traversa la France avec un compatriote, furent aidé du Loiret au Jura en passant par le Cher et maintes fois accueillis remarquablement dans des fermes sur leur passage. Mais une fois en Suisse, ses mésaventures étaient loin d’être terminées, même après la guerre.
Du côté des Allemands, c’était plutôt la division, comme l’a souligné le « Leutnant » Reinhold Eggers : « Nous ne formions pas une équipe harmonieuse ». Eggers, le « Kommandant » Schmidt n’étaient pas partisans du nazisme, refusaient le salut nazi, alors que d’autres comme le « Hauptmann » Paul Priem baignait dans un fascisme notoire et auraient voulu imposer une discipline bien plus mortelle. Le cours des choses bifurqua après le débarquement en Normandie et après 1944 jusqu’à la libération de la forteresse le 16 avril 1945 par les Américains. Ces prisonniers qui avaient imaginé mille et un scénarios pour filer à l’anglaise, devaient désormais se battre encore contre leurs geôliers pour rester enfermés : la déroute allait bon train mais les nazis allaient lutter jusqu’au bout en prenant Colditz (...)
Suite de la chronique sur le Domaine de Squirelito https://squirelito.blogspot.com/2025/01/noisette-historique-colditz-la.html
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