Ce road-movie intimiste est l'une des BD à ne pas manquer en cette rentrée
Il faut imaginer le silence des campagnes françaises,
brisé par le fracas qui monte du cortège de centaines
d'hommes reliés par des colliers de fer. Cette musique
effroyable, marque du châtiment et de la honte des
forçats qui cheminent depuis la prison de Bicêtre
jusqu'aux bagnes portuaires, a frappé nombre d'écrivains,
de Victor Hugo à Frédéric Mistral.
La chaîne ! Organisée par l'État qui en confie
l'administration à une entreprise privée, elle
déroule son long transfert de convicts : souvent
un mois passé sur les routes, avec une mauvaise
chemise pour seul bagage. Pour l'État, elle est,
jusqu'à la monarchie de Juillet, l'outil d'une
véritable «pédagogie de l'effroi» : le chemin
de croix des forçats donne lieu à des manifestations de
joie populaire qui célèbrent la victoire de la Justice
sur le Crime.
Puis, dans la France post-révolutionnaire, la dureté de
la chaîne suscite peu à peu une montée d'émotion et
d'indignation : ne faut-il pas secourir ces hommes qui
souffrent ? Les nourrir convenablement ? Les soigner
lorsqu'ils tombent malades oe
Jusqu'en 1836, date à partir de laquelle les convois de
prisonniers se font dans des voitures fermées, à l'abri des
regards, la chaîne manifeste toutes les couleurs du spectre
des rapports qu'entretiennent le Pouvoir et la violence.
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